19 - Danger Zone

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[Song reference: Danger Zone by Kenny Loggins]

Le soleil tapait fort, bien putain de fort. Il ôta sa veste en jeans et la balança à travers la fenêtre ouverte du siège conducteur. Bordel, mais qu'est-ce qu'elle foutait encore ? Sentant la patience lui manquer gentiment, il s'empara de son paquet de clopes à moitié déchiré, en fourra une dans sa bouche et, sitôt allumée, savoura la fumée qui descendait le long de sa gorge.

Deux mains se glissèrent soudainement autour de sa nuque, le faisant légèrement sursauter malgré lui. Il se retourna brusquement, prêt à engueuler l'importune qui, en plus d'être en retard, se permettait de l'emmerder de la sorte. Seulement, à la place des taches de rousseur qu'il s'attendait à trouver devant lui, il n'y avait qu'un sourire de diamant.

- Tu veux quoi ? l'interpela-t-il, les sourcils froncés.

Veronica tourna autour du véhicule et vint se poster devant lui, les deux mains bêtement accrochées à son ridicule sac à main au cuir beaucoup trop éclatant de fric. Sage petite fille.

- Tu viens chez moi ce soir ?

- À ta soirée, tu veux dire ?

- Oui.

Il s'apprêtait à lui répondre lorsque le vague bruit de roulettes attira son attention. Il leva les yeux et la vit enfin : cette petite merdeuse de demi-sœur à la gueule et au corps un peu trop succulents. Cette garce. Impulsivement, il se mordit la lèvre inférieure.

- À ton avis ? la nargua-t-il sans pour autant lâcher Maxine des yeux.

- Tu voudrais pas passer un peu plus tôt par hasard ? susurra Veronica en s'approchant de lui.

Maintenant, Maxine le regardait aussi.

- Hein ?

- Histoire qu'on soit un moment toi et moi... reprendre les bonnes habitudes, continua-t-elle en posant cette fois-ci ses mains sur le torse du blond.

La rouquine sauta de son skate et il crut un instant qu'il allait répondre positivement à l'offre (qui était des plus alléchantes, il n'allait pas le nier) de la princesse d'Hawkins et qu'il allait le gueuler suffisamment fort pour que Maxine l'entende, histoire de la voir rougir de jalousie. Mais, pour la centième fois depuis deux mois, il se ravisa au dernier moment.

- Non, j'peux pas, jeta-t-il alors, glacial, en écrasant sa cigarette du pied.

- Pourquoi ? geignit-elle.

Il s'écarta d'elle, sans prendre la peine de la regarder, toujours obnubilé par les moindre faits et gestes de sa demi-sœur qui s'apprêtait à ouvrir la porte du véhicule.

- Pas l'temps, lança-t-il en s'asseyant à son tour dans la Camaro.

Sa mine de chien battu le navra un minimum si bien qu'il se pencha vers elle et posa délicatement ses lèvres au coin de sa bouche. Ahh, ce qu'il aimait faire ça, ce petit geste qui avait le don de toutes les rendre folle. Le moteur allumé, il enclencha encore le système audio, faisant résonner les basses et les guitares enragées qu'il aimait par-dessus tout (pour le plus grand désespoir de la passagère, il le savait bien). Il enfonça la pédale de l'accélérateur et les voilà partis ; il jeta un petit coup d'œil en direction de Maxine qui regardait machinalement par la fenêtre. Mais il y avait cette expression toute particulière et ses doigts qui tapaient contre la poignée de la portière, ses ongles qui s'enfonçaient dans sa paume. Billy ricana intérieurement : il l'avait quand même eue sa petite victoire. Quel plaisir que de constater qu'il n'était pas le seul abruti à être incapable de lâcher cette affaire.

CONTAMINATEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant