Chapitre 17 (Léna)

39 6 0
                                    

L'établissement n'a pas changé d'un pousse, si on oublie le fait que les gardes ont été remplacés par de simples hommes de la sécurité bien moins nombreux qui ont l'air de s'ennuyer au plus au point. 

- Où sont les hommes de ta belle-mère? Ceux que tu as décris comme des gardes? murmure Mike. 

- Pas là apparemment.

On continue d'avancer.

- Ok, on s'en tient au plan: trouver des renseignements. 

- On se renseigne au près des enfants puis tu la distrais tandis que je vais fouiller le bureau. 

- Et en passant on fait de notre mieux pour qu'ils nous adorent. 

Je souris. Il sourit. Nous avançons dans le hall.  La directrice nous attend, droite comme un i. Elle n'a pas changé au point de porter les mêmes vêtements que la dernière fois que je l'ai vu. Elle a si peu changé que j'ai envie de lui en mettre une juste à sa vue. Mais je reste calme et souriante et je me rends compte à quel point j'ai changé depuis l'année dernière. Je ne suis plus la fille qui est partie en courant, en pleure, avec son frère, s'enfermer dans sa chambre. Je ne fuis plus. Je suis plus forte, plus mature aussi. 

- Ah! Bonjour M. et Mme. Dubois. Je suis ravie de vous rencontrer! déclare-t-elle d'une voix mielleuse. 

Etant censée être une "petite bourge plus que méprisante et prétentieuse", comme dirait Mike, je la regarde de haut en bas avec un sourire crispé, puis lui sers la main à bout de bras. Mike, qui doit au contraire être dans la séduction, lui sert la main chaleureusement avec un de ses plus grands sourires. Puis il prend la parole, lui retourne chaleureusement les compliments d'usages, tandis que je regarde distraitement autour de nous. Tout paraît naturel alors que chacun de nos faits et gestes sont orchestrés dans les moindres détails. 

- Bon, on commence la visite ou nous sommes juste ici pour voir l'entrée? demandé-je en affichant mon sourire le plus faux. 

- Oui, oui, bien sûr, excusez moi. Allons-y si vous voulez bien.

Nous la suivons dans les longs couloirs, nous arrêtant à certains endroits pour qu'elle nous montre des chambres, des salles bains ou encore une salle de jeu. Pendant ces arrêts, l'un de nous s'occupe d'attirer son attention tandis que l'autre parle avec les enfants présents. Au bout d'un moment, la directrice reçoit un appel et s'écarte de nous. Alors, Mike passe son bras autour de ma taille et me tire contre lui. Il baisse la tête au niveau de mon oreille et chuchote:

- Un enfant vient de me dire quelque chose d'assez intéressant. Il m'a dit qu'il avait du mal à dormir, traumatisé car, pendant une nuit, une femme folle est entrée la nuit dans sa chambre et l'a agrippé, le secouant en hurlant. Et devine quoi, cette affreuse femme fait ta taille et sa silhouette ressemble drôlement à la tienne. 

Je me sens rougir de honte. Oh mon dieu. Il éclate de rire en voyant ma tête. 

- Tu devrais avoir honte. 

Je sens la culpabilité m'envahir et lui assène un coup dans le ventre pour qu'il se taise. La directrice revient et la visite reprend. Nous nous comportons comme un vrai couple mis à part le fait que Mike séduit discrètement la directrice. Alors, nous finissons enfin par rencontrer un enfant intéressant. Samuel, surnommé Sam, est âgé de 13 ans et se trouve être un très bon dessinateur. C'est avec plaisir qu'il m'offre le dessin particulièrement réaliste d'un des garde en échange de quelques billets. Oui, le petit est dur en affaire. 

Avec un sourire victorieux, je montre discrètement le dessin à mon coéquipier tandis que la directrice lui parle, dos à moi. Il m'offre un sourire en retour avant de se reconcentrer sur son interlocutrice. Je cache rapidement le dessin quand le petit me tire par la manche. Je me retourne et il me tend la main.

W.S.P. 2: Obtenir justice, mais à quel prix?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant