Chapitre 9

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Perdue dans les yeux de l'animal, je n'avais pas remarqué le mouvement autour de moi. Quelques filles étaient arrivées dans la clairière et encouragées par mon geste elles avaient avancé vers les griffons à leurs tours. Seulement, eux semblaient peu engageant à l'échange. Une des bêtes ailées s'était dressée sur ses pâtes arrières et surplombait de tout son corps une fille brune. Celle-ci fit alors quelque chose de remarquable, elle tendit la main devant elle et serra le point comme-si elle attrapait quelque chose. Et alors le griffon sembla devenir immobile. C'était une Maîtresse du Temps.

Les Maîtres sont les catégories primaires, ceux qui étaient présents au départ. Le métissage de catégorie était sévèrement réprimé, le mélange était considéré comme un crime. Comme toujours lorsqu'une loi est créée, des personnes l'enfreignent. Suite à cela des nouvelles catégories se sont créées, parfois le résultat était le mélange des pouvoirs des parents, parfois il résultait quelque chose de totalement unique.

La télékinésie de ma famille est le mélange des Maîtres de la matières, qui agissent directement au niveau des atomes pour changer l'état d'un objet, et des Maîtres de la gravité, qui agissent sur le mouvement et l'espace mais qui ont disparu de notre temps.

La jeune fille brune avait donc réussi à stopper le griffon dans son mouvement, elle devait être sacrément habile pour modifier le temps du griffon uniquement sans interférer sur celui de nous autres. Elle recula de plusieurs pas jusqu'à être à l'abris des arbres. Alors elle desserra l'emprise de se main et le griffon termina son geste en reposant ses pâtes au sol. Il sembla désorienter puis retourna manger de l'herbe.

Une autre fille essaya de jouer de son pouvoir pour échapper aux griffes acérées d'un autre animal mais son illusion de félin sensée occuper le regard du griffon n'intéressa pas assez longtemps ce dernier et la fille n'atteignit pas le couvert des bois assez tôt, le griffon n'eut à tendre qu'un pâte puissante pour attraper la cape de la jeune fille. Il n'eut aucune pitié en déchiquetant le corps de sa victime. Les larmes me montèrent aux yeux lorsque des giclures de sang volèrent en tout sens.

Ne pouvant supporter ce carnage plus longtemps je tournai les yeux vers Autumn qui regardait la scène comme si c'était d'une banalité totale. Lui aussi devait être habitué à tuer. Ce constat me fit prendre conscience d'à côté de quel animal je me trouvai, il me dépassait largement et il lui faudrait peu d'efforts pour me tuer comme l'autre venait de le faire. Malgré ce constat, aucune peur ne me traversait en regardant Autumn. Je ressentais au contraire une sorte de confiance et de bien-être agréable. Il ne me ferait rien, j'en étais intimement persuadée, autant que j'étais sûre qu'il réserverait ce sort à n'importe qui d'autres si je le lui demandait.

Les yeux du griffon se tournèrent vers moi, de nuances exquises et diverses. A cette instant, j'eus la sensation que jamais je ne pourrais me lasser de ses yeux. Un moment ses yeux me paressaient dorés, juste après il me semblait que ce simple mot n'était pas assez fort pour décrire ce que j'avais sous les yeux. Un sourire s'empara de mes lèvres.

Autumn s'inclina légèrement en baissant sa pâte avant. Ainsi je pouvais monter sur son dos, il m'était impossible de comprendre comment j'arrivais à savoir que c'était ce qu'il attendait de moi, je le savais c'était tout. Avec le plus de délicatesse possible, je me hissai sur le corps musclé de la bête en essayant de ne pas accrocher ses plumes, il détestait cela. Alors que je pensais que le dos d'un griffon n'était pas ce qu'il y avait de plus confortable, je fus surprise par la douceur de ses plumes et par le confort de ma position.

Autumn prit son envol et j'enroulai mes bras autour de son cou dans un élan de panique, mes jambes enserraient les flancs du mi-cheval mi-aigle juste au dessus de ses ailes. Je ressentais la puissance de ces dernières lorsqu'elles battaient l'air. J'ouvris mes yeux que j'avais fermé par peur. Nous dépassâmes rapidement la cime des arbres et dérivâmes dans les cieux. Une sensation nouvelle naissait en moi, un sentiment fort présent juste au creux de mon ventre. La brise fouettait délicatement mon visage, doucement je desserrai mon emprise autour du coup de la bête et écartai mes bras. La tête relevée je sentais mes cheveux battre contre ma nuque Mes doigts fendaient l'air avec délice, un sourire naissait sur mes lèvres.

Le Royaume de NeldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant