Chapitre 28 (Greg)

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Les tapotements répétés font monter chez moi une tension que je n'avais pas. C'est comme si, juste en tapotant le sol de son pied, elle me passait toute son angoisse. Elle finit par se lever. Dans la pièce, tous la regardent tourner en rond en silence. Nous sommes dans une sorte de salle d'attente entièrement blanche. Seul le sofa jaune pâle où je me suis assis apporte un peu de couleur ainsi qu'une plante morte. Sur des chaises blanches sont assis neuf autres adolescents. Une brune aux cheveux bouclés et aux beaux yeux émeraude est assise sur les genoux d'un garçon aux cheveux et yeux noirs. Je crois que c'est Lucie et William. Si la première est très amicale, le second est tout juste cordial, me regardant presque avec animosité. À vrai dire, il n'est pas le seul. 

Tous me sont clairement reconnaissants d'avoir sauvé Léna mais il semble que ce soit la seule raison pour laquelle ils ne m'aient pas encore enfermé et questionné en gardant la torture en option. Ils sont quatre à me regarder ainsi. Il y a un blond aux yeux bleus, Rolin, non, Robin. Léna et lui ne semblent pas en très bons termes. Peut-être m'en veut-il de l'avoir sauvé? Un garçon aux yeux d'un bleu glacial contrastant avec celui azure du premier me fixait aussi avec agacement. Et pour finir, une fille blonde aux yeux bleus qui ressemble à une Barbie semble se méfier de moi.

 En détournant le regard, je croise celui de sa jumelle qui est bien plus amical. Ces deux-là sont vraiment canons. Le côté deux exemplaires n'est pas pour déplaire à mes yeux. Soudain, Léna commence à faire craquer les articulations de sa main les unes après les autres. Je saisis le cousin près de moi et lui balance en direction de son visage. Même si elle était absorbée par ses pensées, elle l'arrête d'une main par réflexe. Je cache un petit sourire, ravi de voir qu'elle n'a pas changé. Je crois même qu'elle s'est améliorée. Ses gestes sont plus fluides. Même sa silhouette déjà très belle s'est musclée et affinée. Elle est forte. Elle s'est presque complètement remise du traumatisme après trois séances chez le psy de l'Agence. Elle en a encore trois prévus cette semaine puis une par semaine durant plusieurs moins. Mais elle semble avoir repris assez vite ses habitudes.

Son regard se pose sur moi, glacial. Mais je ne cille pas. Je la connais. Quand quelque chose l'angoisse elle devient irritable et très, très, très agaçante. Je suis content de voir qu'après tant de temps sans se voir je la connais toujours aussi bien. Je croise les jambes et m'adosse plus confortablement sur le siège. Tous nous fixent. Je me contente de soutenir son regard de feu avec calme. Peu à peu, son regard perd de sa vivacité, se calme légèrement. Je tapote la place près de moi qu'elle vient de quitter. Aucune réaction. Je réitère. Elle pousse un soupir exagéré et vient s'assoir. Elle commence à taper du pied et je donne une petite tape sur son genou. Elle me fusille du regard, porte sa main à bouche, s'adosse, et commence à se ronger les ongles en silence. 

Je m'apprête à reprendre mon observation quand je remarque que tous me fixent avec de grands yeux. Je connais Léna depuis au moins nos cinq ans. Même si nous ne sommes proches que depuis le collège, elle avait attiré mon attention depuis bien longtemps. Donc, au collège, j'ai très vite commencé à avoir mes habitudes pour la gérer. Avec son accord. Au final, c'est notre complicité, nos habitudes et nos choix qui ont mené à ce genre de réaction. Gêné par se regain d'attention, je me racle la gorge et regarde la fleur posée dans un coin, devenue soudainement très intéressante.

La porte s'ouvre avec fracas. Le directeur et le Conseil, un groupe de tuteur important de l'Agence W.S. je sais plus quoi française, ont finis de délibérer. Nous nous redressons comme un seul homme. Le directeur, un drôle de personnage, déclare d'un ton grave qui détonne avec son habillement:

- Une décision a été prise. Aux vues de l'évolution de l'enquête et des dangers auxquels vous avez été confrontés, nous avons unanimement décidé de vous enlever l'enquête. Le choix est définitif, non contestable. Vous êtes jeunes. Pour une première enquête vous avez été excellents. Mais tout cette affaire vous dépasse.

W.S.P. 2: Obtenir justice, mais à quel prix?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant