My Last Game [ Tome 3 ]

26- Le chef d'orchestre

Yeri

Ce traquenard dans lequel je suis tombée m'oblige à rencontrer la coach des cheerleaders dans le cadre du premier entraînement. Celle-ci se montre enthousiaste d'accueillir deux postulantes au sein de son équipe et décide de tester notre dynamisme pour choisir notre rôle dans le groupe. Malheureusement pour ma gêne, l'équipe de football est aux premières loges de ce test physique. On m'informe par la même occasion que cette participation comptera comme option qui m'était nécessaire dans mon cursus. Il y a donc un point positif à toute cette pagaille.

L'enchaînement est dévoilé à deux reprises avant qu'on nous demande de nous entraîner avec des tuteurs désignés. La jeune fille qui m'accompagne rebondit plus vite que mon avenir et me laisse constamment à la traîne. Je crois qu'elle n'a pas intégré que je ne souhaitais pas lui voler sa place dans l'équipe.
Au moment du grand final, Jennie compatit avec moi lorsque nous nous trouvons au milieu de toute cette mêlée. Les regards des footballeurs se veulent moqueurs tout comme ceux des filles tandis que la coach est peu encourageante. Je fais malgré tout le vide dans mon esprit et donne le meilleur de moi-même. La musique entraîne mon corps et les nombreuses erreurs effectuées pendant l'entraînement sont anticipées. Au final, j'ai l'impression de me balancer comme une poupée sans que le résultat ne soit trop catastrophique.
Lucas est bien le seul à l'applaudir à la fin de la prestation, ce qui me permet d'occulter les sifflements graveleux qui font ricaner notre coach. Le jugement tombe et ma nouvelle amie récolte la majorité des réprimandes quant à son manque de souffle, sa souplesse assez limite et sa motivation absente. S'en est à se demander si elle aussi se trouve dans ce pétrin par obligation. Nous sommes malgré tout confirmées dans l'équipe de cheerleaders et devons nous présenter du lundi au vendredi, sur le terrain de 18 heures à 19 heures. Il va sans dire que nos dimanches ne sont pas consacrées au repos puisqu'il est attendu que nous accompagnons l'équipe de football pendant ses déplacements. Me voilà officiellement accrochée à la bande de dégénérés qui m'agace au plus haut point.

Le chantage de Lucas était donc bien réfléchi. Je ne m'attendais pas à ce que celui qui a été proche de moi dans le passé se montre aussi sournois. Et cette absence de voiture complique la donne. A moins que Taeju ne me la rende, je vais être dépendante de quelqu'un du soir au weekend. Si j'en parle à Changbin, un cataclysme retentissant aura lieu dans la capitale. Mon père a mis toutes ses économies dans ce troisième véhicule pour que mon frère et moi soyons autonomes et puissions commencer notre vie d'adulte sur de bonnes bases. Il faut noter que ma première action a été de la perdre. Je ne suis pas prête à piétiner mon honneur et m'incliner devant ce tyran. Le voyant seul à la fontaine, je décide de revenir à la charge pour qu'il cède à ma pression.

— Taeju, ta blague a assez duré. Rends-moi ma voiture immédiatement.

— T'avais juste à m'appeler pour t'excuser. Tu ne l'as pas fait. Au contraire, t'as vandalisé la mienne alors j'augmente le prix.

— Je ne comprends pas ce que tu attends de moi à la fin.

— Tu le comprendras tôt ou tard.

Sans que je ne m'y attende, le capitaine se redresse et siffle pour avoir l'attention de ses coéquipiers occupés à se désaltérer. Comme s'ils s'étaient tous coordonnés pour ce signal, les footballeurs sortent leur téléphone et c'est le mien qui se met à vibrer. Les numéros affluent mais le plus inquiétant est que ceux-ci ont déjà des noms d'enregistrés, mais pas par moi.

— Quand j'exige de toi quelque chose, Yeri, tu le fais. Si tu tardes ou tu remets en question ma volonté, tu le paies.

— Tu as eu accès à mon téléphone, dis-je avec effroi.

— Tu n'imagines pas encore tout ce dont je suis capable. Maintenant hors de ma vue, je crois que tu as besoin d'une bonne douche.

Au claquement de doigts, l'un des défenseurs récupère mon corps et le balance sur son épaule. Encore ahurie, je réagis tardivement à cet enlèvement et constate que Hoshi se rend vers le gymnase comme l'a exigé Taeju. La panique agit comme un pic d'adrénaline et me permet de m'agiter pour empêcher que cette humiliation ne se poursuive. Les rires des sportifs et de mes soit-disant coéquipières l'encouragent à taper sur mon postérieur comme si le consentement était une donnée désuète. 

— Lâche-moi tout de suite ou tu vas le regretter.

— Non, il a dit sous la douche donc on y va.

L'impact de mes pieds dans son ventre l'ebranle assez pour que je le fasse vaciller. Au moment où sa prise se resserre, je commence à espérer une autre issue à tout cela.

— Frappe-moi encore une fois et je te promets que je te noie sous cette douche, me menace-t-il.

Mon esprit guerrier ne se soucie guère de la possibilité de mourir dans 5 millimètres d'eau et encourage mon corps à redoubler d'efforts dans ce duel. Tout à coup, nous nous immobilisons à quelques pas du gymnase. Je me contorsionne pour en comprendre la raison et découvre une silhouette familière face à nous.

— Tu la poses, tout de suite.