20 - CONTAMINATED

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[Song reference: Contaminated by BANKS]

Elle sortit de la voiture avant lui ; étonnamment, elle avait l'air pressée. Cette fois-ci, la porte d'entrée était déjà ouverte et la musique était déjà là, à les accueillir, alors qu'ils se tenaient encore à l'autre bout du jardin. Arrivés sur le palier, il ne put s'empêcher de tourner une dernière fois la tête vers elle, de contempler sa silhouette, son visage si délicat. Il eut une soudaine impression de déjà-vu et ne put s'empêcher de sourire.

La dernière fois qu'il s'était rendu à une soirée avec elle – qu'ils s'étaient alors tenus côte à côte devant la porte d'entrée des Harrington –, les événements avaient pris une tournure inattendue. Mais sans doute devrait-il admettre qu'il l'avait tellement vu venir et qu'il y avait même participé avec ardeur. Participé à ce jeu brûlant et dangereux qui s'était instauré entre lui et sa demi-sœur. Raah putain, il fallait qu'il arrête avec ce terme. Tout sauf ce terme. Ce n'était pas sa petite sœur. Elle ne l'avait jamais été.

Ce fut à son tour de la dépasser. Vu la foule contenue à l'intérieure de la maison, la rouquine n'avait pas osé avancer. Alors il s'était faufilé en premier, s'amusant de voir ces corps qui d'abord le bousculaient, mais qui, dans un deuxième temps, s'écartaient en vitesse après avoir reconnu son visage. Puis une main timide et tremblante, mais bien déterminée, s'agrippa à sa chemise avec force, comme si celle-ci était sa seule issue, sa seule possibilité de survie.

Billy esquissa un sourire ; elle était si petite, si fragile, il fallait qu'elle reste près de lui. Qu'il puisse la protéger de tous ces connards en chaleur, de toutes ces putes rageuses. Mais bien vite, il sentit qu'elle avait lâché sa prise et il eut juste le temps de la voir se précipiter vers son petit groupe de potes aux allures franchement ridicules. Maxine sauta au cou de Dustin, puis s'amusa à le recoiffer avec une tendresse presque maternelle. Oh, il aurait pu tuer quelqu'un.

Billy détourna le regard et tomba cette fois-ci sur Veronica laquelle était paisiblement assise sur le rebord d'un canapé au velours rouge rubis (pas une seule personne dans la maison n'aurait été capable d'imaginer ce qui avait pu se passer sur ce canapé). Ses pensées quittèrent Maxine pour se concentrer sur les jambes fines, presque luisantes, de la belle princesse. Cinq minutes plus tard et voilà qu'il avait pris sa place, une bière dans la main droite, Veronica appuyée contre son bassin. Il passa son bras libre autour de sa taille et laissa ses doigts jouer sur le haut de sa hanche. Dieu, il aurait aimé que Maxine les voit ainsi.

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À cet instant, elle était celle qui souriait le plus : tête penchée en arrière, yeux clos, bouche grande ouverte – dévoilant ses dents étincelantes, sur-brillantes –, elle riait aux éclats. Il n'y avait qu'elle, on ne voyait qu'elle. Son rire résonnait au milieu de la pièce pourtant bondée, c'était presque s'il prenait le dessus sur la musique.

À mesure qu'elle gigotait dans tous les sens, à moitié dansante, à moitié euphorique, ses cheveux se balançaient (quasiment au ralenti, comme dans l'une de ses débiles pubs de parfum à l'odeur beaucoup trop sucrée), se transformant en un prisme lumineux, flamboyant. C'était comme si, le temps d'un instant, elle était devenue le noyau même de la soirée, en quelque sorte la boule à facettes suspendue au-dessus de tous : imposante, rayonnante, tournoyante.

Indispensable.

À côté d'elle, les autres paraissaient sans goût, sans saveur et sans doute en étaient-elles conscientes puisque toutes lui jetaient ces regards admiratifs, quoique jaloux, ces regards en fait fascinés. Le pire restait sans doute tous ces yeux masculins affamés qui la parcouraient de haut en bas, la dévorant encore toute habillée et toute innocente. Il est vrai que ce haut qu'elle portait laissait entrevoir la naissance de ses seins, pourtant si peu présents – mais sans doute était-ce cette absence de forme, ce flou du tissu qui donnait encore plus envie de l'arracher –, au creux desquels devaient certainement dégouliner quelques perles de sueur. Et il y avait ses mouvements de hanches ; putain, était-elle seulement au courant ? à quel point, par le simple fait d'exister, elle le rendait fou.

CONTAMINATEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant