Chapitre 4

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Le trajet fut bref et silencieux. Jason se concentre sur la route et moi, je relis le dossier.

Lorsque je relève la tête, je me rends compte que nous nous trouvons devant la prison de la ville. Cela m'étonne sur le moment mais en y réfléchissant plus amplement, il ne pouvait être que dans ces lieux... Quoi qu'ils auraient pu être incarcérés à la prison d'Etat de Pelican Bay aussi, vu qu'il fait partie d'un gang. Au vu de ses accusations, ils ont décidés que ce n'était pas nécessaire de le mettre là où se trouvent tous les gangs. Mais on peut être sûr que s'il est accusé du meurtre de ma sœur, il sera transféré là-bas dans la seconde. Ce qui sera vachement moins pratique car elle se trouve dans une zone boisée à 11 miles de la frontière de l'Oregon, soit à presque 6 heures de route.

Avant même d'avoir franchi ces portes, on présente nos cartes professionnelles, qu'ils gardent, afin de nous inscrire au contrôle d'identité d'usage. On nous fait passer par différents contrôles de sécurité et il vérifie même si nos tenues sont adéquates. Heureusement que j'ai mis un jean pour aujourd'hui sinon je crois bien qu'avec mon tailleur, je n'aurais pas rentré. On nous explique bien aussi qu'aucun contact n'est autorisé car apparemment, il y a déjà eu des échanges de drogues et des détenus seraient morts par overdose. Mais c'est vrai qu'en tant qu'avocats, nous allons amener de la drogue à notre client, c'est bien connu... Enfin bref.

Une fois tout ça passé, on nous fait attendre dans une salle vide. J'en profite pour l'examiner. Des murs gris béton, une table avec des menottes, si jamais, ainsi que quatre chaises. Aucun bruit ne franchit les murs, c'est insonorisé. Chacun prend place : Monsieur Daler à ma droite et Jason à ma gauche. Ce qui veut dire que l'accusé sera juste en face de moi. Pour l'instant, il n'y a que la porte qui se présente devant moi. Une porte qui ressemble à n'importe laquelle, sauf que derrière celle-ci, est emprisonnés des hommes ayant commis des délits. Du plus « inoffensif » au plus grave. Mais chacun a perdu une part d'humanité en faisant ce qu'il a fait. Et je n'ai pas besoin de voir un reportage sur les prisons pour savoir que c'est le seul endroit sur terre où l'on traite l'être humain comme un animal. Aussi bien les gardiens sur les détenus que les détenus entre eux. C'est la règle du plus fort, comme dans la jungle ou la savane. Avec la même échappatoire : la mort. Certains ont plus de chances que d'autres, ils pourront être remis en liberté et d'autres finiront par mourir ici. Et encore d'autres seront remis en liberté mais referont la même erreur qui les renverra à la case prison. C'est le choix de chacun mais quand on rentre en prison c'est déjà qu'on a perdu une part d'humanité alors une fois remis en liberté peut-on racheter cette part ? Je pense qu'on l'a à jamais perdu.

— Ça va aller ?, me demande Jason en me sortant de mes pensées.

Je le regarde et vois clairement qu'il est inquiet que je sois là, dans une prison où il n'y a que des hommes. C'est la première fois que je me retrouve dans une prison pour un rendez-vous. Tous nos clients ont échappé à cette case et c'est toujours impressionnant de se retrouver ici. Enfermée entre quatre murs. Je me sens un peu oppressée et j'ai une boule au ventre mais jamais de la vie je ne lui avouerai. Je ne veux pas qu'il croit que je suis incapable d'assurer ce rendez-vous.

— Oui.

Il souffle en levant les yeux au ciel avant de me répondre en souriant.

— C'est ça que j'adore chez toi. Tu es une femme forte qui sait porter un masque pour cacher ses émotions. On en a besoin parfois dans ce métier.

Et quand il dit ça, je sais pertinemment que lui sait que j'ai peur au fond de moi. Il n'a pas besoin de le dire car je le vois dans ses yeux. Je suis incapable de le tromper, je ne sais pas comment il fait mais il sait toujours ce que je ressens lorsqu'on est en entretien. C'en est même énervant par moment.

My Guilty GuestOù les histoires vivent. Découvrez maintenant