36- Clap de fin

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Yeri

Tu vas mourir!
Je n'ai pas la chance de la fille du film The Ring et d'attendre sept jours. Ma menace est imminente, sous fond de télépathie avec mon frère. Tandis que les sportifs rentrent au vestiaire, l'équipe de Changbin les dévisage avec une haine impressionnante. Je ne comprends pas à quel moment mon frère a développé une aversion pour ce sport.

Au moment où toute présence extérieure devient inexistante autour de moi, le grand Seo Changbin passe la barrière pour me faire face.  

— Donne-moi une bonne raison de ne pas t'enfermer chez les parents jusqu'à tes 40 ans. 

— Tu n'es pas mon père ni mon mari. Est-ce suffisant ?

— Moi je le suis! Et tu ne m'as rien dit! S'ajoute Hyunjin dans notre conversation.

Celui dont je partage le nom semble réellement en colère. L'omission de ma nouvelle pratique sportive provoque des comportement exagérés. Même si ces footballeurs sont connus pour leur suffisance, ils ne peuvent pas attirer une telle haine naturelle, à moins que Jisung, Chris et Felix n'ait parlé des derniers événements. Je ne peux donc pas leur faire confiance.

— Depuis quand est ce que tu fréquentes cet enculé? Me questionne mon frère. 

Sa main désigne le tunnel menant aux vestiaires où se situe encore Lucas qui observe cette scène humiliante de loin et s'en va, sentant les regards se tourner vers lui. Voilà donc ce qui les tracasse, ma proximité avec mon ex cavalier. La rancune est tenace voir maladive.

— Je te trouve un peu dur avec lui, lui réponds-je.

— Tu plaisantes? Tu t'entends?

— Oui, et je maintiens mes propos. Tu es toujours excessif dans tes paroles et dans tes actes. Il n'est peut-être pas le mec le plus clean, je te l'accorde mais il y a pire. Et surtout il fait des efforts pour que ça se passe mieux entre nous. 

Leurs regards se transforment en dégoût. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils sont aussi braqués et cela me rend plus têtue que posée.

— Depuis quand est ce qu'il y a un "vous"? Je te jure, Yeri, arrête de dire des conneries car t'es en train de blesser ton amie, me reproche Hyunjin.

La mention de Solar me prend au dépourvu car je ne comprends pas ce qu'elle a à voir là-dedans. Mon amie n'était pas encore dans nos vies au moment du bal où j'étais l'objectif de Lucas. Elle n'a jamais été concernée par cette perte de véhicule, dont ils ignorent encore l'existence ni par ce harcèlement sur le terrain. Je ne vois donc pas pourquoi elle est placée sur le piédestal de la vulnérabilité. A moins qu'elle ne vive ma vie par procuration, cela n'a aucun sens.

— C'est vous qui êtes en train de délirer. Vous devriez vous voir, tous les sept, prêts à foncer sur n'importe qui. Ce mec n'est pas celui que vous pensez et je ne vous laisserai pas l'afficher comme tel.

— Yeri, arrête! Me menace Changbin. Je te jure que je vais t'en foutre une. 

— Je suis bien assez grande pour choisir qui je fréquente et si ça ne vous convient pas, alors rien ne vous retient ici. Ca fait trois semaines qu'il vient me chercher pour aller aux matchs et me redépose. Tout ce que vous avez contre lui, c'est de l'histoire ancienne. Il faut tourner la page maintenant. Sinon, c'est que le problème ne vient pas de lui finalement.

Solar s'avance et me gifle avec une telle puissance que j'en perds le souffle alors que ma joue me picote dans l'immédiat. Aucun d'entre eux ne prend ma défense ou ne réagit. Surtout pas mon frère. Je crois que c'est cela qui m'achève le plus. 
La raison m'abandonne et je me mets à courir le long du stade universitaire. Je ne leur laisse pas le temps de réagir et de se mettre à ma poursuite puisque j'enchaine les petits chemins imaginés dans ma tête pour atterrir sur le parking arrière.

Lucas fait sauter ses clés dans sa main, tout en avançant vers son Audi. A proximité patientent Taeju, Joenghan, Hoshi, Josha et Wonwoo. J'ai du mal à retenir les larmes dans mes yeux après un tel affrontement et récupère les clés de mon ex-cavalier pour entrer dans son véhicule sans attendre. Je le vois surpris puis se mettre d'accord sur le trajet avec ses camarades de sport avant de prendre la place de conducteur.
Je viens de me mettre à dos ceux que je considérais comme ma famille pour la défense d'un sentiment d'incompréhension. Leur réaction est disproportionnée, insensée et injuste envers Lucas.

— On va à la plage, m'indique le pilote. Si tu n'as pas de maillot, on t'en achètera un là-bas.

Lucas n'imagine pas que la mer et l'absence d'habits adaptés est le cadet de mes soucis. Sur la route, je le surprends plusieurs fois à me regarder en coin comme s'il craignait que je m'effondre. M'éloigner de cette faculté et de mon frère m'offre un bol d'air inespéré. Je ne regrette rien. Lucas n'est peut-être pas un modèle de sainteté mais il n'est pas le monstre dépeint.

— Tu veux te confier? Me demande-t-il.

— Je n'ai pas vraiment envie d'en parler. 

— Comme tu veux. Mais sache que je suis là si tu en as besoin.

Mon téléphone vibre sans interruption depuis mon départ précipité. Je vois les noms défiler.
Chris.
Hyunjin.
Jisung.
Minho.
Felix.
Mais pas celui de mon frère ni le nom de celle que je considérais comme ma soeur de coeur. Qu'ils aillent au diable, tous les deux. 

— Eteins ton téléphone. Tu peux le laisser dans la boîte à gants. Personne n'y touchera.

Je sais qu'il fait référence à l'accusation que j'avais porté contre lui après qu'il m'a ramené mon sac. Même si je commence à bien entendre avec lui, ce n'est pas pour autant que je lui fais confiance. Mais si l'endroit où nous allons accueillera aussi Taeju et ses sbires, il serait en effet plus prudent de ranger loin de leur portée cet objet qui dévoile mes conflits familiaux et amicaux.
J'obéis et mets fin à cette torture sonore faite de vibrations. Après une heure et demie de route, nous atteignons la plage dans une ambiance rappelant celle des vacances. Il me semble entendre Lucas me conseiller de rester près de lui mais je focalise mon attention sur les cinq garçons trop souriants pour m'inspirer confiance. Chacun d'eux observe mes gestes et contribue à agrandir le malaise. Ma tenue de cheerleaders tranche avec leur décontraction. Même s'ils n'ont pas eu le temps de se doucher, ils se fondent plus ou moins dans le décor. Je ne sais si c'est pour mettre fin à cette gêne mais Lucas propose de m'accompagner faire quelques emplettes dans les boutiques d'à côté. Ce laps de temps me permet de penser à autre chose que la pagaille que j'ai créée dans mon groupe d'amis et le geste blessant de Solar à mon encontre.

My Last Game [ Tome 3 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant