40 - Heavy Weight

400 31 129
                                    

[Song reference: Poids-lourd by Maxence]

« Max, attends ! »

Essuyant rageusement ses larmes du revers de la main, Maxine continua son chemin en direction d'elle ne savait quoi, priant mentalement pour ne tomber sur aucun membre de la famille de Mike, madame Wheeler en particulier. Elle sortit de la maison, fit quelques pas dans le jardin ; elle hésitait, partir ou ne pas partir, les laisser continuer sans elle ou non, partir à la recherche de Patrick seule ou non, s'enfermer et ne plus penser à rien (plus jamais) ou non. L'arrivée d'Eleven lui servit de réponse.

-       Max ! l'appela-t-elle.

La rouquine se retourna vivement, frotta une dernière fois ses yeux – tant pis pour leurs rougeurs et leurs gonflements évidents, c'était toujours mieux que ces maudites larmes acides – et planta son regard dans celui de sa meilleure amie. Elle ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit.

-       Ouais, je sais, j'aurais dû te le dire... j'aurais dû le faire directement... je sais c'que tu dois te dire : que les amis ne mentent pas, que je suis une sacrée pétasse et tu as totalement rai–

-       MAX ! la coupa-t-elle, sèchement. On s'en fout de ça ! Oui, ok, j'ai été surprise, juste deux secondes, mais vraiment, qu'est-ce qu'on s'en fout ! Ce que je veux savoir, surtout, c'est : comment toi tu vas ? après avoir entendu tout ça ? termina-t-elle d'une voix douce, presque maternelle.

-       Oh, eh bien, je... tenta-t-elle, avant de se taire, sentant sa voix chavirer.

Et voilà qu'elle craquait encore une fois. Ne voulant pas pleurer devant El pour la putain d'énième fois, elle porta sa main à sa bouche, masquant ses lèvres tremblotantes, et promena son regard sur quelques objets capables de divertir ses pensées. La méthode, penser à la méthode. Celle que Susan lui avait transmise – quand elle avait été frappée par une crise d'angoisse pour la première fois, un soir au restaurant, en Californie encore, elle s'était sentie soudainement très mal, son cerveau et son expérience de gamine de dix ans ne comprenant absolument rien à ce qui lui arrivait et puis sa mère avait pris son visage entre ses mains, lui avait murmuré de calmer sa respiration, lui avait murmuré avec douceur cette formule magique que petite fée rouquine qu'elle était (elle disait toujours qu'elle était la protectrice des animaux, courant dans le jardin, se jetant dans les vagues, escaladant les arbres) pouvait utiliser dans ces moments où tout semblait sombre et triste.

Cinq choses à regarder (la boîte aux lettres, la tondeuse, le tricycle, la poubelle, le chêne)

Quatre sons à entendre (la respiration d'Eleven, les oiseaux, les feuilles des arbres, le chien)

Trois sensations (la douleur, les yeux qui brûlent, la gorge nouée)

Deux senteurs (l'herbe mouillée, la lessive)

Un goût (la gerbe)

Et puis, Eleven la prit délicatement dans ses bras, passant sa main derrière sa tête, l'incitant doucement à poser son front contre son épaule.

-       Est-ce qu'il est vraiment de retour ? est-ce qu'on est vraiment reparti pour un tour ? demanda-t-elle, las.

-       J'en sais rien... mais je crains que oui. Mais on va y arriver, encore une fois, chuchota en retour El. On va le démonter pour de bon, ce fils de pute de Flagelleur...

-       « Fils de pute » ? ne put que s'esclaffer Max. T'utilises ce mot, toi ?

-       L'influence d'Hopper, expliqua la brunette avec un petit clin d'œil.

CONTAMINATEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant