56- L'art de l'esquive

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Yeri
Pendant ce temps...

Nous descendons très vite les escaliers avec l'impression que quelque chose se trame derrière nous. Le silence peut avoir des effets angoissants dans des moments de grand stress. Je fais signe à Jeongin pour qu'il attire l'attention de tout ce beau monde afin de nous permettre d'aller à la cave et d'y revenir, chargées sans que cela n'interpelle l'assistance.

Mon G-Man grimpe sur la table du salon et se met à chantonner un rythme tout en effectuant une chorégraphie qui incite les convives à l'imiter. Le public se laisse porter et j'en viens à me demander si mon asocial préféré n'aurait pas des talents cachés d'animateur. Mon petit fauve sauvage est une vraie bête de scène. Ce stratagème nous permet de passer par la porte située dans la cuisine et de descendre à la cave. Celle-ci respire l'humidité et pourrait accueillir un film d'horreur.

— Tu penses que ça suffira? Me demande Solar qui sort une vieille bâche des décombres.

— Je... crois. Je n'y connais rien. Je n'ai pas pris l'option "planque de cadavre". 

— Chut. Ne prononce pas le mot C-A-D-A-V-R-E à haute voix, on ne sait pas qui peut trainer à côté, dit-elle en murmurant. Prend la pelle à ta droite, ça ira, je pense. Ta mère nous le dira.

Nous remontons à la hâte dans la cuisine et découvrons un véritable show de cinquante personnes qui répète une chorégraphie collective. Jeongin remplit sa mission à la perfection. Une fois arrivée devant ma porte, je tremble, ne voulant pas revoir cette vision d'horreur. 

Ma meilleure amie s'agace de mon hésitation et me pousse à déverrouiller la porte. C'est là que le souffle nous quitte. Le corps n'est plus là...
La banquette-lit de Lucas a été renversée et le plaid étalé.

— Il a ressuscité...

Solar observe la scène de non-crime d'un oeil de lynx. Puis elle nous débarrasse de nos outils avant de se frotter le visage.

— C'est la merde. Il s'est enfui.

— Il va me dénoncer! J'ai essayé de le tuer! 

Mon amie se rue vers l'armoire et commence à pester en tâtonnant avec la main sur la planche en hauteur. 

— Il était là... Où est ce qu'il... Ah! Ca y est.

Solar récupère un téléphone, pianote dessus en sautillant. Je ne vois pas ce qu'il y a de positif dans toute cette situation. Puis elle fonce vers la table de chevet et en ressort un deuxième téléphone qui semble l'envoyer au septième ciel.

— Parfait! On le tient!

— On tient qui?

— Taeju. L'agression de ce soir est sauvegardée.

— Tu veux dire que tu me vois faire une tentative de meurtre?

Elle rigole en me montrant l'écran et en faisant défiler les images en vitesse rapide. Je prends alors conscience du danger dans lequel elle s'est mis et de l'agression qu'elle a vécu avant que je n'arrive. Puis ma maladresse coupe l'enregistrement du premier téléphone qui tombe à cause de la porte tandis que le choc de mon saut fait basculer l'écran vers le plafond pour celui qui se trouvait au niveau de la table de chevet.

— Bon, c'est déjà bien mais qu'est ce qu'on fait maintenant? Imagine qu'il nous attende en bas? Lui demandé-je inquiète.

— Il faut qu'on aille affronter son père maintenant. Le député Ho ne pourra rien étouffer avec une preuve comme celle-ci. 

Un signal sur mon téléphone m'indique que ma mère nous attend à proximité. Solar s'empresse de sauvegarder les images avant de m'attraper par la main pour qu'on quitte les lieux. Je crains de voir débarquer Taeju en mode zombie et pique un sprint dans l'escalier. Malheureusement, notre élan est arrêté par Jeonghan, au pied de celui-ci.

— Tiens, tiens, les filles. Je vous vois courir dans tous les sens depuis tout à l'heure. Qu'est ce que vous faites?

— Rien qui ne t'intéresse, lui répond Solar.

— T'es pas censée être stone, toi? 

De quoi est ce qu'il parle? Leur affrontement visuel m'indique que j'ai raté une partie de l'histoire mais ce n'est pas le moment de trainer.

— On doit y aller, pardon.

— Non, vous n'irez nul part. Remontez.

— Dans tes rêves, connard, gronde Solar qui lui balance un coup de genou dans les parties intimes. 

Le choc attire le regard des footballeurs ainsi que de Jeongin et Seulgi qui comprennent que nous sommes en mauvaise posture. G-Man saute de la scène et fait une pirouette de danseuse classique qui désigne la porte à prendre.
Nous réussissons à traverser le salon et piquons le plus beau sprint de notre vie en apercevant la voiture de ma mère. Je me jette sur la place avant tandis que les trois s'entassent à l'arrière en intimant ma mère de rouler à toute vitesse. Sans comprendre ce qu'il se passe, nous nous retrouvons en quatrième et mettons une bonne distance entre ces fous furieux et nous. 

— Bon... Il est où votre cadavre? Dit-elle à bout de souffle.

— En vie...

— Il y a un cadavre? S'inquiète Seulgi. 

— Plus maintenant, il a ressuscité. Mais il faut qu'on aille à la demeure du député Ho. 

— Et vous avez l'intention d'y faire quoi? Demande ma mère.

— Il faut qu'on aille faire du chantage à un autre monstre, répond Solar, d'un air terrifiant.

My Last Game [ Tome 3 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant