[Song reference: Warm Feeling by kevatta]
Lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin aux alentours de dix heures vingt, il n'était pas là, l'abandonnant ainsi au milieu du champ de bataille qu'était devenu leur chez-soi. C'était presque si on ne voyait plus le plancher : partout, des bouteilles vides, des morceaux de verre, des gobelets à moitié écrasés, mouchoirs et autres mégots. Elle serait retournée se vautrer sous ses douces couvertures si l'appel du café n'avait pas été aussi fort.
Alors qu'elle se dirigeait – tant bien que mal – vers la cuisine, elle pouvait déjà sentir cette odeur réconfortante. Elle était devenue une fanatique de café lorsqu'elle avait découvert ses effets : quel sentiment merveilleux que de se sentir renaître de ses cendres après deux gorgées déjà. Elle s'était dit un jour qu'elle lui devait sa réussite scolaire, car oui, c'était bien à une heure du matin qu'elle était le plus inspirée pour écrire, comme par exemple cette dissertation littéraire qui lui aura valu les applaudissements du professeur (pour une fois).
Maxine avait toujours eu un certain enclin pour la vie nocturne. Il s'agissait très certainement des rares moments où sa chambre baignait dans le calme et qu'y avait-il de plus beau qu'une ville endormie ? On pouvait refaire le monde à une heure et demie du matin, pas à quinze heures. Sans doute que Billy partageait le même avis ; elle pouvait compter sur les doigts d'une main le peu de fois où il restait à la maison. Il n'était jamais là le soir, il s'échappait dans sa Camaro dieu sait où. C'était systématique. En général, il était question de rendez-vous et elle croisait un Billy à la chemise presque entièrement ouverte, au parfum encore plus fort que d'habitude – on aurait dit qu'il s'en mettait absolument partout –, clope au bec et visage séducteur. Dans ces moments-là, elle ne le reconnaissait pas vraiment, il semblait presque charmant. Presque normal.
Le liquide chaud et amer glissait dans sa gorge comme la promesse d'une vie meilleure. Elle sentait l'énergie lui revenir, se propageant dans chacun de ses membres. Une fois sa tasse terminée, elle alla se doucher, désireuse de se débarrasser de cette odeur de clope froide qui semblait déterminée à ne pas quitter ses cheveux depuis le moment où elle avait commis l'erreur d'entrer dans ce bordel de la veille. L'eau brûlante (c'était comme ça qu'elle l'aimait, elle ne comprenait pas ces gens qui se satisfaisaient d'une eau tiède, non, il fallait que ça brûle la peau pour être bon) l'enveloppa tendrement et elle ferma les yeux pour mieux profiter. Une odeur de shampooing flottant dans toute la pièce, elle décida de s'asseoir sur le carrelage et de laisser les gouttes s'écraser une à une sur son corps en stand-by. C'était les genoux repliés sur soi-même qu'on savourait le plus – comme si on était sous la pluie torrentielle d'un film dramatique.
« T'es à moi. Tu piges ça ? »
Ses paroles surgirent dans sa tête comme la sonnerie d'un réveil un lundi matin. Elle ouvrit les yeux alors que son corps semblait exploser de l'intérieur. Elle repassait la scène en boucle dans sa tête sans comprendre ce qu'il avait voulu dire par là. La seule chose qu'il lui avait montré depuis leur rencontre n'avait été que de la haine ou du moins, une hostilité certaine. Il ne l'avait jamais acceptée, ne lui avait jamais fait de place dans sa vie et maintenant il lui disait ça. Ça n'avait aucun sens et elle ne savait plus quoi penser ; à la fois elle avait envie de lui hurler dessus, de lui dire que s'il y avait bien une personne qui n'avait aucun droit sur elle c'était bien lui, et à la fois elle ressentait cette douce flamme au fond d'elle. Et puis, la vie avait fait qu'il soit son demi-frère.
Alors maintenant quoi ? elle allait sortir de la salle de bain et continuer à vivre avec lui et ses crises de nerfs jusqu'à ce que l'un d'eux parte loin d'ici. Elle allait continuer à le côtoyer quotidiennement et à affronter ses sautes d'humeur et ses regards un peu trop soutenus. Continuer à vivre comme de vrais frères et sœurs. Sa tête bascula en arrière et elle soupira. Depuis quand était-ce devenu aussi compliqué ? à quel moment avaient-ils atteint cette pente glissante ? elle avait beau y mettre tous les efforts du monde, elle ne pouvait trouver ce moment de basculement. Car il devait y en avoir un, c'était obligé.
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CONTAMINATED
FanfictionFanfiction française sur Billy et Maxine. Hawkins, 1984. Maxine, dix-neuf ans, découvre une ambiguïté inattendue avec son demi-frère Billy. Pendant ce temps, Dustin ramène une bête bizarre, Will fait des aller-retours entre le monde réel et le mo...