My Last Game [ Tome 3 ]

52- Soirée filles, ou presque

Yeri

Le samedi suivant, nous sommes parés à l'ennui lié à cette fête dont nous ne sommes pas conviés. Les garçons se sont repliés dans leur résidence pour une soirée Fifa tandis que Seulgi, Solar, Jeongin et moi avons préparé notre kit de manucure et épilation.
Oui, il n'y a pas d'erreur. J'ai bien indiqué Jeongin. Ravi de découvrir les petits secrets féminins, mon ami s'est laissé tenter par le maillot intégral masculin. Il n'a aucune idée de la douleur qui l'attend.

— On commence par les pieds, j'ai besoin d'un bon soin, nous informe Solar. Yeri s'occupe de moi, et toi tu fais les pieds de ton homme.

— Tu es sérieuse? Je vais en avoir pour des heures, gromelle Seulgi. 

— Pense bien à me délester de mes cuticules et autres peaux mortes sur les replis latéraux de mes ongles, fanfaronne le trublion. 

J'ai l'impression d'entendre des menaces de mort. En tout cas, Jeongin se tait et semble serrer les orteils en tremblant.

— Vous avez admiré notre Joy, ce soir? Elle a fait fort, je ne l'ai jamais vu aussi dénudée, lancé-je.

— Parce que tu l'as déjà vu habillée ? Remarque Seulgi. 

— Je suis déjà tombé sur l'une de ses culottes, nous avoue Jeongin. La propreté n'était pas au rendez-vous. Elle devait avoir quelques problèmes intestinaux.

— A quel moment tu tombes par hasard sur les sous-vêtements d'une autre ? Lui demande Seulgi en lui tordant les orteils.

Je crois comprendre qu'il s'agissait du moment où ils lavaient tous deux leurs linges en même temps mais ses couinements créent un doute dans ma traduction.

— Je trouve que Wendy fait des efforts, par contre, ajoute Solar. Elle tente de discuter avec moi quand l'autre monstre n'est pas dans les parages. 

— Elle se laisse entraîner sur la mauvaise pente, voilà tout. Mais sinon, je ne pense pas que ce soit une mauvaise fille, acquiescé-je.

— Elle me rappelle Jennie, sous l'emprise de Taeju, s'exclame Jeongin. Peut-être a-t-il quelque chose contre elle qui l'oblige à obéir comme les vidéos qu'il menace de dévoiler.

Nous nous taisons immédiatement, réfléchissant à ce qu'il vient de prononcer avant de réaliser que nous n'avions peut-être pas vu la situation dans son ensemble.

— Si c'est ça, on est de grosses merdes pour l'avoir laissée tomber au bowling, se fige Seulgi.

— On ne pouvait pas savoir, se défend Solar. Et ce n'est encore qu'hypothétique.

— Il faudrait réussir à l'isoler pour obtenir la vérité.

Du bruit nous parvient du rez-de-chaussée. Les invités de Joy doivent commencer à arriver et la discrétion n'est pas le maître mot. Pour éviter de créer des tensions, nous nous sommes repliés dans ma chambre après avoir fermé à clé les autres portes. Sans cette précaution, les lits seraient souillés dans la minute.

— Je me demande avec combien de mecs elle va coucher ce soir? Se questionne Seulgi. 

— Au moins trois, c'est un jour de fête, lui réponds-je.

— Elle serait capable d'en prendre trois en même temps donc je mise sur plus que ça. 

— C'est dingue quand même. Elle doit avoir une carte d'abonnement pour le dépistage d'IST, continue Solar. Ou des parts de marché dans l'industrie des préservatifs.

— Elle m'a fait de la peine avec le prof de sport, le soir de mon agression dans les vestiaires, mais je crois qu'elle entretient son malheur. Tant que cette fille ne voudra pas changer, on ne pourra rien faire pour elle. 

— Ne t'apitoie pas sur le sort du renard blessé. Une fois guéri, il ne fera qu'une bouchée du petit poussin, clame Jeongin.

Des éclats de rire résonnent dans les escaliers. Les pas se rapprochent de notre lieu de regroupement quand les intrus s'invitent dans mon antre. Je découvre Taeju au bras de notre bimbo en chef.

— Voilà la chambre que tu cherchais. Mais ne perdons pas notre temps avec ces losers. Je mets ma main à couper qu'elle a dû tomber en cloque avant de perdre le bébé pour s'être mariée aussi jeune. Viens voir plutôt ma chambre, j'ai une moquette très douce pour mes genoux.  

Taeju ne se fait pas prier et referme la porte avec intérêt, nous laissant terrifiés. A aucun moment, nous n'avions imaginé que les footballeurs pouvaient venir à cette soirée.

— Là, on est mal, gémit Jeongin.

— Le fils de pute est chez nous... Avec sa clique! Il ne faut pas se laisser faire, enrage Solar.

— Tu as raison. Prévenons Changbin, rebondit Jeongin.

— Non, le coupe ma meilleure amie. On ne va pas alerter les garçons. C'est notre chance de le piéger.

— Tu recommences avec ton idée? Je ne le sens pas. Surtout sans soutien, dis-je avec crainte.

— Je fais trois pompes tous les mercredis mais je ne suis pas sûr que ça suffira pour vous défendre, s'inquiète Jeongin.

J'ai pour habitude d'être l'instigatrice des plans catastrophiques et devine avec facilité que ce dans quoi elle s'embarque risque d'être aussi bien dangereux que stupide.

— Faites-moi confiance. Vous allez rejoindre la soirée en bas mais ne vous séparez jamais. Il faut qu'on ait des témoins visuels de notre présence dans le salon. Je m'occupe de cet enfoiré.

J'ai beau validé son plan de la tête, je ne le sens pas du tout. Discrètement, je prends mon téléphone et envoie un message à Hyunjin. Je pense que pour la première fois, j'agis avec prudence.