Chapitre 32 (Léna)

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Nous décidons de commencer par le nom de code: Orchidée. C'était le seul indice que nous possédons à son propos en plus de la ville qu'il ou elle habitait. Tandis qu'Alyssa commençait ses recherches sur internet, Lucie et moi nous plongeons dans différents livres de botaniques. Nous notons tous ce que nous pouvons trouver en rapport avec  ce mot. Nous enquêtons jusqu'à trouver des liens très éloignés et complètement farfelus. Nous notons chacune nos résultats dans un carnet, explorant toutes les pistes, même les plus tordues.

Le temps passe sans que l'on s'en rende compte. Notre temps libre est dû à l'absence de nombreux professeurs assignés au remplacement d'espions plus qualifiés rapatriés pour s'occuper de mon enquête. Mais quand la première sonnerie résonne, mon emploi du temps s'affiche dans mon esprit et je me redresse soudainement.

- Alyssa, on a espagnol!

Sans plus de commentaire, nous détalons aussi vite que le permettent nos jambes et ceux qui déambulent dans le couloirs. Nous arrivons essoufflées  dans la salle et, en fixant le sol, sur les pointes de pieds, nous tentons de nous faufiler jusqu'à notre place. Nous croyons notre entreprise folle réussie lorsque le visage de Tim face à nous, se tire en une grimace. Un raclement de gorge méprisant venant notre dos nous arrache une grimace également.

Une voix stridente nous fait sursauter.

- Vous pensiez réellement pouvoir arriver à mon cours en retard et passer inaperçues  Mesdemoiselles?

Bon, mode acteur activé. Je fais monter les larmes et me tourne lentement vers elle avec un air contrit.

- Je m'excuse sincèrement madame. Nous ne comptions pas vous manquer de respect. Mais je pensais que mon père vous aurez prévenu. Suite à mon enlèvement, je fais souvent des crises de paniques et suis soumise à de fréquents malaises. Ne punissez pas Alyssa pour ma faiblesse. Elle ne pouvait moralement pas me laisser seule dans le couloir. Ou du moins je pense que ni Marc, ni le directeur n'apprécieraient. Mais je peux toujours me rendre dans leur bureau pour leur expliquer l'affaire et en subir les conséquences.

- Ça, c'était un coup bas. me chuchote Alyssa avec un petit sourire.

Même si leur niveau d'espagnol n'est pas terrible, tous ont compris l'idée. Le silence règne un moment puis la professeurs lâche amèrement:

- Et dire que vous aviez promis une amélioration de votre comportement cette année...

Puis sans me laisser le temps de répliquer, elle reprit son cours. Nous prenons nos places en silence puis activons discrètement nos montres pour commencer une discussion avec Lucie. Nous convenons que chacune d'entre nous doit faire le tri dans ses informations puis, au courant de la journée, nous feront tourner les carnets entre nous, barrant les hypothèses les moins probables.

Ainsi, nous passons le cours d'espagnol à nous tenir tranquille, réfléchissant longuement et raillant des phrases de temps à autres. Près de certaines idées, je mets une étoile, précisant ainsi que j'ai un léger doute sur ces dernières. À la sortie des cours, lorsque nous croisons l'une d'entre nous, nous échangeons nos carnets et nous remettons au travail. Pendant deux jours, nous épluchons chacune notre tour tous les carnets.

Le soir, je rentre à l'appartement. Je jette mon sac près du canapé et me jette sur ce dernier avec lassitude. Soudain, une odeur que je connais bien me fait relever la tête. Je renifle doucement plusieurs fois puis mes yeux s'illuminent quand Léo et Marc font éruption dans la pièce les bras chargés, pour l'un, de ma pizza préférée, pour l'autre, de mon gâteau au chocolat préféré. Ils me bousculent pour avoir la place de s'assoir.

Marc se saisit de la télécommande et allume la télé en déclarant d'un ton enjoué: "Soirée film!". Je me redresse pour mieux m'installer avec un grand sourire sur le visage. Cette soirée se déroula dans une ambiance agréable et joyeuse. Jusque là, je ne m'étais jamais rendu compte à quel point j'avais besoin d'un moment comme ça, en sécurité, en famille. Je me sens si bien que je finis par m'endormir sans m'en rendre compte, comme un bébé, ce qui ne m'était pas arrivé depuis des semaines. 

Le lendemain, nous nous retrouvons, Alyssa, Lucie et moi, dans ma chambre, carnets en main. Nous regroupons les dernières informations pour finir par la conclusion suivante: Orchidée est une femme séduisante et puissante. Partant de ce principe, je me rends sur mon ordinateur et commence à rechercher les habitants de la ville concernée. Soudain, quelqu'un tape violemment à la porte. Lucie l'ouvre et Greg entre en furie. Il se jette sur mon ordinateur et l'éteint en le claquant violemment. 

- Punaise Greg, qu'est-ce que tu fiches?! 

Tim et Robin arrivent, eux aussi légèrement essoufflés. 

- Bon sang Greg,, tu cours vite! s'exclame Tim tandis que Robin se dispense de commentaire. 

- Le réseau est piégé. Toutes nos recherchent sont surveillées.

Je m'écarte rapidement de l'ordinateur. 

- C'est pas vrai...

- On aurait dû s'en douter. Ils sont pas bêtes, ils ont dû comprendre qu'on trafiquait quelque chose.

- Alors comment on fait? 

- Je suis entrain d'essayer de contourner leur plan avec Josh mais on va avoir besoin de ton aide Lucie. C'est plus complexe que ce qu'on pensait.

- D'accord, j'arrive. En attendant, on peut toujours utiliser le réseaux de nos montres pour communiquer. En les créant j'ai fait en sorte qu'il soit inaccessible de l'intérieur. J'en profiterai pour créer un algorithme pour nous aider. La ville contient plus de trois milles habitants, faire du cas par cas nous ferait perdre un temps fou. 

- Bon très bien, on fait ça. 

Tim et Lucie s'éclipsent. Robin s'apprête à faire de même quand je le retiens.

- Votre équipe avance? 

Il se gratte la nuque d'un air embêté. 

- Ouais, ouais, on peut dire ça.

Il jette un coup d'œil à sa montre.

- Bon, je suis désolé mais faut vraiment que j'y aille là.

- Oh mais vas-y, je voulais pas te déranger. me vexé-je. 

- Quoi, non, ce n'est pas ça...

Il regarde de nouveau ça montre puis commence à reculer. 

- Il faut qu'on parle. Ouais, il faut... il faut qu'on parle, mais là... Là...

Il ne finit pas sa phrase et part en courant. 

- Euh... Léna?

Je ne réponds pas.

- Tu sais que je t'adore mais si tu continue de me serrer le bras comme ça tu vas clairement laisser une marque. 

Me rendant compte de mon geste, je le lâche rapidement. 

- Bon, pour te changer les idées, laisse moi te raconter comment j'ai complètement pas du tout respecté la seule demande que tu m'avais fait même si j'ai fait de mon mieux donc s'il te plaît ne t'énerve pas? 

Un silence remplit la pièce. Alyssa s'affale sur un pouf et s'exclame avec un grand sourire:

- Je sors le pop-corn?

W.S.P. 2: Obtenir justice, mais à quel prix?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant