Chapitre 19

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-Attends moi !

-Cours plus vite Eleanor, cours !

Il courait devant moi, ne m'attendait pas et se retournait pour voir où j'étais. J'accélérai alors tant que je le pus et sautai pour attraper sa taille. Nous tombâmes tous les deux, roulant dans la poussière en riant aux éclats.

-Tu m'as rattrapé ! dit mon frère une fois qu'il se fut redressé et assit.

-Tu ne pensais pas que j'y arriverai ? demandai-je avec un air hautain.

-Bien-sûr que si, tu fais parti de la famille maintenant, et rien n'arrête un Gondor.

-Rien n'arrête un Gondor, répétai-je en essayant de me familiariser avec la phrase.

Nous étions dans la "Serre des Enfants", seul endroit où le jeu était autorisé une fois par mois le Domica. Ici, nous étions libre, nous pouvions courir et rigoler, crier et sauter. Ici, nous avions le droit d'être des enfants.

-Tu ne m'abandonneras jamais, hein ? Je tournai ma tête vers mon frère pour être sûre de la sincérité dans ses yeux.

-Jamais, répondit-il en me prenant dans ses bras.

***

poc, poc, poc.

J'ouvris les yeux et me redressai si vite que des étoiles tournèrent devant mes yeux. L'oiseau qui tapait avec son bec tout près de mon visage s'envola. Je me massai le crâne et regardai autour de moi. J'étais dans la forêt, en bordure, et au loin je voyais la maison complètement calcinée. Je me demandais comment j'étais arrivée là, peut-être que mon instinct de survie m'avait fait ramper jusqu'ici.

Mon visage me brûlait à certains endroits et mes membres étaient douloureux. Le soleil était éblouissant plus haut dans le ciel mais il ne me réchauffait pas par sa chaleur; la température était plus basse que jamais. Un frisson parcouru mon corps et je resserrai mes bras autour de moi. Je remarquai alors un trou dans la combinaison le long de mon flan droit. Du sang séché craquelait sur ma peau. J'avais une méchante blessure dont je ne connaissais même pas la provenance. Peut-être m'étais-je blesser en me traînant jusqu'ici.

Je tentai de me remettre debout doucement en posant d'abord mes deux mains sur le sol gelé puis en me redressant sur mes genoux. Une fois debout je fus prise d'un vertige qui m'obligea à m'adosser à un tronc d'arbre. Je remarquai alors que la végétation de la bordure des bois était complètement noircie et brûlée. Je regardai autour de moi, essayant de trouver quoi faire. Je n'avais plus rien. Mon sac était resté à l'intérieur de la maison et devait maintenant être parti en fumé. Mes amies avaient disparu sans que je ne sache où elles avaient bien pu partir. Mes souvenirs, eux, n'étaient toujours pas revenus.

Je décidai de sortir dans la clairière pour y voir plus clair, j'approchai de l'étendue de l'eau. Le lac scintillait sous les rayons du soleil et me renvoyait mon reflet. Je me penchai pour le voir de plus prêt, regardant depuis la première fois que j'étais ici mon visage.

J'étais brune, ma chevelure ondulait sur mes épaules et une griffure me barrait là joue. Mes yeux étaient bleus clairs et ma peau pâle. Je laissai courir mes doigts le long de l'arrête de mon nez puis sur mes pommettes et le long de la ligne de ma mâchoire. J'avais l'impression de me découvrir, comme si le visage reflété dans l'eau pouvait être celui d'une étrangère. Je m'accroupis sur la rive pour pouvoir me regarder de plus prêt comme si je ne pouvais pas me résoudre à croire que ce visage était le mien. Le soleil cessa alors de briller, ne m'éclairant plus de ses rayons. Je relevai la tête tout en me redressant et remarquai une silhouette possédant de grandes et puissantes ailes qui tournait dans le ciel.

Le Royaume de NeldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant