19- C'est l'histoire de ma vie!

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Yeri

Je n'avais pas réalisé à quel point l'absence de ma mère m'avait autant pesé jusqu'à ce que je la vois dans le sas d'entrée. Une boule dans le ventre fait valser la fierté de ma jeune majorité pour me faire fondre en larmes telle la petite fille que je suis restée au fond de moi. 

— Doucement ma puce, dit-elle me caressant les cheveux. Tu vas m'étouffer. 

C'est justement l'idée de ce câlin de folie. Malgré mes réticences, je la laisse se reculer pour mettre de la distance entre nous et qu'elle puisse saluer Solar, en bonne hôte des lieux. C'est à ce moment que je réalise que mon amie est devenue une magnifique poupée de chiffon qui a cessé de respirer.

— Ton visage a une teinte bizarre, Solar. Tu n'as pas à stresser, ce n'est que maman. 

J'ai du mal à  imaginer que quelqu'un soit stressé par ce concentré d'amour et de folie. Au passage, mon géniteur me tapote la tête afin de recevoir lui aussi mon affection puis fait entrer tout ce beau monde dans notre appartement. Cette journée ne peut pas mieux se dérouler après la gêne de mon réveil sexuel partagé. 

— Hop hop hop! Attendez-nous, hurle une voix dans le couloir.

Ma tête se penche pour apercevoir deux silhouettes qui courent maladroitement jusqu'à nous. Je reconnais les parents de Hyunjin et prends une teinte livide. Ma belle-famille n'a rien à voir avec la décontraction qu'offre mon foyer. Ou peut-être devrais-je comparer cela à un joyeux bazar? Toujours est-il que les rares fois où j'ai partagé mes repas avec Madame Hwang, j'en suis ressortie avec des crampes d'estomac à force de sourire tout en essayant de mâcher les aliments sans émettre le moindre bruit. 

— Ton visage a une teinte bizarre, Yeri. Tu n'as pas à stresser, ce n'est que belle-maman, ricane Solar qui se venge à la perfection. 

Madame Hwang étant déjà là devant nous, je ne peux ni la frapper, ni lui répondre en glissant des noms d'oiseaux toutes les quatre syllabes. Mais une alerte se met à sonner dans mon cerveau quand je constate que je passe déjà au radar de ce dragon. La première chose qu'elle remarque est la robe beaucoup trop courte pour être considérée comme acceptable dans une réunion de familles. Si j'avais su qu'elle venait, j'aurais enfilé une combinaison de ski.  

— On est ravis que vous nous invitiez à déjeuner, lance Monsieur Hwang à mon père.

— Tout le plaisir est pour nous. Après tout, nos enfants forment déjà une famille donc il est normal que nous nous voyons plus souvent. 

Une fois par an est déjà bien assez à mon goût. Je ne sais pas qui a inventé les repas de famille mais il ne devait pas connaitre les moments de solitude que je vis lorsque Madame Hwang me fixe comme en ce moment. Et évoquer le fait que nous nous sommes mariés sans l'aval et la présence de nos géniteurs ne fait que lui rappeler quel petit démon je suis pour entraîner son fils vers la mauvaise pente. 

Heureusement pour ma crise cardiaque menaçante, ma mère nous invite à avancer jusqu'au salon trop petit pour tout ce beau monde. Monsieur et Madame Hwang s'installent sur le canapé avec Solar à côté d'eux. Changbin envahit l'accoudoir à côté de sa belle, de son postérieur. Mon père et ma mère prennent possession des fauteuils. La place libre se restreint drastiquement. J'observe Hyunjin s'installer de l'autre côté de l'assise près de son père. Et me voilà seule sans endroit où me poser. 

— C'est déjà assez déprimant de se rendre compte que tu existes alors évite de nous faire profiter de ta mocheté en restant debout, commente mon frère. Pose ton derrière.

J'esquive de justesse le coup de pied qui m'est destiné et réalise que si je me pose en tailleur à côté de la table basse, je serai l'élément central visuel de ce salon et dévoilerai aussi beaucoup trop mes cuisses. Me voilà coincée et au sourire que me renvoie mon frère, il le sait. 

My Last Game [ Tome 3 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant