My Last Game [ Tome 3 ]

40- Bombastic Side Eye

Yeri

Ma mère manque de s'étaler dans l'entrée en nous découvrant tous dans des positions les unes les plus bizarres que les autres. Jisung et Minho ont finalement atterri dans mon canapé, l'un se blotissant contre mes pieds tandis que l'autre me colle comme un koala. Hyunjin a rapproché le fauteuil du canapé pour étaler ses pieds sur les accoudoirs, d'où l'odeur que je trouvais suspecte. J'avais pensé à l'haleine de Minho mais n'osais pas m'y résoudre à accepter une telle vérité. Felix a carrément basculer le fauteuil en arrière et l'a retourné pour qu'il épouse à la perfection le tapis. Il s'en est fait un oreiller qu'il partage avec Chris. 

— Mais qu'est ce qu'il se passe ici? S'exclame mon père. 

— Bonjour, marmonné-je la bouche pâteuse. 

— Ma Yeri! Sautille celle qui ne m'a pas vu depuis un mois. 

— Pourquoi vous n'êtes pas dans la chambre? Me questionne mon paternel. 

Je n'ai aucune envie d'expliquer ma prise de bec avec celui qu'ils ont engendré en premier. A court d'argument crédible, je hausse les épaules mais Hyunjin me vient en aide en affirmant que nous souhaitions faire du camping. Son ajout pour le désir de vivre des sensations fortes est peut-être un peu trop poussé pour être crédible. Mon père observe que son fils ne se trouve pas dans ce méli-mélo de corps et demande de ses nouvelles. Chris a la bonne idée de suggérer qu'il avait besoin d'intimité avec Solar.
La menace retentit alors. Nous avons quinze minutes pour remettre le salon en ordre avant d'écoper de l'aspirateur et de la serpillière à passer. Après quoi, ma mère me kidnappe dans la cuisine pour m'obliger à passer ce lundi férié à leurs côtés. Mes vaines tentatives pour rentrer sont balayées par les larmes au coin des yeux de celle submergée par ses hormones. Son quatrième mois de grossesse commence à se voir avec un petit arrondissement du bas de son ventre.

Je multiplie les câlins pour partager le manque de son odeur et de son toucher et surprends les regards indiscrets et attendris de ceux qui ne me quittent toujours pas.

— Tu n'as pas le choix. Tu m'accompagnes à mon rendez-vous d'échographie à 18 heures.

— J'expliquerai mon absence pour l'entraînement de cheerleaders.

A son regard, je comprends que je vais devoir expliquer cette donnée sortie du chapeau. Mon corps est entrainé sur les chaises afin que je détaille mes motivations, le déroulé des entraînements et les prestations lors des matchs. Cela fait plaisir de voir que ma mère est la première réelle personne à s'intéresser à cette partie de ma vie. L'équipe de Taeju m'a peut-être manipulée pour que j'y participe mais je commence à y prendre goût. Je me rends bien compte que l'équipe de garçons assise plus proche de nous qu'il y a cinq minutes enregistre chaque information pour pouvoir tout répéter au grand chef Binnie. Sa colère et sa sentence ne me font plus peur. Je décide donc d'insister sur mon aisance à enchaîner les chorégraphies.

— Ce qu'elle ne te dit pas, c'est qu'elle côtoie des personnes peu recommandables en faisant ce sport, lâche Changbin qui nous rejoint sans s'annoncer. D'où notre prise de tête.

— Je vis ma vie comme je l'entends et ne t'attends pas à ce que je demande ta bénédiction pour me gratter les fesses ou me rapprocher d'un mec que tu n'apprécies pas.  

— Doucement les enfants, lance mon père qui analyse la situation. Bonjour Solar, j'espère que tu as passé une bonne nuit. Si tu veux des affaires pour te changer, tu peux en demander à Yeri. Elle t'en prêtera. 

Le regard sur le côté avec un air explosif voir meurtrier, j'observe l'approche de cette catcheuse dans mon espace de vie familial. La cuisine ouverte sur le salon a toujours été un endroit apaisant et rassurant mais à présent, je me sens mal à l'aise avec cet intrus.
Mon père insiste une deuxième fois en faisant le geste de l'entraîner vers la chambre. Je suis intimement persuadée qu'elle pourrait trouver de quoi s'habiller en fouillant comme une grande mais je ne peux expliquer l'agacement que je ressens à l'idée qu'elle se serve dans mes affaires. Je porte encore mes vêtements de la veille, payés par Lucas et personne ne s'en soucie. Elle pourrait en faire de même.

— Yeri, tonne mon père me laissant peu de possibilités d'échappatoire.

Je délaisse donc le corps chaud de ma mère pour la froideur glaciale de ma colère en présence de mon agresseur intimidée.
Une fois dans la chambre, j'analyse les draps d'un oeil lointain et constate qu'ils ont dormi côte à côte. Ils couchent peut-être ensemble mais cela ne m'intéresse plus. J'attrape la première robe qui traine devant moi et la lui tends.

— Tiens. 

— Je n'aime pas le bleu, me répond la capricieuse.

Tout en soupirant exagérément, je lui tends une autre qui ira parfaitement avec son âme de traitresse.

— Elle est trop courte. Changbin n'appréciera pas.

— Je ne savais pas que tu étais soumise, maintenant...

— Non, mais je le respecte.

Mademoiselle veut se la jouer petite copine modèle. Grand bien lui fasse, je la mettrai cette robe scandaleuse pour lui prouver qu'une femme peut être respectable même avec un vêtement qui lui arrive à la hauteur mi-cuisse. J'attrape ce que j'ai de plus long et de plus difforme pour satisfaire ses besoins de pudeur mensongère et amorce un pas vers la porte.

— J'ai besoin d'une culotte et d'un soutien-gorge.

Il faut que je souffle car je vais commettre un meurtre et cela est interdit par la loi.

— Sers-toi dans ma commode.

Tuer, c'est mal. Aller dans le salon pour la torturer mentalement, c'est mieux.

— Et une crème démaquillante. Plus du fond de teint. 

— Je suis sûre que tu trouveras toute seule en fouillant dans mes affaires. Après tout, tu es passée maître dans l'art de me copier. Petit conseil, tu as encore du boulot pour qu'ils t'acceptent dans comme élément central du groupe. J'ai dix-huit années d'avance...

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et retourne au salon. Les garçons affichent une mine pleine d'espoir puis soupirent en voyant que je véhicule une colère extrême. Mon frère ne prend pas la peine de rester et s'éclipse pour la retrouver. Il a fait son choix. Il le regrettera. Quant à moi, je campe sur mes positions.