Chapitre 25 (Léna)

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J'ouvre lentement les yeux. Depuis que je me suis fait kidnapper comme une débutante, ça doit être seulement la dixième fois que je reprends conscience. J'observe dans le flou les différentes perfusions plantées dans mes bras et je sens mon ventre se serrer. Si le premier jour, ma très chère belle-mère a choisi la violence, elle a très vite opté pour une option plus vicieuse. Je suis dans un fauteuil qui ressemble énormément aux fauteuils de la salle d'Escape Game Virtuel de l'Agence. Dès le deuxième jour, on m'a plongé dans un monde rassemblant mes pires peurs : mon petit frère et ceux que j'aime se faisant torturer, moi dans les fonds marins ne pouvant rejoindre la surface ou encore poursuivit par un requin.

Je n'ai que quelques rares pauses pour m'éviter de faire une crise cardiaque mais même pendant celles-ci je reste dans le monde virtuel. Puis plus rien. Je pense qu'on me fait sortir tout en me donnant un somnifère pour que je ne reprenne pas conscience dans le monde réel. Je suis soulagée d'y revenir car je commençais à avoir de plus en plus de mal à me faire au fait que rien n'était réel. La terreur est irrationnelle et totalitaire. Crier, fuir, sont les deux seules idées à tourner en boucles dans ma tête dans ces moments là. Je ne pense qu'à ça, je ne contrôle rien et je commence à être à bout. Je n'en peux plus.

Je sens un larme coulée le long de joue. Je prends une inspiration tremblante.

- Tu as une voix puissante ! On entend tes cris dans presque tout ce bâtiment.

Je me tourne lentement vers la droite pour ne pas brusquer mes muscles endoloris. Ma vue redevient de plus en plus nette. J'aperçois donc parfaitement ces escarpins noirs, ce costume féminin noir, ces cheveux blonds coupés au carré et ces yeux noisettes en amande. Sylvie est définitivement la personne que je hais le plus haut monde. J'ai envie de lui arraché son petit sourire de ce visage bien trop parfait pour être vrai. Elle fait sans aucun doute de la chirurgie esthétique. Bien, j'espère qu'un de ces changements va s'infecter et la tuer. Je canalise le peu de force mental qui me reste pour m'empêcher de me mettre en colère. Elle écarquille ses yeux globuleux et s'avance vers moi.

- Et bien ça alors ! Tu arrives encore à te contrôler malgré tout ça ?

Je dois bien avouer que je suis à deux doigts de craquer, d'abandonner. La seule chose qui m'a permit de résister est le fait que j'ai déjà été confronté à de la torture psychologique par réalité virtuelle et que j'ai réussi à me rendre compte que ce n'était qu'une illusion. J'arrive à appliquer le même mécanisme la plupart du temps mais je dois avouer que je commence à être dépassée.

- Bien, pour te récompenser pour tes efforts, je t'offre trois vœux comme le génie de la lampe. Pose des questions, fais des demandes. Allez, dépêche toi avant que je change d'humeur !

Elle me regarde comme un lion observe sa proie. Je ne dois pas agir stupidement. C'est une opportunité trop importante. J'ouvre la bouche pour parler mais elle est trop sèche. Je suis nourrie et hydratée par perfusion.

- Oh, c'est vrai, il te faut de l'eau !

Elle claque des doigts et un verre lui est apporté. Elle le porte à mes lèvres et je bois à contrecœur et avec difficulté.

- Alors, dis moi tout.

Ma voix est faible et brisée mais j'arrive à répondre de manière intelligible.

- Je veux voir mon frère.

- Vraiment ? Tu veux qu'il te voit dans cette état ?

Elle indique d'un geste de la main le mur en verre qui donne sur le couloir et qui me renvoie une reflet pitoyable et plutôt flippant, même pour moi. Non, il ne faut surtout pas qu'il me voit dans cet état.

W.S.P. 2: Obtenir justice, mais à quel prix?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant