Le Royaume de Nelda

Chapitre 43

Nous volions depuis une dizaine de minutes. Le vent faisait claquer mes cheveux dans mon dos et des feuilles ne cessaient de percuter mon visage. Je devais me tenir avec force à l'encolure de mon griffon pour ne pas chuter. Je voyais à peine à quelques mètres devant moi, un brouillard dense englobait la totalité du paysage. Je devinais seulement une des tours du château sur notre droite. Devant moi, Aaron se cramponnait à sa bête. Il retourna sa tête vers moi et l'expression que je lu sur son visage n'avait rien de rassurant. Vers où avancions-nous ? Une bourrasque plus forte que les autres le fit sursauter et il se retourna vers l'avant. Je ne voyais même pas l'autre homme que nous suivions.

Je perdis mon regard vers l'horizon pour essayer de me repérer mais seules des ombres se dessinaient. Autumn m'envoya des pensées réconfortantes comme pour me dire de ne pas m'en faire. Lui savait où on se rendait. Je m'accrochai aux douces caresses de ses pensées en fermant les yeux.

Un bref accoup me fit rouvrir les yeux et je refermai fermement mes deux bras autour du col de ma monture. Aaron avait ralenti lui aussi devant moi et j'aperçu brièvement à travers la masse de gaz opaque notre guide crier dans notre direction. Je n'eu ni le temps d'entendre ce qu'il disait ni le temps de comprendre ce que Aaron tenta de me faire comprendre à son tour. Cependant, la seule panique dans son regard me fit comprendre ce dont j'avais besoin. Il y avait un obstacle sur notre route. Ils descendirent en piqué sur la gauche et changèrent de direction tout de suite après en remontant.

Je sentais les muscles d'Autumn sous mes jambes et sa confiance battre dans mon crâne. Mon pauvre compagnon n'avait pas conscience du danger vers lequel nous courrions. Le vent battait toujours autour de nous, laissant ses forces se libérer. Soudain, Autumn partit vers la droite en manquant me faire tomber. Je perdis de vu les autres griffons de vu et les pensées de mon compagnon prirent une autre tournure. Ce n'était pas réellement de la terreur mais plutôt une détermination nouvelle. Son cur semblait battre d'une pulsion nouvelle et il me semblait entendre à travers les battements réguliers un rythme qui sonnait comme une promesse de nous sortir de là. Je laissai ma main se glisser sous les plumes délicates de l'animal. Je ne pus m'empêcher de penser à toutes les prouesses que nous avions accomplies jusqu'ici lui et moi.

Soudainement, un espace plus clair s'ouvrit devant nous et le griffon s'engouffra dans cette direction. Nous allions sortir de ce brouillard épouvantable. Je me retournai en espérant retrouver mes camarades derrière moi pourtant, je ne vis rien de tel. Un garde sur un griffon royale me suivait de près. Je pressai Autumn pour qu'il accélère. Ce n'était pas le moment de se faire prendre. J'étais dans une position inconfortable, ni dans un camp ni dans l'autre, je pouvais me faire arrêter à tout instant. Les ailes de l'animal battirent l'aire encore plus fermement contre mes cuisses et il piqua vers la forêt pour se cacher à travers les bois. Des branches jaillissaient de toute part et même si le griffon les esquivait à la perfection, je ne parvenais pas à en faire autant. Un simple coup d'il vers l'arrière et je me pris une branche dans la tête.

-Plus vite ! criai-je à mon griffon alors que notre prédateur se rapprochait.

Autumn tenta alors une figure qui aurait pu être incroyable dans une autre situation. Il tourna sur lui-même en se redressant vers le ciel. Je dus me tenir plus fermement que jamais aux plumes de mon animal pour ne pas tomber. La seconde d'après, une masse lourde me percuta le bras et je dus me retenir de crier en serrant les dents. Alors que nous nous élevions hors des bois, une autre monture jaillit devant nous. Cette fois, la femme n'était pas une garde. Elle fit un geste de la main et ce qui m'avait en fait percuté le bras me tira vers l'arrière et je tombai à travers les branches des arbres. Ma chute me parut interminable. Je me pris un nombre incalculable de branches et je sentis ma peau s'ouvrir sur mon bras droit. Les coups étaient tels des fouets et un long crie s'échappa de ma bouche avant que je ne touche le sol avec une délicatesse inattendue. J'étais sur une espèce de couche monstrueuse de feuilles d'arbres et de mousses et une dizaine de soldats étaient enroulés dans une sorte de coton fin avec un air endormi sur le visage. Une idée horrible jaillit alors dans ma tête. Je tournai ma tête vers le ciel et tombai nez à nez avec une bête monstrueuse. Une araignée énorme avec ses yeux si nombreux que je ne pouvais les comptés me fixait.