My Last Game [ Tome 3 ]

3- Premier arrivé, premier servi

Yeri

J'angoisse pour ma première journée de cours. Même si je le savais, je vais me retrouver sans mes amis au moment où je franchirai la porte de notre villa, lieu qui me sert dorénavant de foyer.

Les premiers jours de cohabitation avec Joy et Wendy ont été difficiles vu le nombre de piques qu'on se lançait mais il faut avouer que la présence d'un garçon dans cette maison fait du bien au moral des troupes.
Jeongin est mon rayon de soleil carré. Ma petite perfection rigide. Il est assez clairvoyant quand il s'agit d'analyser une situation mais un vrai bigleux concernant les relations humaines.

— Tu stresses... Observe Jeongin.

— Bingo.

— C'est pas toi qui disait que tout irait bien?

— Tu n'imagines pas comment j'aimerais bien t'étouffer, parfois.

— Seulgi aussi. Mais elle le fait au niveau du cou. On a un code quand ça devient trop...

— Stop! Merci. Je suis innocente. Je ne veux rien savoir de vos trucs tordus!

Mon ami me motive ainsi à passer la porte et à fuir vers ma petite Suzuki. Quelle merveille. Merci papa pour ce beau bijou très pratique. Adieu les bus remplis de pervers. Au diable le covoiturage risqué. A moi les routes de Séoul, la musique à fond!
Et me voici qui tourne en rond depuis une demi-heure sur le parking de la fac pour attendre qu'une place se libère... Qu'est ce que j'avais dit sur les joies de la voiture?

Lorsqu'un pickup sort du stationnement en bout de ligne du cul de sac, j'avance tranquillement pour me positionner dessus mais un véhicule dont je ne m'étais pas méfiée me double à toute allure et s'engouffre dans la place. J'en reste abasourdie par tant de culot.
Il est hors de question que je me laisse faire. Je place donc mon véhicule devant le sien pour l'empêcher de sortir et quitte mon siège pour aller lui dire deux mots.

— J'étais là avant!

Enfin quatre...

— Pleure pas ma puce, me répond l'inconnu. T'en auras d'autres.

— Non, celle-là c'était la mienne. Ça fait une demi-heure que j'attends!

— Ben je t'en prie, continue. Tu fais ça très bien.

Le petit effronté verrouille son SUV, modèle qui doit coûter plus cher que l'appartement de mes parents, et déambule les mains dans les poches tel le Prince de Bel-Air. J'en arrive à me demander s'il vient vraiment de me congédier avec mépris?

Mon immaturité reprenant le dessus, je décide d'agir aussi bêtement en laissant ma voiture en place. Techniquement, je ne gêne que son véhicule. Par précaution, je laisse une note sur mon tableau de bord suppliant de me contacter au numéro indiqué si un véhicule de fourrière est appelé. Mais je me permets également de laisser une petite note sur un papier glissé entre les essuie-glaces de son pare-brise.

"Quand tu auras appris la politesse et trouveras la force de t'excuser, appelle-moi. Sinon va te faire foutre."

Maintenant en retard de plusieurs minutes, je me dépêche pour retrouver le bâtiment consacré au sport et aux soins. Un petit indice: il est à côté des installations sportives. Soit à l'autre bout du campus. La marche rapide s'annonce à la hauteur de la crispation de mes nerfs.
Pour cette journée d'accueil, l'élève de deuxième année chargé de ma visite doit m'attendre et je n'ai pas envie de lui faire mauvaise impression.

A mesure que j'approche du gymnase, le style vestimentaire change, ainsi que les carrures. Nous passons des rats de bibliothèque aux bodybuildés en short.
Mes yeux papillonnent à droite et à gauche pour trouver le point de ralliement quand je repère trois petites têtes perdues qui errent en peine. Cela m'indique que je suis au bon endroit.

Ce coaching par les anciens ne concerne que les volontaires à l'inscription. Ayant la crainte d'être perdue dans cette section, je me suis dit qu'être épaulée ne me ferait pas de mal.
J'approche donc de mes copines d'aventure pour les saluer.

— Coucou, moi c'est Yeri.

Les yeux d'une petite brune s'illuminent, comme rassurée de voir un peu de douceur dans cette zone remplie de stress.

— Jennie. Nouvelle toi aussi?

— C'est ça.

— On attend encore les garçons. On dit qu'ils sont cools. Un peu borderline avec leurs blagues à la con mais pas vraiment méchants.

— Tu les as déjà rencontrés ?

— En quelques sortes mais je ne les connais pas très bien.

Jennie ne précise pas davantage la nature de ses relations, tout comme je ne mentionne pas en connaitre deux d'entre eux. C'est à ce moment que quatre têtes s'approchent de nous.

— Mais qu'avons-nous là? Les plus belles filles du pays, jubile Lucas.

Ma voisine de droite se trémousse pour cacher ses rougeurs tandis que Jennie ne relève à peine le compliment. Cette fille a tout d'une armoire à glace dans l'attitude.

— Jennie. Tu es toute en beauté, déclare Jaemin.

Voilà donc celui qu'elle connait. Peut-être sont-ils d'anciens amants ou a-t-elle eu l'occasion elle aussi d'être enfermée dans une chambre avec lui?

— En forme, Yeri? Me questionne-t-il.

Je m'apprête à confirmer quand je réalise connaître l'identité de quatrième encore caché derrière son Iphone56 version gold 18 carat.
Le voleur de place. Il ne manquait plus que lui.

— Oh mais c'est ma petite nerveuse du parking.

— Vous vous connaissez? Demande Lucas.

— On a eu une rencontre un peu mouvementée, je dirais. Mais ce que je sais de notre nouvelle recrue est qu'elle est d'une grande patience. N'est ce pas?

Veut-il parier sur le temps que je tiendrai avant de lui décrocher un coup de pied dans les bijoux de famille?

— Yeri, Taeju. Taeju, Yeri, dit Lucas qui fait les présentations. C'est justement ton chargé de visite mais si tu n'es pas à l'aise, sache que je suis prêt à t'échanger contre... Euh, comment tu t'appelles encore?

— Mina...

— Ouai, c'est ça. Mina. Alors? Ça vous arrange comme ça?

— Non, répond Taeju. Je crois que je vais garder ma partenaire. A moins qu'elle n'ait peur que j'aille trop vite dans mes explications.

— Je relève le défi.

— Okay... Rien compris, souffle Jaemin. Bref. On y va. Jennie, avec moi. Mina avec Lucas. La demoiselle qui se cache avec Jeonghan et Yeri avec Taeju.

— Jisoo. Elle s'appelle Jisoo, le reprend Jennie.

— Ravi d'avoir ton prénom sur le bout des lèvres. Si t'es intéressée par quoique ce soit d'autre que du boulot, fais-moi signe. T'es mon genre. Allez. Let's go, tout le monde.

Je reste hébétée devant ce qu'il vient de se passer. Je me suis inscrite en sport option sexe libéré?
Pas le temps de cogiter que Taeju m'attire par le poignet pour me faire avancer.