[Song reference: THANK YOU (loop) by Tyler the Creator]
Enivrée par la terreur et l'adrénaline, Maxine posa la main sur la poignée, ouvrit la porte et pénétra à l'intérieur de ce foyer qui n'en était pas un, pas même une pâle imitation. Elle traversa le couloir, sa respiration en suspens, sursautant à chaque nouveau coup.
- REGARDE-MOI QUAND JE TE PARLE, résonna la voix de Neil.
Au salon, ils étaient au salon.
- NEIL, JE T'EN PRIE, ARRÊTE, hurla Susan.
Si elle connaissait par cœur les bruits que provoquaient les coups et les cris de Neil sur Billy, entendre sa mère supplier son beau-père de cette façon était tout sauf habituel. Les tripes pressées en huit – elle allait vomir, pour de vrai, ou tomber dans les pommes, elle ne sentait plus ses jambes –, Maxine se précipita dans le salon.
Ses yeux tombèrent d'abord sur Neil, le dos tourné, visiblement assis sur les genoux, penché légèrement en avant et les bras exécutant à l'infini des mouvements frénétiques, du haut vers le bas, prenant leur élan puis s'écrasant – de toute évidence – sur quelque chose. Ce quelque chose qu'elle découvrit avec horreur quelques instants plus tard, alors qu'elle s'avança vers son beau-père : le visage de Billy, maintenant recouvert de sang, inconscient, ramassant sans broncher les coups les uns après les autres. Maxine parcourut la salle du regard, trouva sa mère repliée dans un coin, les mains sur son visage, l'air tétanisée. Faible, elle était faible jusqu'au bout, ne put s'empêcher de penser avec amertume la rouquine.
Son premier réflexe fut de se ruer sur Neil, comme elle l'avait déjà fait auparavant, mais ce fut encore une fois en vain, celui-ci l'envoyant valser en un mouvement de bras. Elle l'interpella, l'insulta de tous les noms, mais pas n'obtint pas une seule réponse, pas même un regard. Elle l'avait contourné maintenant et elle toisa un instant son visage, lequel lui parut aussi inconscient que celui de son fils, à la seule exception que lui n'avait pas été assommé ; seule la fureur, non, la folie lui provoquait un tel aveuglement. Une rage éclatante, à l'état pur, ne pouvant provenir que de la pire personne qui soit. Que du cœur le plus sombre.
Comment elle eut cette idée, elle ne pouvait pas le dire.
Alors qu'elle regardait, avec autant d'impuissance que sa mère, Neil en train de tuer son fils à feu doux, Maxine se rappela soudainement que sa mère était vétérinaire – au fond, il venait peut-être de là son amour pour les animaux, de ces heures passées au cabinet à rassurer les bêtes les plus paniquées, à leur donner toute l'affection du monde. Un détail des plus importants puisque cela signifiait également qu'elle gardait toujours dans sa chambre une mallette avec tout le matériel médical nécessaire en cas d'urgence. Sans réfléchir, elle courut dans la chambre parentale, se jeta au pied de l'armoire du fond de la pièce et s'empara de la caisse anthracite qu'elle ouvrit aussitôt. Elle ne prit même pas trente secondes pour la repérer, cette seringue alimentée d'une telle quantité de morphine qu'elle était capable d'endormir tout animal, même un être humain, en moins de trente secondes.
De retour dans le salon, Max brandit la seringue et la planta furieusement dans le cou de Neil – arrachant un cri de Susan – administrant le liquide d'un même geste. Sous l'impact, son beau-père se releva, à moitié haletant, dégoulinant de sueur, le visage encore crispé par la colère. Il la dévisagea avec malveillance, puis, remarquant la seringue encore plantée dans son cou, l'arracha de ses doigts sanglants et s'avança vers Maxine.
- C'est quoi ça ? maugréa-t-il. Qu'est-ce que t'as foutu, petite merdeuse ?
Apeurée, la rouquine recula. Putain, mais allait-elle faire effet cette morphine ?
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CONTAMINATED
FanfictionFanfiction française sur Billy et Maxine. Hawkins, 1984. Maxine, dix-neuf ans, découvre une ambiguïté inattendue avec son demi-frère Billy. Pendant ce temps, Dustin ramène une bête bizarre, Will fait des aller-retours entre le monde réel et le mo...