Alessia
Comme toujours, mes nuits sont abominables. Mais mes rêves sont tourmentés par des yeux marron qui virent au noir lorsqu'ils croisent les miens. Des cheveux noirs et bouclés apparaissent aussi et on n'a qu'une envie : y passer la main pour les entortiller autour de nos doigts et les caresser. Et c'est exactement ce qu'il se passe mais lui ne bouge pas, il me fixe et berce une petite fille aux cheveux brun et aux yeux bleus. Il était tellement doux, délicat avec la petite que j'ai été surprise. Ashley s'accrochait à lui en plus et lui faisait un câlin. Elle s'est même endormie contre lui. Elle cherchait sa présence, une présence masculine. J'ai déjà remarqué que par moment elle est agitée et je n'arrive pas à la calmer. Il faut qu'elle prenne le loup en peluche pour qu'elle se calme. Elle a besoin d'une présence masculine et malheureusement je ne lui en donne pas alors dès qu'elle en a une, elle en profite. Mais je ne pensais pas qu'elle allait réagir comme ça et pourtant... C'était un magnifique tableau ! Et quelqu'un qui les verrait de l'extérieur aurait très bien pu penser qu'il s'agissait de son père. Mais il n'en est rien... À moins que.... Non impossible, elle ne porte pas ses traits...
Enfin bref, je dois avouer que je me suis sentie mieux une fois qu'il a eu passé la porte pour sortir avec ses amis. Ça m'a permis de respirer et de retrouver mon espace. Mais je crains le pire, si déjà en une après-midi je ressens ça, qu'est ce que ça va être pour les quelques mois à cohabiter ? On verra bien en avançant. En tout cas je tiens ma routine. Une fois qu'on a eu fini de manger, j'ai couché la petite avant d'aller dans ma chambre. De peur qu'il ne rentre trop tôt je ne suis pas allée sur le canapé. Et puis je ne voulais pas envahir le peu d'espace que je lui ai donné.
Je me suis posée dans mon lit et ai repensé à ce départ précipité. Il voulait d'abord m'aider. C'est vrai qu'hier soir, j'avais pas mal de choses à faire mais d'habitude ça fonctionne bien. Mais le fait qu'il soit là me perturbe. Je n'ai rien su gérer et c'était franchement horrible. Comme si je ne savais rien faire. Cependant il ne s'est pas démonté pour autant. Il a essayé de m'aider avec le peu que je lui laissais. Je ne comprends pas son comportement. Une fois il essaye de m'aider et la seconde d'après il est en colère. Je me demande s'il ne serait pas bipolaire ce type. En tout cas, on venait de se mettre à table quand ses amis sont arrivés. J'ai bien vu qu'il hésitait à partir mais il est parti quand même. Une part de moi était contente, j'avais mon appart pour moi toute seule mais d'un autre côté je me suis sentie en colère qu'il parte comme ça. Je pense que j'étais frustrée aussi. J'avais préparé ce qu'il me semblait qu'il aimait et il est parti comme ça, sans rien dire. Enfin, je n'ai pas arrêté de cogiter. Et finalement, énervée et frustrée, je suis partie me coucher sans trouver le sommeil. Ce qui était prévisible bien sûr mais bon...
C'est vers 1h30, que j'ai entendu les clés dans la serrure. J'ai perçu ses pas et j'ai retenu mon souffle lorsqu'il s'est arrêté devant ma porte. Je ne saurais comment l'expliquer mais j'ai senti sa présence, tout mon corps a senti qu'il était devant ma porte. Pendant une seconde j'ai cru qu'il allait l'ouvrir, pour faire je ne sais quoi mais il n'a rien fait. J'ai juste entendu « bonne nuit mon ange ». Et puis il s'est éloigné de la porte. Ma respiration a repris son cours et je me suis sentie frustrée, en colère et en même temps rassurée. Je ne comprends toujours pas pourquoi j'ai ressenti ça. Est ce que j'ai été frustrée qu'il ne soit pas rentré dans ma chambre ? Est ce que ça s'est transformé en colère ? Est ce que j'ai été rassuré qu'il ne le fasse pas ou qu'il soit rentré sain et sauf ? Je n'ai pas les réponses à ces questions et je ne sais pas si je les veux vraiment. Ça serait tellement contradictoire avec tout ce que je fais pour l'éloigner. Mais je dois l'avouer, il m'attire. Et je ne sais pas quoi faire, je me sens perdue. D'un côté j'aimerais lâcher prise et profiter de la vie mais de l'autre il y a des conséquences énormes si je fais ça. Je pourrais perdre mon travail, perdre la garde de ma nièce et je ne veux pas. Qu'est ce que j'y gagnerais moi dans tout ça ? Un homme ? Ça pourrait être l'homme de ta vie... Peut-être mais je ne suis pas prête à faire autant de sacrifices juste pour avoir un homme dans ma vie. Je souffle, fatiguée de mes pensées, de mes émotions. Pourquoi c'est sur lui que ça tombe ? Pourquoi c'est sur celui qui est accusé dans l'affaire où ma soeur est impliquée ? Pourquoi ça ne pouvait pas être sur Hiro ? C'est compliqué la vie..... Malheureusement on ne choisit pas. Je me redresse et constate qu'il est l'heure de se lever. Je n'ai clairement pas envie. Je ne veux pas le voir. C'est trop confus dans ma tête pour le voir. Mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l'on veut hein ! Alors je me lève, prends des affaires et file en silence dans la salle de bain. Je me prépare en vitesse avant de ressortir pour choisir des bijoux et me maquiller. Lorsque j'ai fini, je me dirige dans la chambre d'Ashley, elle dort encore. Je la laisse dormir et pars dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. J'essaye de ne pas faire de bruit pour dire de ne pas le croiser ce matin. Je fais du café, des pancakes et Ashley se réveille. Je l'emmène dans la salle de bain pour la laver, l'habiller puis la dépose dans la chaise haute. Je lui donne son petit-déjeuner et ne manque pas de lui faire goûter du pancake. Elle en redemande, j'en déduis qu'elle a aimé. Je bois tranquillement mon café et j'entends un grognement. J'écarquille les yeux, non je ne veux pas le croiser. En voulant terminer rapidement mon café, je me brûle la langue. Putain de karma de merde ! Je me lève, prépare la petite et puis je suis sur le point de sortir quand il m'interpelle.
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My Guilty Guest
RomanceAlessia Swann, jeune avocate de 27 ans qui se retrouve du jour au lendemain mère de substitution après la mort de sa sœur Eden. Carter Costabeber, un client qui exige de l'avoir comme avocate. Une affaire un peu délicate. Un refus de la part d'Ales...