Chapitre 43 ~ Partie 2 (Omniscient)

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La salle ne posséde qu'une fenêtre. Les gouttes glissent les unes après les autres sur les vitres. Alors que l'équipe de Léna s'est faite confiner dans leurs chambres, leur meneuse se retrouve enfermée dans la salle d'entraînement. Assistée de divers produits et objets d'entretients, elle est assignée au ménage complet de la grande salle.

En plein milieu de cette longue après-midi, les couloirs sont étrangement vides. Les nuages sombres éclipsant toute lumière naturelle, une atmosphère lugubre règne. Seules deux pièces sont la source d'un peu d'action. Dans une pièce aux murs d'un blanc immaculé, la tension est étouffante. Elle est bizarrement vide de tout élément de décoration. Très peu d'objet y sont placés. On y trouve une longue table blanche également. Un mur est recouvert d'écrans. Sur ces derniers, on peut observer la plupart des espaces publics de l'Agence. Une petite fenêtre sur le mur d'en face apporte un ton ténébreux à la pièce.

Les gouttes continuent de glisser, s'absorbant les unes les autres, grossissant jusqu'à atteindre le bas de la vitre. L'eau dehors coule à fleau. A l'intérieur, les éclats de voix résonnent tels des éclats de tonnerre. Les chaises sont presque toutes vides. Une seule reste occupée. Olivier se tient là, immobile. Après avoir observé la salle dans les moindres détails, il fixe son attention sur les écrans. Autour de lui, deux camps se disputent avec véhémence. A droite de la table se tiennent ceux qui condamnent Léna et tout ce qui la concerne. On parle même d'expulsion. On parle de prison. Le camps d'en face la soutient avec toute son âme. Olivier se tient au bout de cette arène. A l'opposé, le Directeur tente de maintenir l'ordre.

Olivier pousse un long soupir en se demandant ce qu'il fait là. Il vient tout juste de rentrer d'une mission de trois ans. Il ne connaît Léna ni d'Adam, ni d'Eve. Alors qu'il posait pieds à terre, avec comme seule idée en tête, se coucher pour faire la plus longue nuit de sa vie, voilà qu'on le convoque pour ce fichu Conseil. Un Conseil pour juger une jeune fille. Or, s'il y a bien une chose qu'il se refuse toujours de faire, c'est de fonder un avis concernant quelqu'un sur des informations reportées. Depuis le début de cette conversation, Olivier a entendu toutes sortes de choses sur Léna. Si bien qu'il pense être capable d'écrire l'autobiographie de cette Léna sans l'avoir jamais rencontré. Mais il ne veut tenir compte d'aucune de ces informations. Alors, il reste assis, silencieux.

Son regard finit par s'arrêter sur l'écran projectant la salle d'entraînement. La jeune fille de seize ans nettoie conscencieusement une barre de gymnastique. Un mouvement à droite de l'écran attire son regard en même temps que le sien. Une tête apparaît. Elle se tourne vers la gauche puis vers la droite. Elle vérifie que la voie est libre. Elle disparaît, avant de réaparaître accompagnée d'un corps. Plusieurs suivent petit à petit.

Tandis que Léna se précipite vers eux et qu'ils se mettent à échanger, Olivier fixe cette vidéo sans son avec curiosité. Soudain, un visage lui apparaît clairement à l'écran. Quand il remarque Oscar, la surprise prend place sur son visage. Il se rapproche discrètement de l'écran en faisant glisser les roues du fauteuil. Personne ne le remarque au milieu de tout ce désordre. Désormais, une vingtaine de personne sont entrées dans la salle. L'image n'est pas assez précise pour que le jeune homme de vingt-sept ans puissent lire sur leurs lèvres. Il ne peut qu'observer.

Léna se tient droite face à eux. Sans le vouloir, elle garde un fin sourire sur les lèvres.

- Qu'est-ce que vous faites là?

- On vient te donner un coup de main!

- Vous avez perdu la tête? Si vous ne voulez pas me causer plus de problème, retournez dans vos chambres avant que quelqu'un vous attrape.

Maria la regarde de haut en bas avec un sourire amusé.

- Tu te prends pour ma mère?

Léna claque la langue contre son palais mais dans son regard transparet une pointe d'amusement. Maria se déplace d'un pas léger derrière son frère avec un petit sourire.

- On ne bougera pas. Elle a raison l'Italienne. Techniquement, tu n'as plus d'autorité sur nous. Officiellement. On va donc t'aider que tu le veuilles ou non.

- Vous savez nettoyer au moins?

- On apprend vite.

- Et vous comptez vous partager un balais à vingt.

- Non.

- Ah. Donc on va avoir un soucis.

- Oh non, t'inquiètes pas pour ça, on a tout prévu.

Poitrine bombée, tête haute, Oscar lui fait face avec fièreté. Au même moment, la porte s'ouvre de nouveau sur l'équipe de Mélanie et celle d'Amérique. Toutes deux sont chargées de divers produits et outils de nettoyage. Ils déposent tout au milieu de la pièce. Mélanie, face à Léna, se tient bien droite. Son regard ne lâche pas le sien. Discrètement, Maria se déplace derrière Léna, prête à en découdre. Une légère tension s'installe. Alors, Mélanie se baisse, sans pour autant détourner le regard. Elle se saisit d'un chiffon et arbore un sourire amical.

- On s'y met? demande-t-elle d'une voix calme.

La tension laisse instantanément place à l'exitation. Tous se jettent sur les divers objets sur le sol. Les équipes se forment et les tâches se répartissent.

Face à l'écran, la stupeur fait perdre à Olivier son équilibe: il tombe de sa chaise. Sa tête s'écrase contre l'écran avant de glisser vers le sol. Quelques visages se tournent vers lui. Il se rassit rapidement. Son attention se portea l'écran face à lui de nouveau. Avec un air effaré, il observe Oscar doté d'un chiffon et commence à dépoussiérer le ring. Olivier reste ainsi pendant plusieurs secondes. Finalement, il se lève et se met en mouvement. C'est seulement lorsqu'il se positionne à gauche de la table que le silence se fait dans la pièce. L'ancienne professeur d'SVT de Léna prend la parole la première, du côté opposé.

- Pourquoi? demande-t-elle simplement avec incrédulité.

- Le fils du Directeur de l'Agence situé en Allemagne. Je ne l'ai jamais vu faire quoique ce soit, obéir ou même être respectueux. Et pourtant, j'ai passé un bout de temps là-bas. Je pense qu'on peut le qualifier, et excusez mon vocabulaire, de vrai petit con.

Des rires raisonnent et de nombreux hochements de tête accompagnent ses paroles. Olivier pointe l'écran qui l'obsèdait ces dernières minutes. Ils se tournent comme un seul homme. Avant qu'ils ne puissent piper mot, il continue.

- Je me porte garant d'elle.

Horreur, malheur. Voilà ce qu'on voit sur le visage de ceux d'en face. Même ceux à ses côtés parraissent perplexes.

- Que vous le vouliez ou non, cette fille est une chef exeptionnelle. Vous avez fait une erreur en lui retirant son affaire. C'était stupide de votre part. Mais c'était également bête de sa part de désobéir aux ordres. Cependant, c'est prévisible et compréhensible venant d'une adolescente. Vous par contre, vous êtes des adultes responsables.

Il fait une pause théâtrale, parcourant son auditoire d'un regard froid.

- Il n'y a eu ni mort, ni blessé grave. Il n'y a aucune raison de tenir cette réunion et de parler de prison ou même d'expulsion. Pour Mélanie ou Line, je comprendrais. Mais pour cette fille? Nous ne sommes pas dans une cour d'école. Apprenez à laisser vos sentiments de côté et à rester professionnels. Selon le règlement, la peine maximum est de dix jours de mise à pieds. Alors arrêtez cette mascarade ridicule. Désormais, si vous avez un problème avec elle, venez me voir directement. Je me suis porté garant, elle est donc sour ma responsabilité. Des objections?

Sa voix glacial fait bien comprendre que sa question est rhétorique. Le silence prend place à la fin de sa tirade. Personne n'ose prendre la parole. Marc lui adresse un sourire reconnaissant. Le Directeur se râcle la gorge.

- Je pense que cette histoire peut être considérée comme étant réglée. Quel est le prochain sujet?

Les uns après les autres, ils s'assoient en silence. La tension est à couper au couteau. Malgré tout, tous essaient de faire comme si rien ne s'était passé.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 22, 2023 ⏰

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W.S.P. 2: Obtenir justice, mais à quel prix?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant