13 - Real Life

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[Song reference: Real Life by The Weeknd]

17 mars. Un mois s'était écoulé depuis l'anéantissement du Flagelleur mental et de son armée. Tout s'était bel et bien remis en place. Non seulement Will était définitivement « guéri » et ne traversait plus aucun épisode de crise, mais El était de retour dans leur groupe – lequel était plus soudé que jamais. Mike avait finalement déclaré sa flamme à la jeune fille et ils formaient à présent le couple le plus adorable qui soit (même s'il fallait admettre qu'ils étaient parfois légèrement agaçants à être constamment collés l'un à l'autre).

Max allait voir sa meilleure amie tous les dimanches, au minimum, et ces visites hebdomadaires étaient bien vite devenues un véritable rituel. Par ailleurs, à force de se rendre chez Hopper (il était encore trop craintif pour laisser sa fille adoptive sortir au grand jour), la rouquine lui avait découvert un côté charmant, même agréable, et c'en était presque si elle avait envie de devenir sa fille adoptive elle aussi. Sous ses airs de grosse gueule machiste se cachait en fait un homme vif et pétillant.

Oui, tout s'était bel et bien remis en place. Peut-être même un peu trop ; comme elle l'avait redouté, Billy était redevenu ce grand-frère casse-couille et distant qui semblait ne jamais se fatiguer de l'engueuler dès qu'il le pouvait. Comme si cette fameuse nuit de février n'avait jamais existé. Le pire là-dedans était sans doute que ses sentiments à elle avaient pris une toute autre teinte et qu'elle n'était plus capable de regarder son demi-frère avec le même dégoût qu'avant. Non, elle n'arrivait plus qu'à le contempler avec attrait, le cœur lourd. Alors elle essayait de l'éviter le plus possible, fuyant constamment son regard. 

Et lorsqu'elle était la moins attentive, lorsqu'elle baissait ses gardes – ne serait-ce qu'un instant –, il prenait toujours un malin plaisir à la déstabiliser. Elle ne pouvait le nier, il y avait malgré tout encore ces rares moments (en général lorsqu'il rentrait de soirée complètement ivre) qu'elle qualifiait à présent de « dérapages ». Ces moments où il s'amusait à s'approcher d'elle, le regard affamé, les lèvres taquines. Ces moments où il se permettait de la frôler, de laisser ses doigts se balader sur la surface de sa peau. Pantelante, elle se laissait à chaque fois faire, se sentant parfaitement démunie face à lui. Ah, ce pouvoir qu'il avait.

À peine trois jours après les terribles événements, Veronica avait réapparu, débarquant chez eux à l'heure du dîner, le bras de Billy enroulé autour de sa taille. Max n'avait pu avaler un seul morceau et avait finalement feint un accablant mal de ventre pour pouvoir s'échapper de table. Et depuis, il ne passait pas une semaine sans que la jolie peste ne vienne chez eux et ne contamine tout le monde avec son sourire artificiel et son parfum écœurant.

De son côté, elle avait fini par recroiser Patrick (ou plutôt, était-il venu à elle) qui s'était alors dignement excusé pour son comportement lors de leur précédente rencontre. Pour une raison qu'elle ignorait – ou qu'elle ne voulait pas admettre, car Dieu, elle aurait tout fait pour que Billy ne ressente ne serait-ce qu'un quart de la rage qu'il faisait quotidiennement naître en elle –, elle lui avait chaleureusement souri, lui assurant que tout avait déjà été oublié (mais comment oublier la folie de Billy, la douceur de sa joue ?). Et comme si l'univers avait entendu ses souhaits, elle croisait dorénavant le jeune homme pratiquement tous les jours, en général lorsqu'il revenait de l'université et qu'elle, à l'inverse, s'y rendait pour rejoindre Billy sur le parking. Se contentant d'abord de se sourire légèrement, ils avaient finalement pris l'habitude de s'arrêter parler quelques minutes. 

Lui aussi n'était rien de ce qu'il paraissait être : à la place du garçon arrogant et malsain qu'elle s'était toujours imaginé (personne n'osait emmerder Patrick ; comme Billy, il faisait partie des intouchables), elle avait trouvé un jeune homme à la curiosité et à l'intelligence infinie. S'il s'intéressait vivement à sa vie (qu'elle avait pourtant toujours considérée de misérable) et lui posait toujours trente-six milles questions à son sujet, il lui faisait également découvrir de nouvelles perspectives, lui expliquant tout ce qu'elle ne comprenait pas. Il avait cette curiosité terriblement charmante, cette lucidité horriblement captivante.

CONTAMINATEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant