10 - You Better Run

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[Song reference: You Better Run by Unions]

-       Démarre la voiture... lança Billy en écrasant son mégot du pied.

Jonathan – à vrai dire tout le monde – était paralysé. Elle ne comprit que bien plus tard qu'il avait en fait reconnu la voix de sa mère.

-       DÉMARRE CETTE PUTAIN DE CAISSE BYERS !

La voix pressante et irritée de Billy sembla le ramener à la réalité. Il bondit à l'intérieur du véhicule, Nancy sur le siège passager et décampa si brusquement que les pneus déposèrent une légère trace noire sur le sol. Quant aux autres, il ne leur restait plus qu'à attendre. Elle avait l'impression que son cœur allait la lâcher d'un instant à l'autre tant il battait vite. Elle tremblait comme une petite fille ; elle n'arrivait pas à dire si c'était à cause du froid ou de la peur, elle était aussi frigorifiée que terrorisée. De même, lorsque Billy se posta derrière elle et l'attira contre lui, elle n'arriva pas à dire si c'était la chaleur de son corps ou le réconfort de sa présence qui l'apaisait. Soudainement, ils entendirent le moteur d'une voiture. Deux voitures. Des phares jaillirent au bout de l'allée et ils reconnurent la voiture de Jonathan. Des klaxons.

-       Attention ! cria Dustin.

-       Poussez-vous ! hurla Steve.

Elle s'écarta de Billy et celui-ci s'empara de sa main, la tirant vivement hors de la route. Le véhicule passa sous leur nez à une vitesse affolante et elle crut voir du sang étalé le long du capot. La deuxième voiture s'arrêta brusquement et elle reconnut Hopper.

-       Montez !

Sa voix respirait l'urgence. Steve fut le premier à se ruer vers la porte avant, l'ouvrit et se posta à côté de manière à laisser les autres se glisser à l'arrière – maudites voitures deux portes.

-       Vite, bougez-vous !

Maxine d'abord, puis Lukas, Dustin, et finalement Billy. Steve sauta à son tour dans la voiture et eut à peine le temps de dire « allez, on décolle » et de fermer la porte qu'Hopper avait déjà enfoncé l'accélérateur. Il n'y avait, évidemment, que trois places sur la banquette arrière et Maxine, qui était alors écrasée contre la portière fut subitement déportée – contre son gré – sur les genoux de Billy. Peut-être n'était-ce qu'un prétexte, mais la conduite agressive de Hopper sembla pousser son demi-frère à, une fois encore, l'entourer de ses bras telle une pseudo ceinture de sécurité. Elle avait pourtant fait son maximum pour ne pas être secouée dans tous les sens, s'agrippant à la poignée encastrée au-dessus de la vitre comme s'il s'agissait de sa propre vie.

Le trajet sembla durer une éternité ; elle pouvait très clairement sentir le regard écœuré de Lukas sur elle, tout comme l'expression dubitative de Dustin. C'était sans compter les coups d'œil que Steve jetait à travers le rétroviseur. Cette situation aurait pu être tout à fait normale – un frère protégeant sa petite sœur – mais il fallait que l'univers fasse tout pour la rendre ambiguë, pour lui rappeler qu'il y avait quelque chose de plus. Quelque chose d'étrange sur laquelle elle n'arrivait pas encore à mettre le doigt. Et qu'est-ce que ça la rendait malade.

Hopper leur expliqua brièvement la situation : le virus de Will, le piège organisé par le biais de Will lui-même – apparemment, il était devenu une sorte d'espion – et l'attaque soudaine des démogorgons. Et la mort de Bob. À cette nouvelle, Maxine ne put réprimer un sanglot. Dès le premier jour où elle l'avait rencontré (un dimanche après-midi pluvieux, il montrait aux garçons un de ses nombreux films chéris et elle s'était jointe à eux), elle avait toujours eu une affection débordante pour lui : incarnant la gentillesse et la joie de vivre, il était le beau-père, le père, qu'elle avait toujours rêvé d'avoir. C'était aussi qu'elle avait vu, comme tous les autres, ce changement chez Will, ce moment de basculement où il avait retrouvé le sourire, le vrai. Joyce semblait avoir également repris vie : elle n'abordait plus ce visage déformé par l'anxiété, mais cette expression radieuse digne d'une adolescente qui connaissait l'amour pour la première fois.

CONTAMINATEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant