Chapitre 38

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Le soleil vint dévorer ma peau lentement tandis que ses rayons tendres glissaient sur mon visage. Mes yeux se plissèrent en même temps que mes bras se tendirent pour étirer et détendre les muscles de mes épaules. J'inspirai une grande goulée d'aire et ouvris les yeux.

-Bonjour Jeune Gondor.

La Reine se trouvait à mon chevet, un grand sourire se dessinait sur ses lèvres. Au souvenir des évènements de la veille, la joie que je pouvais lire sur son visage me dégoutai. Et je me demandai comment elle pouvait laisser un tel sourire orner son visage en une situation. Au même moment une autre pensée traversa ma tête, celle du médicament qu'on m'avait administré la veille. Aujourd'hui, j'étais sensée oublier totalement ce qu'il s'était passé. J'inspirai avant de me redresser lentement pour tenter d'aborder une position plus appropriée.

-Comment s'est passée votre nuit ?

-Très bien merci.

Je fronçai les sourcils pour tenter de comprendre ce qui pouvait mener la Reine au pied de mon lit si tôt. La première chose qui me vint à l'esprit fut la pensée qu'elle venait simplement vérifier que j'avais bien tout oublié.

-Il y a un évènement très important ce soir. Vos garraches vont passer la journée à s'occuper de vous ici afin que vous soyez prête.

J'hochai la tête dans l'attente d'une suite puis elle sortit avec un simple sourire sans rien ajouter d'autre. Mon corps me paraissait entièrement revigoré comme si hier n'était jamais arrivé. Les garraches entrèrent dans ma chambre les mains débordantes d'un déjeuner qui suffirait à toutes nous nourrir. Je croquais quelques bouchées et leur laissais le reste. Je pris le peignoir que me tendais une des filles puis me levais. J'avançai vers ma porte fenêtre pour ouvrir le battant mais elle refusa de bouger.

-Il est préférable que vous ne sortiez pas aujourd'hui madame pour que vous provoquiez une surprise totale ce soir, personne ne vous aura vu avant.

J'imprimai un sourire faussement heureux de la nouvelle et des yeux légèrement écarquillés de surprise sur mon visage. Elles semblèrent se satisfaire de cela. Elles passèrent ensuite plusieurs heures à masser mon corps et à lui appliquer plus de crèmes différentes que je n'avais de doigts pour les compter. Mon visage fut lui aussi maltraiter à la pince à épiler et je ne pouvais qu'émettre des suppositions sur l'évènement du soir pendant ce temps. Au bout de tout ce temps, j'en arrivais à la conclusion que toute cette préparation devait forcément menée à notre présentation aux grands de ce monde.

La robe qu'elles me confectionnèrent était d'un bleu glacial qui laissait mes épaules découvertes et créait un décolleté plus que profond qui laissait entrevoir mon dos de la même manière avec une dentelle fine sur les bords. Des jupons de tulle s'étendaient tout autour de moi. Mon maquillage était discret et ma coiffure donnait l'impression que j'avais un chignon décoiffé mais en comptant le nombre d'heures qu'il avait fallut pour qu'elles arrivent à ce résultat c'était tout sauf cela. Deux mèches encadraient mon visage. La journée entière avait fini par passer et l'excitation que j'aurais du ressentir monter au creux de mon ventre n'arriva jamais.
Les souvenirs de la veille tournait toujours autant en boucle dans ma tête. A chaque fois qu'une hypothèse naissait dans ma tête une autre venait la contredire. Qui était-ce ? Qui était cet homme qui avait commencé par prononcer mon prénom plus tôt ?

A vrai dire, c'était la seule chose à laquelle j'étais capable de penser. Malgré mes tentatives  de tirer à l'arrière ses images entrecoupées, elles revenaient en boucle avec chaque fois un peu moins de sens. Que s'était il réellement passé ? Pourquoi le Prince me méprisait-il autant ? Il était terrible de le dire mais peut être était-ce la question qui me tourmentait le plus. J'étais complètement désarçonnée entre ma volonté de le détester de toutes mes forces et cette sensation enivrante qui pulsait à l'intérieur de mon être entier en le voyant. Cette envie de me rejeter dans ses bras alors même que je rêvais de le piétiner en hurlant à plein poumon à quel point je le détestais. À quel point il m'énervait à me parler avec gentillesse et à m'ignorer. Je le détestais, je détestais tout ce qu'il était. Mais plus encore je détestais ce que j'éprouvais pour lui dont je n'arrivais pas à me débarrasser. Il aurait été bien plus facile de le détester. Il aurait été bien plus facile de le haïr s'il était d'une laideur épouvantable avec une haleine repoussante. Je détestais cette attirance que je ressentais pour lui.
Il fallait que cela cesse, que je me débarrasse une bonne fois pour toute de tout ce que je pouvais ressentir pour lui. Était-ce normal que son image me hantait à chaque fois que je ne faisais rien ? Plus simplement, il fallait que je l'efface. Il m'avait fait tant de mal. Il m'avait déçu une quantité impressionnante de fois. Plus aucune pensée ne devait se tourner vers lui. Il était bien plus constructif de se concentrer sur l'attaque de la veille et tout ce que cela encourait.

Le Royaume de NeldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant