Chapitre 23 (Maxime)

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Un léger sourire apparaît sur mon visage quand je me rappelle cette volonté d'il y a quelques jours de m'enfuir. Ces enfoirés sont plus intelligents qu'ils n'y parait. J'ai le droit à un vrai repas tous les deux jours pour ne pas me laisser mourir. Mais ils font bien attention de ne pas augmenter les doses autrement. Je manque toujours de sommeil et n'arrive pas à garder le fil de mes pensées plus de trois minutes d'affilées. Je suis doué. En réalité, Je suis largement dans le top 3 des espions de mon âge, du moins dans mon agence. Celui qui tire les ficelles le sait et ne me laisse pas la moindre occasion. Les jours sont tous les mêmes. Réveils brutaux, cris constant à travers les murs, insultes, silence, douleurs, manger, boire, essayer de dormir, essayer de se rappeler ce que je fais là et pourquoi. Je suis ici depuis tout au plus deux semaines je pense même si je n'ai pas vraiment de notion du temps. Je suis pathétique. Comment a-t-on pu réussir à m'affaiblir autant ?

- Et bien, tu n'es pas beau à voir.

Je ne réagis pas à cette voix féminine que je pense tout droit sortie de mon imagination. Jusqu'à maintenant, seuls trois grands molosses se sont occupés de moi. Ce qui me fait me redresser difficilement, c'est une odeur délicieuse. Je me tourne vers sa provenance. Line se tient dans le cadre de la porte, toujours aussi impassible. Elle tient dans sa main un sac venant d'un fast-food. Je ne suis pas fan de ces choses-là, mais là, tout de suite, je pourrais tuer pour ce qu'il y a à l'intérieur. Elle le lance vers moi et je me retiens de me jeter dessus.

- Mange. Si je te voulais mort, tu le serais depuis longtemps.

Je me saisis du sac et avale goulûment le contenu d'un bouteille d'eau tout en mangeant quelques frites bien trop grasses à mon goût et dévorant le hamburger qui n'est clairement pas fait maison. Mais bon, au point où j'en suis, je n'ai pas à me plaindre. Je m'arrête avec difficulté pour digérer. Si je mange trop vite tout ça alors que mon estomac n'a pas été autant nourrit depuis quelques jours, je risque de tout rendre. Je parle par expérience. Line reste silencieuse à me fixer.

- Tu l'as dis Line, si toi ou ta mère m'avais voulu mort, je ne serais pas ici. Alors j'ai une question pour toi : si vous ne voulez pas ma mort, que voulez-vous de moi exactement ?

Ma voix n'est pas celle qu'elle était. Faible, cassée, rugueuse. Le manque d'eau ainsi que le fait que je n'ai parlé depuis plus d'une semaine en sont clairement la cause. Line le remarque car ses sourcils se plissent Si je ne la connaissais pas depuis si longtemps, je ne l'aurais sûrement pas remarqué tellement ce changement est minime. Elle reste silencieuse un moment avant de reprendre la parole.

- J'ai parlé de chacun d'entre vous à ma mère tu sais. Elle sait donc que tu pourrais être très utile à son service.

Un sourire apparaît sur mon visage, plus large cette fois-ci, faisant craquer mes lèvres gercées.

- Allez-vous faire foutre.

- Je ne crois pas que tu sois en position de refuser.

Elle claque des doigts et un miroir est apporté. Mon reflet m'apparaît alors. J'ai maigris. Je ne suis pas squelettique ou quoique ce soit mais ce manque de mouvement à fait pas mal fondre mes muscles et le manque de nourriture n'a pas aidé. J'ai clairement perdu quelques kilo. Mon teint est pâle du fait d'un manque cruel d'exposition au soleil mais aussi d'un manque d'hydratation et de nourriture. Mes yeux sont ternes, mes cheveux ont poussé. En bataille, gras, ils rivalisent avec ma barbe récente. Mes lèvres sont gercées et mes vêtements sont sales, pleins de sueurs, sang séchés et autres. J'ai l'impression de me trouver devant le SDF que moi et Jules croisons en nous rendant au parc chaque jours pour faire notre footing. Prenant un fausse voix mélancolique, Line déclare :

W.S.P. 2: Obtenir justice, mais à quel prix?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant