Chapitre 26 (Léna)

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Je reste stupéfaite. Nous avons laissé Léo dans la chambre et nous sommes rendus dehors. Je jette un regard aux alentours. Nous nous trouvons dans une petite ville qui ne me dit rien, dans le jardin d'une grande maison. La petite chambre est cachée dans un petit cabanon au fond du jardin, derrière de nombreux arbres. Je suis un peu tremblante. J'ai un nombre incalculable de questions. Et pourtant, je ne sais pas quoi dire. Greg me soutient pendant que nous nous déplaçons, un bras autour de ma taille et le mien autour sur ses épaules. Je me laisse ensuite tomber contre le tronc d'un chêne. Je fixe un point dans le vide tout en portant une bouteille d'eau à ma bouche. Une brise fraîche vient caresser mon visage. Je prends une longue inspiration, ça fait tellement de bien d'être au grand air.

Soudainement, je sens mon ventre se contracter. Ma respiration se saccade légèrement. J'ai l'impression que ma poitrine se compresse. Ma vue se trouble. J'ai peur. Une pensée terrifiante vient de me traversée l'esprit : et si j'étais encore en réalité virtuelle ? Et si j'étais encore là-bas ? Et si un homme armé allait surgir d'un moment à l'autre pour tuer Greg et mon frère devant moi sans que je puisse réagir? Et si j'allais, d'une seconde à l'autre me réveiller face à un sourire victorieux et moqueur de Sylvie, ravie face à ce faux-espoir?

- Hey, hey, hey ! Respire Léna, respire.

Greg s'approche d'un pas. Je recule. Maintenant que j'y pense, je ne ressens aucune fatigue physique, juste un relâchement au niveau des muscles. Je n'ai aucune trace des aiguilles plantés pendant des semaines dans mes bras. Et puis soyons logique une minute : qu'est-ce que Greg ferait ici ?

- D'accord, je vois ce qu'il se passe. A force d'être rester en réalité virtuelle, tu as du mal à dissocier le réel de l'irréel. Et si tu me laissais donner plus de sens à tout ça pour toi ? Tout d'abord, tu as dormi pendant deux jours, ce qui a permis à ton corps de se reposer. Tu ne t'en souviens sûrement pas mais je t'ai réveillé deux fois pour te faire boire et manger. Tes traces de piqûres ont eu le temps de cicatriser, sauf celle sur ton épaule. Tu peux vérifier si tu veux.

Je m'exécute. Effectivement, il y a encore une trace sombre. Sans que je m'en rende compte je commence à me détendre.

- Physiquement, tu ne t'en sors pas trop mal. C'est le côté psychologique qui a pris le plus gros. On va te ramener dans un endroit familier où tu pourras te sentir en sécurité. Mais pour l'instant on manque de choix. Habituellement, les Dubois cachent des réfugiés mais pour nous ils font une petite exception le temps qu'on reprenne des forces.

- Et ça ne m'explique toujours pas ce que tu fais là.

Il s'humidifie les lèvres et détourne le regard.

- C'est compliqué. Et puis c'est une longue histoire alors...

Il croise mon regard, se tait, prend une grande inspiration et pousse un long soupir résigné.

J'ai menti. J'ai menti lorsque j'ai affirmé pendant des années qu'avant l'agence je n'avais pas d'amis. Tout comme j'ai menti quand j'ai dis que je ne savais pas pourquoi Greg me collait parfois au collège. Greg est une bonne personne. Pour autant, depuis tout petit, il adore se battre. Il ne se bat pas pour rien ni contre des personnes qui n'ont pas la capacité de l'affronter. Il ne se bat que avec des personnes de son niveau ou même parfois plus forte, peu importe le sexe. Et c'est ça la première chose qui m'a intrigué chez lui. J'adorais le voir se battre. Il n'avait jamais appris autrement que par ses combats. Il apprenait de chacun, le rendant plus fort à chaque fois. Pour autant ce n'était pas une brute. J'aimais observer sa progression. Il est bientôt arriver à un point où, à partir de la sixième, plus personne à l'école ne pouvait le battre, donc personne ne le provoquait. Même les plus âgés et ceux de l'extérieur n'osaient l'embêter.

W.S.P. 2: Obtenir justice, mais à quel prix?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant