43 - Memoir

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[Song reference: Memoir #2 [06.12.09] by Maria Pseftoga, May Roosevelt]

Maxine était assise sur le canapé depuis une bonne quinzaine de minutes, les jambes maintenant nues – Eleven lui ayant passé un de ses shorts à la couleur un peu trop vive pour elle, mais qu'importe, c'était toujours mieux qu'un jeans à moitié troué et recouvert de sang –, un gros bandage lui entourant la cuisse droite, un gros bandage qu'elle fixait avec une attention toute particulière, ayant l'impression de sentir encore (un peu) le contact des doigts de Billy avec sa peau, voyant (presque) encore ses mains affairées à panser sa blessure avec tout le soin du monde. Un long frisson la ramena sur terre, plus précisément dans ce salon mal rangé, quelque peu poussiéreux, dans ce salon qu'elle commençait à superbement bien connaître à force d'être venue rendre visite à sa meilleure amie ; cette pièce à vivre dans laquelle elle saluait toujours joyeusement Hopper lorsque celui-ci était affalé dans ce même canapé où elle était maintenant installée, Hopper et sa clope au bec, Hopper et sa canette de bière à la main et son visage chaleureusement grincheux.

Elle releva légèrement le visage et concentra son attention sur cette porte située à quelques mètres, déjà fermée au moment où elle était revenue de la salle de bain, Billy sur les talons, le bout de ses doigts frôlant malicieusement son dos, la faisant autant rougir que frémir. Cette porte fermée qui la séparait cruellement d'Eleven. Eleven qui, les autres avaient dit vrai, avait été habitée d'une colère absolument terrifiante ; si elle l'avait serrée dans ses bras avec une intensité proche du désespoir lorsque la rouquine était arrivée sur le parking extérieur de l'hôpital – là où ils avaient tous été plus immobiles les uns des autres, la mine complètement défaite –, elle ne lui avait plus adressé un seul mot depuis qu'ils étaient arrivés chez le sheriff, pas même à Mike, s'enfermant aussitôt dans sa chambre en leur donnant pour seule explication qu'elle allait tenter de découvrir où se trouvait le Flagelleur mental.

Éventuellement, la porte s'ouvrit brusquement, faisant sursauter les quatre compères qui avaient reçu pour ordre de laisser les aînés – pour la plupart de véritables journalistes en herbe – s'occuper de creuser, au travers de multiples (et inutiles) appels téléphoniques, les quelques pistes potentielles qu'ils avaient en tête. La porte s'ouvrit, donc, et se tint face à eux une Eleven à la narine criblée de sang, l'air sombre. Elle posa son regard sur la rouquine.

- J'ai besoin de ton aide. Pour Patrick, lui lança-t-elle.

L'interpelée sentit son cœur manquer un battement. Bon dieu, la simple entente de son nom suffisait à la (re)plonger (encore et encore) dans une angoisse (de plus en plus) profonde. Elle déglutit.

- Oh... ok, déglutit-elle en se levant du canapé.

- HÉ ! jaillit la voix de Billy depuis la cuisine. Tu vas où ? T'es censée te reposer, j'te rappelle.

- J'ai besoin d'elle, répéta Eleven en haussant la voix.

Le blond était maintenant dans le salon, le corps vaguement appuyé contre un des murs de bois, le visage mécontent. Il croisa les bras.

- Pour ? demanda-t-il.

- Rien qui te concerne, ne put s'empêcher de lâcher Max dont la patience était actuellement inexistante.

- Baisse d'un ton, jeune fille, lâcha-t-il, cinglant.

Alors qu'il prononça ces quelques syllabes et qu'il la toisait avec une certaine sévérité, Maxine se sentit littéralement en train de fondre dans l'océan que constituait ses yeux ; c'était presque si elle avait fait un pas dans sa direction, étant comme happée par sa simple présence devant elle, son corps ne cherchant qu'une chose : être le plus proche possible de cet homme qui se tenait-là, ce garçon absolument magnifique qui lui servait de demi-frère, propriétaire de ces doigts qui, il y a de ça une petite heure, étaient en train de caresser la peau de sa cuisse en même temps qu'ils soignaient sa plaie. Ses doigts qui l'avaient liquéfiée, qui avait fait évaporer toute son anxiété, alors qu'elle était assise sur le carrelage, ses yeux fixés, scotchés, agrafés au blond penché sur elle. Sans doute qu'il ne l'avait pas vue se mordre les lèvres avec gourmandise et frustration ; ou peut-être bien que si et que c'était elle qui ne l'avait pas vu sourire de contentement. Peut-être même était-ce précisément pour cela qu'il avait légèrement resserrer ses doigts autour de sa cuisse, pressant sa jambe avec tendresse dans sa paume brûlante. Elle détourna rapidement le visage, se concentrant sur la fenêtre la plus proche. S'il avait perçu un quelconque changement dans son attitude, Billy n'en laissa rien paraître – hormis un rapide mouvement de main dans ses cheveux, comme pour les remettre en place – et reporta son attention sur Eleven.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 22, 2022 ⏰

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