My Last Game [ Tome 3 ]

7- Consommez sans modération

Yeri

Quelqu'un était là dans ma chambre. J'en suis certaine. Les draps dégagent une chaleur et une odeur inhabituelle.
C'est probablement un coup du gang des Sans Culotte. Je vérifie que rien ne manque à l'appel, qu'elles n'ont pas tailladé mes strings ni découvert le tiroir aux plaisirs situé au niveau de ma table de chevet.
Tout semble être en place mais mon armoire a été visitée puisque le battant n'est pas placé comme d'habitude. La personne s'est donc contentée d'observer ma vie. Grand bien lui fasse.

Après avoir vérifié une dernière fois qu'il n'y avait personne sous le lit et dans la salle d'eau, je me couche, peu motivée à me nourrir ce soir. Trop d'émotions et mon corps est tout raplapla.

Le lendemain, le réveil de mon téléphone me rappelle qu'il est l'heure de se lever. Je peste contre celui qui a eu l'idée et la motivation pour cette invention quand je réalise que je ne l'ai pas programmé. Le message qui s'affiche sur l'écran est tout autant perturbant.

[ Dépêche-toi de vivre de magnifiques aventures. ]

Si quelqu'un me voulait du mal, il s'y serait pris autrement et aurait été plus agressif dans l'information transmise. Ce doit donc être une farce de Hyunjin. En tout cas, c'est très prévenant de sa part d'avoir pensé à me faire lever à l'heure.
J'enfile un legging de sport et un t-shirt assez ample pour couvrir mes fesses pour aussi bien affronter les cours théoriques le matin que la pratique l'après-midi.

Mais une fois dans la zone du campus qui me concerne, je me rends compte que je dois être la plus habillée des environs.

— Hey! M'interpelle Jennie. Ça va?

— Oui. Encore un peu perdue mais je vais bien finir par trouver mon chemin.

— Ou le prince charmant.

— Oh, ça c'est déjà fait, lui dis-je en montrant ma bague.

— Non... T'es mariée?

— Avec le plus beau de Séoul.

Je regrette aussitôt mes paroles. C'est comme tartiner mon homme de miel et de dire aux ours de ne pas approcher. Il faut toujours se méfier de la gent féminine car certaines n'ont aucun respect pour la vie de couple. Exceptions faites pour Solar, Seulgi et ma mère! Ces trois perles sont irréprochables.
En parlant de cette dernière, il faudrait que je passe la voir pour lui raconter mes premiers pas laborieux dans le monde des grands.

— Viens. On a cours ensemble.

Sans me laisser réellement le choix, ma nouvelle amie m'attrape par le poignet, me créant une sensation désagréable. Les contacts me sont difficiles à supporter quand je partage peu de choses avec les auteurs. Toutefois, je prends sur moi puisqu'elle me semble sympathique et motivée à ne pas me laisser errer telle une âme en peine.

Notre premier semestre se compose de cinq UE abordant les sciences de la vie, les sciences humaines, parties qui m'intéressent le plus contrairement à la didactique et à la pratique.
Je devrais donc pouvoir survivre à chaque matinée. Information que je confirme à midi en quittant la salle tandis que Jennie grimace. Elle ne semble pas très ravie d'être là. Je suppose qu'elle vise plus un avenir porté sur la pratique.
Tandis que nous quittons les lieux, je l'observe saluer discrètement la jeune fille timide, dénommée Jisoo. 

— C'est ton amie? Tu veux qu'elle se joigne à nous?

— Non. C'est juste une connaissance.

Son visage se braque aussitôt comme si elle ne souhaitait pas se mêler à elle. Différentes émotions me parcourent car elle ne m'a pas l'air être du genre à isoler les plus faibles, mais ses actes parlent contre elle.

— Viens, allons manger vers les gradins du stade, me dit-elle pour changer de sujet d'une façon trop flagrante.

— C'est gentil mais je vais te laisser. Mes amis et mon copain m'attendent du côté du self. Mais tu peux venir avec nous si tu veux. 

— Non.

Aucune explication ne vient. Je préfère ne pas réfléchir et rajouter un problème à ma vie. 

— On se dit à tout à l'heure alors!

Je la salue et emprunte le chemin vers le lieu central de l'université qu'est le self, non sans ressentir des yeux qui m'épillent. Je dois être vraiment paranoïaque car personne ne me prête attention lorsque je commence à regarder autour de moi.

La queue que je découvre est immense. Cet endroit est censé nourrir toute une ville mais à ce rythme, j'aurai récupéré mon repas à l'heure de mon premier cours de sport. Des cris me tirent alors de ma réflexion. Il ne me faut pas longtemps pour apercevoir mes pom-pom girls préférés. Hyunjin fait mine de tirer une flèche, tel Cupidon au campus pour m'atteindre en plein coeur.

— Alors, beauté. On fait bande à part? Me lance Chris. 

— Je ne vous avais pas vu.

— Comment louper la perfection, me répond Hyunjin.

— C'est justement ce que s'est dit ta mère quand elle t'a vu. Merde, c'est raté, lui répond Felix qui éclate de rire avec Minho. 

— Jaloux. Viens voir daddy, ma puce. 

Ce surnom, très excitant en privé, me rend plus que mal à l'aise avec mon frère à côté.

— Pardon? Elle t'appelle comment? hurle celui qui ne s'appelle pas Pascal. 

— T'emballe pas. Elle le faisait aussi avec moi, enchaine Felix. 

— Si vous voulez ma mort, faut le dire tout de suite! Binnie est déjà en apnée, grogné-je.

— Yeri. Va falloir qu'on parle. Le côté Oedipe, version papa, ça craint, me sermonne mon frère.

— C'est juste un délire. Rien de malsain. 

— Regardez ce que vous avez fait les mecs. Elle me répond, maintenant! Vous avez une très mauvaise influence sur elle. 

— Moi, je la trouve parfaite, conclut Hyunjin qui m'embrasse d'une façon tout à fait indécente. Ma femme. 

— Merci l'alcool, rétorque Chris.

— Tu veux dire, merci Vegas, enchaine Minho. Sinon, ça aurait été ma femme! 

— Consommez sans modération et vous rentrerez au pays avec une bague au doigt et la plus belle femme sur la b...

Le dernier mot ne pouvant pas être prononcé car Hyunjin s'est pris un sac dans la tête, nous pénétrons dans la cafétéria pour un repas riche en bonne humeur, me rappelant à quel point j'aime les garçons.

N'étant pas disponibles pour causes d'horaires décalés, j'ai prévu de retrouver mes trois autres trublions à la fin des cours pour une projection au cinéma du campus et je m'en réjouis d'avance.