- Vous nous avez désobéis! Vous nous avez mentis!
Je déglutis. Nous baissons tous la tête, un peu honteux face à la colère du Directeur et de nos parents. Comme on pouvait s'y attendre, les adultes ne sont pas ravis d'apprendre ce qu'on a trafiqué dans leurs dos. Ils bouillonnent de colère.
- Bon, ça suffit, sortez tous! Sauf toi Léna!
Nous lui jetons un dernier regard avant de l'abandonner à son sort. C'est sans surprise qu'il rencontre un visage calme et confiant. Sa confiance en elle est une chose qui m'a toujours beaucoup attirée chez elle, même si pour le coup ça risque de lui attirer encore plus d'ennuis. Je lui lance un dernier coup d'œil inquiet avant de suivre les autres. Je les rejoins dans le Salon qui est presque vide. Les filles sont debout à faire les cent pas tandis que Tim et Will sont assis à l'autre bout de la pièce affalés sur des poufs de couleurs flachies. Je m'avachis à côté mon meilleur ami. Sourcils froncés, je ne peux empêcher ma jambe gauche de sursauter.
- Arrête de t'en faire, elle va s'en sortir, comme toujours!
- Je ne m'inquiète pas pour elle. Je m'inquiète pour moi. Et uniquement pour moi. Car je me concentre sur moi. Et uniquement sur moi.
Ils me fixent tous de travers. Will hoche lentement la tête d'un air peu convaincu.
- Hum, hum... Oui, j'y crois complètement. Mais alors complètement. Mais je te crois toi. Je te crois complètement toi. Et uniquement toi hein!
Je le frappe à l'arrière de la tête d'un geste sec. Il tente de me rendre le coup mais je l'évite facilement. J'attrape son bras et l'immobilise en lui faisant une clé de bras. Il jure plusieurs fois en se débattant tandis que je continue de lui frapper la tête de ma main libre. Alyssa finit par me balancer un oreiller à la figure.
- Vous avez finis avec vos gamineries?! Je vous ferais dire qu'on est pas dans la meilleure des situations là si vous aviez pas remarquer!
Je le relâche lentement tout en me râclant la gorge. Nous reprenons notre place. Les filles se remettent à marcher de long en large tout en nous lançant des regards désapprobateurs. Nous restons silencieux, enfoncés dans les dossiers roses et verts.
- Je pense qu'une fois que cette histoire sera finie, ce serait sympa d'aller se faire un restaurant tous les six. déclare Tim.
- Oh oui, c'est une bonne idée! sourit William. Ma mère m'a recommendé un très bon restaurant asiatique en ville.
- Ah oui mais non.
- Comment ça "ah oui mais non"?
Je lève les yeux de ma montre pour croiser ceux perplexes de Tim et William. Je jette un oeil vers Lucie et Aly qui ont rejoins l'autre côté de la pièce et sont donc hors d'écoute.
- Et bien, je pense que c'est une mauvaise idée.
- Pourquoi? Tu adore la cuisine asiatique.
- C'est vrai! Au point où tu en deviens exaspérant.
- Oui, mais Léna en a mangé beaucoup récemment au Réfectoire. Je pense qu'elle risque d'être un peu lasse de cette nourriture. Si on veut faire de ce moment quelque chose d'exceptionnel, il vaut mieux éviter de manger ce qu'on mange d'habitude non?
- "On"? interroge William d'un ton moqueur à peine voilé. Tu veux dire "Léna". Parce que si je me souviens bien, tu évite de manger asiatique lorsqu'il n'y a pas d'évènement justement pour que ça reste exceptionnel.
- Et puis, j'adore Léna, mais on est cinq contre un.
- C'est pas très sympa.
Tim se mord la joue tandis que William éclate d'un rire moqueur. Je passe ma main dans mes cheveux, gêné.
- Tu n'as clairement pas tournée la page.
- Comment ça? je m'indigne.
- Déjà l'autre jour, quand je me préparais pour mon rendez-vous avec Lucie.
Il prend un voix grave censée être la mienne.
-"Ah, un tee-shirt orange? J'aime bien le orange. Mais Léna pense que ça ne me va pas très bien."
- Oh attends, j'ai mieux! "Ça alors, tu as pris un glace à la vanille! Léna n'aime pas particulièrement les glaces. Enfin si mais elle préfère celles au chocolat. Remarque, elle aime aussi à la passion." Et je m'arrête là car l'énumération est longue.
- Tu rapporte tout à elle.
- Et dis toi qu'à ce moment là vous n'étiez plus en couple.
Je pousse un soupire suivi d'un rire qui sonne faux à mes oreilles.
- Il faut croire que je n'ai clairement pas tourné la page. Mais ça va venir. Je prends juste un peu plus de temps que prévu.
- Ou peut-être que tu ne devrais pas tourner la page.
Tim et moi-même nous tournons comme un seul homme vers Will, surpris. D'autant plus qu'oublier Léna était un peu son idée.
- Comment ça? le questionne Tim.
- J'ai peut-être surpris une discussion intéressante.
Je le fixe intensément, impatient. Il se râcle la gorge, mal à l'aise. Je me détourne en espérant qu'il se décidera rapidement à parler.
- Je n'ai pas tout entendu, et ce n'est qu'une déduction des éléments parvenus à mes oreilles. Mais il semblerait que Léna a pris contact avec Mélanie pour en savoir plus sur ce qu'il s'est passé cette nuit-là.
Je le fixe, bouche-bée.
- Impossible.
C'est le seul mot que j'arrive à formuler. Léna, ma Léna, contacter Mélanie, cette Mélanie, de son plein gré pour parler de la situation, de cette situation? Cette même situation qu'elle tente d'oublier depuis quelques mois? Cela me semble tout bonnement impossible.
- Tout ce que je dis, reprend William d'un ton prudent, c'est que tu devrais y réfléchir. Tout n'est peut-être pas perdu après tout.
Je reste silencieux. Devrais-je vraiment espérer quelque chose? Est-ce que je peux même me le permettre? Après tout, je ne me souviens même pas de ce qui c'est passé ce jour. Qui sait ce que Mélanie lui a raconté. Non. Non, je ne devrais pas. Mais après tout... Non. Non, non et non.
La porte s'ouvre du Salon s'ouvre soudainement sur deux tuteurs. Je chasse ces pensées dans un coin de mon esprit et me redresse pour faire face à l'annonce de notre sentence.
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W.S.P. 2: Obtenir justice, mais à quel prix?
AcciónAprès leur victoire à l'Assemblée, Léna et ses amis attendent la réalisations de leurs vœux. Finalement, ils sont mis sur la réalisation de celui de Léna à savoir: rendre justice à son père. Ainsi, partant à la recherche de Sylvie, sa belle-mère mal...