Un flocon de neige par-ci, une hache par là et on obtient la recette parfaite d'une vie sans pépins à New Garden. Car oui, ce petit village perdu au fin fond du Maine a tout d'un véritable havre de paix.
C'est du moins ce que pensait Heden Keye. Si...
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Quand on jette un caillou dans un étang, une centaine de petits cercles d'eau en résultent, jusqu'à ricocher des vaguelettes nerveuses sur les rebords. Un chaos unique provoqué par un élément, peu importe sa taille, d'ailleurs.
Voilà comment le karma marche. C'est un foutu étang à emmerdes.
Alors lorsque je rentre chez moi et que je découvre avec horreur que la porte est restée à demi ouverte...
Mon cœur s'arrête.
Plus d'Ollie. Plus de fourrure blanche dans laquelle noyer les tourments croisés par encore un homme... Tout ce qui reste d'elle, ce sont des traces à moitié effacées dans la neige épaisse.
En règle générale, la pyrénéenne revient après quelques minutes. Son panier l'appelle à lui à la manière d'un aimant.
Mais pas cette fois-ci.
Même si j'ai laissé des croquettes sur le pallier et que je me levais toutes les trois minutes... Elle ne revenait toujours pas.
Et alors que je regarde l'aube se lever, des larmes silencieuses coulant le long de mes joues, je toussote au gré de ma fièvre encore présente, faisant frissonner mes limbes.
Les doigts accrochés avec une ferveur presque cadavérique sur le collier qu'elle a laissé derrière elle, je force mes paupières à rester ouvertes.
J'ai besoin de ma peluche. De ses coups de museau dans mon flanc quand elle a envie d'avoir un câlin, de sa façon de garder la croupe en l'air quand je décide enfin de lui en fournir un. Merde, même de sa manière de m'étouffer lorsqu'elle l'écrase de tout son poids, lorsqu'on se couche ensemble.
C'est cent mille fois mieux que l'enclume qui me pèse actuellement à cause de ce que Caleb m'a si brutalement accusé.
— Ollie ?
Ma voix se casse dans ma gorge et se meurt pour la énième fois. Mon cri se projette à peine autour de moi et même les perdrix qui sillonnent les bordures du lac ne l'entendent pas.
— Ollie ?
Rien. Toujours rien. Comme les deux cents autres fois que j'ai appelé.
Je renifle.
Encore une fois.
Jusqu'à ce que je n'y arrive plus et que je lâche un sanglot.
Dans cette vie remplie d'hommes, j'ai appris à me pourvoir d'assez de répliques cinglantes afin de me préserver de certaines de leurs remarques. Avec ma mère partie, je me suis retrouvée unique dans un milieu principalement masculin...
Et mes faiblesses n'appartenaient qu'à cette petite boule de poils plus immaculée encore que la neige.
Si j'étais vulnérable... Il n'y avait qu'elle pour le voir.