33 - Headaches

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[Song reference: Vcrheadaches - Purge by King Quartz, VCRheadaches]

Maxine se réveilla une première fois, alors qu'un doux mais puissant rayon de soleil s'écrasait en plein milieu de son visage ; péniblement – elle avait l'impression que quelqu'un avait ses deux paumes appuyées sur son crâne et tentait d'enfoncer sa gueule à l'intérieur même du coussin – elle se releva légèrement, avec comme volonté celle d'aller fermer les rideaux. Ces rideaux gris anthracite qu'elle ne connaissait pas. Dans cette chambre qui n'était ni la sienne ni celle d'Eleven. Ni celle de Billy, d'ailleurs – à cette pensée elle se donna une claque mentale ; pourquoi diable serait-elle dans la chambre de son demi-frère ? Il n'y avait plus aucune raison.

Doucement, elle tourna la tête et aperçut Patrick, complètement endormi, allongé sur le ventre, ses deux bras croisés sous la tête, lui servant d'oreiller, ses cheveux lui tombant quelque peu sur les yeux. Elle observait son dos (nu et magnifique, parsemé ci et là de tatouages complètement hétéroclites) qui se relevait à chaque inspiration, s'abaissant à chaque expiration, dans un mouvement à la fois lent et apaisant. Pendant quelques secondes, elle fut presque tentée de caresser ses cheveux. Ou son dos. Elle voulait sentir sa peau.

Mais une douleur stridente au crâne, suivie d'une nausée des plus puissantes la cloua littéralement au matelas, l'obligeant à ne plus faire un geste, simplement rester là, allongée elle aussi, dans ce lit qui lui tenait beaucoup trop chaud, qui la faisait suer avec ses tissus, bientôt humides, humides de sa sueur, de son corps suant l'alcool, tout l'alcool qu'elle avait ingéré il y a de ça à peine quelques heures. Et il y avait ce t-shirt noir aussi qui l'étouffait, lui collait à la peau, ce t-shirt noir qui n'était évidemment pas le sien, celui de Patrick, ce t-shirt qu'elle n'avait aucun souvenir d'avoir enfilé, elle ne se souvenait presque de plus rien, sa mémoire la quittant dès minuit sans doute, voire une heure du matin, la quittant et la laissant maintenant avec ses pensées les plus créatives et les plus tétanisantes ; quel enfer que de ne plus parvenir à se souvenir, de n'avoir aucune idée de ce que l'on a fait ou dit, avec qui on a parlé, dansé, ri. Quelle tristesse : au-delà de la peur de découvrir un geste ou une parole qui aurait pu lui faire défaut, Maxine fut prise d'une immense déception quant au fait que ces souvenirs – de cette fête de fin d'année – ne lui appartiendront jamais, pire, n'existeront jamais. Il n'y aura que le néant, pour toujours.

Elle se rendormit, au bord du malaise.  

Lorsqu'elle se réveilla pour la deuxième fois, ce fut à cause de l'aboiement soudain d'un chien, suivi d'un « shhhhh, ça suffit, Yukon » qui se voulait discret mais autoritaire. Quelques couinements plus tard, la porte s'ouvrit dans un léger grincement ; du coin de l'œil, elle vit Patrick se faufiler à l'intérieur de la pièce, deux tasses dans les mains – d'où le titillement des cuillères sur les porcelaines qui, il fallait lui dire, lui perçait littéralement les tympans. Une fois les tasses posées sur la table de chevet, il s'empressa d'aller refermer la porte de la chambre, probablement afin d'éviter que sa douce endormie – il n'avait pas encore vu son regard posé sur lui et son sourire amusé – ne se fasse écraser par un samoyède en manque de câlins.

-       Bonjour, salua-t-elle d'une voix rauque.

Ne s'attendant à tout sauf la trouver réveillée, Patrick sursauta, provoquant le rire de la jeune fille. Portant les mains à son cœur, il lui lança un regard empli d'affection, mais qui disait ne fais plus jamais ça espèce de folle.

-       Bonjour, vous, répondit-il tendrement en allant s'asseoir au bord du lit, juste à côté d'elle. Comment tu te sens ?

Encore une fois, elle voulut se relever mais se sentait beaucoup trop mal pour le faire. S'appuyant quelques secondes sur ses mains, son visage fut traversé d'une grimace et elle se laissa retomber sur le matelas.

CONTAMINATEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant