14- Soirée 1: Le Blond et la Brune

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Felix

Je salue les autres, prends ma voiture et roule vers Gangnam. Une fois garé, je me dépêche d'enlever toute trace de sueur avec le paquet de lingettes que m'a prêté Yeri. J'en passe même sous les aisselles en déboutonnant ma chemise mais suis surpris par quelqu'un qui cogne à la vitre.

— Alors, on fait dans l'exhib?

Son sourire est communicatif. Ma jolie brune doit le savoir car le clin d'oeil qu'elle rajoute me déstabilise. Je me rhabille très vite et sors de là pour la rejoindre.

— Si tu ne voulais pas que je te tue par l'odeur, il fallait bien ça.

— Tu étais au laser game.

— C'est ça.

Mon rendez-vous d'un soir minaude en prétextant s'en souvenir à peine mais je sais qu'elle est plus maligne que ça. Nous en avions discuté par SMS.

— Alors, resto?

— Plutôt bar. J'ai envie de te souler, petit blondinet.

Ce programme me plaît. Cette fille a du chien et c'est tout à fait ce qu'il me faut. J'observe sa tenue tandis qu'elle déambule devant moi. Une cambrure de rêve, de belles cuisses musclées, elle doit être sportive. Ses cheveux sont soyeux mais elle ne porte pas de maquillage mis à part deux traits d'eye liner.

— On s'arrête ici, dit-elle en poussant la porte d'un petit bar sans prétention.

Ce n'était pas une proposition mais une affirmation. Cette fille sait ce qu'elle veut, soit le parfait opposé de Yeri.
Je reconnais plusieurs étudiants dans l'endroit où nous nous installons. Il y a du monde pour un vendredi soir en deuxième partie de soirée. Ma partenaire salue de loin une jeune fille bien entourée puis nous désigne une table.

— Une amie?

— La meilleure, me répond-elle en souriant.

J'attends la suite de l'histoire ou des présentations mais elle n'ajoute rien. Cela ne m'étonne pas car je ne connais rien d'elle, pas même son prénom. Brunette. Voilà comment je la surnomme, dans ma tête.

— Ai-je enfin le droit d'avoir ton nom?

— C'est dingue ton besoin de mettre des étiquettes sur les choses.

Même si je ne le montre pas, son petit jeu est agaçant. Je ne semble pas demander la lune en voulant savoir à qui je m'adresse.

— Le campus est petit, tu finiras bien par le savoir donc autant s'amuser et garder le suspense le plus longtemps possible.

— Tu es dans quelle section?

— Pas dans la tienne.

Encore une fois, elle dévie de la question. Ça commence à m'agacer alors qu'on vient à peine de se poser. Comme si elle ressentait mon agacement, elle pose sa main sur mon avant-bras pour m'aider à me détendre.

— J'ai l'intention de changer de voie donc inutile que je t'en parle.

— Alors dis-moi vers quoi tu veux te tourner, si ça c'est possible.

— Le droit.

— Pas facile. Surtout si tu manques les premiers jours.

— Je sais. Mais je me dis qu'au pire, je ferai une année blanche pour remettre de l'ordre dans ma vie.

— Veux tu me parler de ce désordre?

Sa grimace peut être prise pour un non et ça m'aurait étonné. Cette fille est un vrai nid à problèmes. Ça se sent. Je ne sais pourquoi, je n'ai aucune patience avec les autres filles alors que je pourrais attendre Yeri pendant 50 ans. Et merde... Je parle encore d'elle.
Mes efforts ne riment à rien. Je ne suis pas prêt et pas motivé à passer à autre chose.

Je décide de couper court et de mettre fin à cette mascarade. Je ne suis pas là pour jouer aux devinettes mais me trouver ma putain de Yeri qui me regardera avec amour à chaque fois que je pénètrerai dans son périmètre, qui rigolera à chacune de mes blagues, qui hésitera sur les choix les plus cons comme vanille ou chocolat, qui ne rechignera pas à passer ses samedis soirs à la maison devant un film.

Je décide de lui poser une dernière question piège.

— Est ce que tu aimes la glace?

— J'adore.

— Bien... Je suis désolé Brunette mais je vais y aller. Ce fut un plaisir de faire ta rencontre à cette station essence. Ça arrive à tout le monde d'oublier sa carte bancaire à la caisse et j'ai été ravi de pouvoir te dépanner. Prends soin de toi.

Je m'en vais sans lui laisser le temps d'analyser ce qu'il vient de se passer. Je reprends mon véhicule et roule avec une certaine déception. C'est comme si l'univers avait voulu qu'on se rencontre, qu'elle soit devant moi dans la queue de paiement. Je l'ai vu paniquer en réalisant qu'elle n'avait pas de quoi payer. En même temps, le montant de cinq euros d'essence qu'elle avait mis était si dérisoire que je n'ai pas vu ce geste comme héroïque.

Finalement, cette fille ne sera pas mon âme soeur. Belle mais totalement à l'opposé de ce que j'ai en tête.
Yeri...

My Last Game [ Tome 3 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant