Chapitre 16 : sommeil agité

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Je sais que demain, mon père me demandera des comptes

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Je sais que demain, mon père me demandera des comptes. Je sais que Caleb est le premier sujet de conversation dans tout le village à présent. Pourtant, je me contente d'hausser les épaules alors que je me sers un verre d'eau. J'avais demandé à Carsen de ne rien dire, mais je ne compte pas cacher l'anglais plus longtemps encore. Ses secrets sont sains et saufs avec moi, mais je compte bien lui faire comprendre que mon village, mon peuple, ma vie représente autant pour moi que n'importe quoi d'autre.

S'il tient tant à en faire partie, maintenant, c'est le moment.

La nuit rayonne dehors et ma montre indique une heure bien trop tardive.

Ce n'est pas grave.

Les cabanons des bûcherons sont presque tous finis. Les plus grands dégâts sont sous contrôle et on reprend une belle marge. Qui sait, peut-être que les familles pourront bientôt quitter les courants d'airs de la salle commune. 

Peut-être qu'ils pourront fêter au moins Thanksgiving dans leurs foyers, même si on est encore loin du compte.

En revanche, ce qui me maintiens éveillée, ce n'est pas le repas que j'ai partagé avec Caleb chez Luan. Non. Ce n'est pas ce délicieux homard qui diffuse un réel sentiment d'apaisement. C'est plutôt ce foutu barrage qui nous pose de plus en plus de difficultés.

Dans un petit soupir, je dépose mon verre sur le comptoir et m'apprête à retourner me coucher, quand mon regard se porte sur Caleb. J'ai enfin fini par déplier mon canapé et le voilà qui est étalé sur tout son flanc. Sa chemise bleu foncé ouverte sur son t-shirt blanc est à nouveau maculé de transpiration. Ses paupières frémissent sous un sommeil agité et ses doigts serrent le tissu de ses draps avec trop de ferveur.

Avec inquiétude, je me rapproche de lui et m'agenouille près du canapé.

J'ai fait ce que j'ai pu avec ce que j'avais. Mais je ne peux pas redonner de l'immunité à un astronaute déchu. Je ne travaille pas pour la NASA et je ne sais certainement pas comment m'occuper d'un corps à problèmes. Dans tous les sens du terme, qui plus est.

Hey. Caleb.

Ses paupières, ses lèvres, se remettent à trembler, mais il ne se réveille pas. De la sueur perle de ses tempes et parvient même à dégouliner le long de sa gorge palpitante. Son cœur a un rythme si hâtif qu'à tout instant, il jaillirai de sa veine. Je déroule ma manche sur mon poignet et lui essuie la transpiration. En vain. Elle ne fait que revenir en galopant.

Je pince mes lèvres et relève doucement ses vêtements sur ses blessures qui pourtant, affichent un bien meilleur visuel qu'auparavant

Ce n'est pas un délire. Plus un cauchemar. 

J'échange un coup d'œil avec Ollie, couchée dans son panier, en train de nous observer avec un intérêt qui fait hausser ses petites oreilles duveteuses.

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