16 - Lose Control

794 49 12
                                    

[Song reference: Lose Control by MEDUZA]

Lorsque Maxine se réveilla le lendemain matin (il avait fallu que le jour du printemps, et donc de ce foutu bal, tombe un jeudi), la première pensée qui lui vint à l'esprit fut celle de trouver un moyen pour ne pas aller en cours. Peut-être pourrait-elle simuler un terrible mal de crâne au moment de descendre déjeuner ? elle connaissait sa mère, celle-ci craquait beaucoup trop rapidement lorsqu'il était question de la santé de sa pauvre petite fille. Mais bien vite, sa fierté repris le dessus et elle se décida à tout de même y aller, histoire de montrer à Lukas qu'elle n'allait pas arrêter de vivre pour autant. Une fierté si mal placée. Et puis finalement, il valait mieux pour tout le monde que la glace soit brisée le plus vite possible, étant donné que la vie avait fait que ses meilleurs amis étaient également ceux de Lukas. Merci la vie.

Elle terminait son café quand Billy arriva dans la salle à manger, la saluant d'un bref mouvement de tête. Cul sec ; elle posa la tasse dans l'évier et se faufila rapidement dans sa chambre. La rouquine soupira, elle recommençait à l'esquiver – sa seule présence suffisant à la déstabiliser pendant au moins une heure. Dieu, quoi de pire que d'habiter (en plus contre son gré) avec la personne qui nous fait tourner la tête ?

Lorsqu'ils étaient rentrés la veille au soir, pas un seul mot n'avait été échangé à propos de ce qui s'était passé lors du bal, que ce soit la dispute en tant que telle ou de ce qu'avait dit Lukas. En quittant la maison ce matin-là, elle arriva à la conclusion qu'elle était décidément maudite.

La situation était bien pire que ce qu'elle s'était imaginé, si bien qu'en arrivant devant les bâtiments, Lukas ne lui adressa pas même un regard ; c'était comme si elle était devenue invisible, pire encore, comme si elle était un meuble – un meuble de brocante laissé dans l'arrière fond de la boutique, tout bonnement sans intérêt. Ce n'était pas qu'il l'ignorait, mais plutôt qu'elle était devenue si insignifiante qu'il ne pensait même pas à la regarder.

Plus les heures passaient et plus elle avait envie de se jeter sur lui, de lui hurler dessus – lui hurler qu'elle existait toujours, qu'il ne pouvait pas l'effacer comme ça –, de lui envoyer son poing dans la gueule. Et c'était sans compter ce malaise qu'il y avait à présent dans leur groupe : les garçons semblaient ne pas savoir où se positionner et réfléchissaient à deux fois avant de lui dire quoi que ce soit, comme s'ils craignaient que Lukas ne le perçoive comme haute trahison. L'ami d'enfance avait triomphé l'amie sincère. Le pire était sans doute que personne n'avait envie de ce genre de tension puérile, ce qui accentuait encore davantage l'agacement général ; un soupir par-ci, un râlement par-là. Ahh, si seulement Eleven était au collège.

Jamais une journée ne lui avait semblé aussi longue, c'en devenait presque douloureux. S'échapper et ne plus revenir, c'était tout ce qu'elle demandait. Qu'on efface la soirée du bal du printemps et que toutes ces histoires ne soient que de banals mauvais rêves. Rien de plus. La sonnerie grinça et ce fut comme si l'étau qui lui broyait le crâne depuis qu'elle était arrivée venait de lui être retiré.

- Tu viens ce soir aussi, Max ? demanda Mike en sortant du bâtiment.

Lukas étant déjà parti – sa mère qui avait dû faire des courses en ville était venue le chercher –, l'atmosphère avait retrouvé sa légèreté habituelle. Enfin, elle pouvait respirer.

- À la fête d'Harrington tu dis ?

- Ouais, ça va être méga cool, intervint Dustin. Faut que tu viennes !

- Mais y aura Lukas non ? hésita-t-elle.

- Putain mais on s'en fout ! râla Mike. Y aura plein d'autres gens, pas besoin de rester avec lui...

CONTAMINATEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant