My Last Game [ Tome 3 ]

1- Prologue

Yeri

Mes poumons fonctionnent à plein régime. Mon coeur s'emballe tellement que c'est à peine si mon esprit supporte toute cette pagaille.

Je ne sais si ce que je vois est réel.
Peut-être que oui.
Peut-être que non.
Si j'en crois l'appareil à cire que je tiens fermement entre les mains, il est difficile de noyer le poisson. Je l'ai fait. Je le sais.

Solar sort de sa torpeur et ajuste son chemisier sur sa peau. Trois boutons manquent à l'appel mais elle retrouve rapidement la fureur qui la caractérise en crachant sur ce qui est à nos pieds.

— Connard.

Je lâche bruyamment la preuve de mon méfait sur le parquet qui absorbe moyemment le choc.

— Je suis dans la merde...

— Yeri!

Mon amie se rue vers moi pour m'empêcher de commencer une crise d'angoisse et accroche mes joues avec force.

— Regarde-moi. Tout va bien, je te dis.

— Non! Tout ne va pas bien. Je...

— Je sais. Tu l'as fait pour moi. Ok? Pour moi.

Comme si elle lisait mes pensées, elle m'attire contre elle et réconforte mon petit coeur en miettes.

— J'ai... Je suis...

— Tout va bien. Je vais arranger ça.

Mon amie m'entraîne vers la banquette de ma chambre afin que je m'y pose et s'agite pour organiser ses actions.

— Il faut que je... Non, ce n'est pas possible. On nous verra. Peut-être que... Non plus. Il ne faut pas qu'il soit mêlé à ça.

— Solar...

— Je suis là, ma belle. Laisse-moi juste quelques secondes pour réfléchir, après j'arrange tout.

Lorsque nous étions enfants, je croyais au fameux baiser magique qui guérissait les bobos de corps ou bien au pouvoir de la douche qui permettait de se vider des vilaines pensées. Ma mère m'avait très vite habituée à ce rituel qu'elle utilisait pour monopoliser la salle de bain pour de longues soirées.

Mais là, il n'en est rien de tout ça. Comment régler ce que j'ai fait? 

— Je vais aller en prison.

— Oh que non. Cite-moi une personne qui serait capable de couvrir un crime? Moi. Et je peux te fournir pas mal d'autres noms. Je vais régler la situation. Il faut juste que je m'assure que les pestes ne sont pas au rez-de-chaussée.

Solar approche de la porte et me jette un coup d'oeil inquiet.

— Ferme derrière moi pour éviter que quelqu'un ne débarque malencontreusement.

— Pitié. Ne me laisse pas avec...

— Je reviens vite. Promis.

Je fais appel à toute ma force intérieure pour enjamber l'objet de ma panique et arriver jusqu'au verrou que je tourne.
Ça y est, il ne reste plus que moi et ma conscience.
Et ça.

Cette chose qui n'aurait jamais dû se trouver là, en compagnie de ma meilleure amie.

Je n'aurais jamais dû rentrer dans son jeu.
J'aurais dû écouter mon instinct qui me disait que c'était une très mauvaise idée.

A la base, je souhaitais passer la plus sympathiques des soirées. Et me voilà, fixant la conséquence de mes actions. Des pas rapides dans les escaliers me tirent de mes pensées. Après un petit mot rassurant, j'ouvre à Solar et verrouille derrière nous.

— Va falloir le planquer. Il y a toute l'équipe de foot en bas. Je ne sais pas comment on va faire...

— Va t'en. C'est mon problème. Pas le tien.

— Hors de question, je ne te laisse pas tomber.

— J'ai...

— Tu m'as défendue. Bref. On va le planquer sur l'autre banquette face au mur et on va chercher les autres.

Je ne suis pas sûre d'avoir la force d'agir comme si de rien était.

— Yeri? On va s'en sortir.

— Oui... Est ce que tu veux bien que j'appelle quelqu'un pour nous aider?

— Ce n'est pas prudent...

Je comprends tout à fait son point de vue, mais je suis à deux doigts de la crise de panique. Une seule personne est capable de résoudre cette situation insoluble.
Celle qui a toujours compté pour moi.
La femme à l'origine de mon existence.

Je me saisis de mon téléphone et compose son numéro alors qu'elle est censée dormir paisiblement pour récupérer de son état fragile.

— Allô?

— Maman...

— Ma puce. Ça va?

Oh que non, rien ne va. Mais si je l'appelle à une heure aussi tardive, elle doit bien s'en douter.

— Maman... Je crois que j'ai fait une grosse bêtise.