Chapitre 30

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Je me réveillai en sueur, un cauchemar s'était invité dans mon sommeil. Des frissons parcouraient l'ensemble de mon corps. Une main se posa sur la mienne. Je relevai lentement la tête et remarquai Iris qui me regardait debout à côté du lit. Ses yeux étaient soucieux, des plis barraient son front.

-Ca va ?

Je hochai la tête et me rallongeai contre mon oreiller. Je me passai une main sur le front avant de souffler un grand coup. Il me fallait me laver pour me préparer. Un silence étrange et dérangeant régnait dans la pièce. Il y avait tellement de secrets, d'inquiétude, d'excitation en nous que l'aire semblait électrique. Les choses changeaient et nous n'étions plus sûres de rien. Je m'assis en tailleur dans mon lit avant de parcourir mes camarades du regard. J'essayai d'interpréter les expressions, les regards, les gestes. Cette fille tremblait-elle en refaisant son lit ? Cette autre ne venait-elle pas d'essuyer une larme sur sa joue ?

Je secouai la tête. Ces filles étaient ce qui se rapprochaient le plus de moi. Ce qui se rapprochaient le plus à des personnes de confiance parmi tous ceux qui faisaient mon quotidien depuis que j'étais arrivée ici. Je ressentis soudainement un besoin irrémédiable d'aller me faufiler dans les bras de mon frère. J'avais envi de retrouver un semblant de familiarité. Je voulais me sentir à ma place. Une pensée fila jusqu'à ma famille et mon cur se serra. Ils me manquaient terriblement et je réprimai un pincement de regret en songeant au rare fois où je leur accordais une pensée.

Je me levai en attrapant mes vêtements pour la journée. Je me lavais rapidement puis revêtis le polo au blason rouge ainsi que le bas noir. Je mis aussi mes gants et ma cape, ils faisaient de plus en plus froid dehors. La saison froide s'installait. En me passant les doigts dans les cheveux, mes yeux perdus dans mon reflet, j'essayais de me souvenir depuis combien de temps j'étais arrivée ici. Il était certain que cela faisait plusieurs mois, peut-être trois ou quatre. Pourquoi personne n'avait pensée à laisser une barre par jour sur un des murs ? Parce que nous n'étions pas sensées nous voir comme des prisonnières. Je soufflai et me rinçai le visage à grands coups d'eau froide pour essayer de me ressaisir.

Une fois prête, je suivis les autres jusqu'à la Salle du Festin. L'ambiance était la même là-bas, des chuchotements discrets s'échangeaient, les geste étaient brusques, précipités. Olympe, dont les mains tremblaient, laissa échapper un verre qui se brisa au sol. Un garrache arriva en courant pour essayer de nettoyer. Je reconnus mon ami à l'instant même ou il laissa tomber un mot dans ma main. J'attendis que mes amies discutent entre elles pour jeter un coup d'il au papier que je serrais fort dans ma main gauche. « Peur » était le seul mot lisible sur le papier froissé. J'avalais ma salive avec difficulté.

La Reine, suivie du Roi, se leva et attendit que le silence se fasse. Il fallut à peine quelques secondes pour que cela se produise, personne ne parlait vraiment.

-Chers Elues. Le grand jour est arrivé. Vous allez passer vos évaluations. Sur vos poignets vont apparaître les consignes pour chacune d'entre vous. Vous allez vous rendre dans la salle qui y sera indiquée. Un professeur surveillera chacune des épreuves, je vous déconseille fortement de tenter de tricher. Aujourd'hui, vous allez passer uniquement deux sessions, les autres s'étendront sur le reste de la semaine. Je vous souhaite de donner le meilleur de vous car je vous rappelle qu'uniquement celles qui se démarquent le plus des autres auront des chances de sortir en tête de liste. Bonne journée.

Le Roi se rassit à la suite des paroles de sa femme et celle-ci resta debout tandis que nous commençâmes toutes à nous lever. Elle fixait chacun de nos visages avec application. Malgré son teint impeccable, sa coiffure adroitement organisée et sa tenue sophistiquée, ses traits étaient tirés. La nuit avait dû être difficile.

Le Royaume de NeldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant