Le Royaume de Nelda

Chapitre 16

Ce fut le bruit qui me fit ouvrir les yeux en premier, mais l'imperceptible mouvement d'une branche qui frôlait mon bras avait aussi éveillé mes sens. Alors que j'allais pousser un cri d'alerte dans l'espoir de réveiller Eremor, une main se plaqua vivement sur ma bouche. Je me débattis mais c'était déjà trop tard ; deux bras puissants me maintenaient contre le sol et deux autres vinrent encercler mon buste. Je poussais mes jambes dans tous les sens dans l'espoir de me libérer de l'entreprise de mes agresseurs. Même si mes débattements n'arrangèrent en rien ma position actuelle ils eurent au moins comme avantage de réveiller Eremor.

Ses deux yeux rencontrèrent les miens et elle sembla comprendre immédiatement. Avec agilité, elle se mit sur ses deux pieds et banda son bras armé du lance pierre vers nous. C'est alors que je remarquai une silhouette s'approchant derrière ma camarade. J'essayai de la prévenir, de mordre la main qui me bâillonnait et je me débattis d'avantage. Je sus qu'elle remarqua mon inquiétude car ses sourcils se froncèrent en même temps que la batte de baseball s'assena violement sur sa tête. Elle chuta immédiatement et sont corps ne fut plus qu'un tas de bras et de jambes sur le sol.

Celui qui l'avait frappé avait un tissu noir qui cachait son visage et seuls ses yeux étaient visibles. Il faisait trop sombre pour que je n'arrive à le détailler réellement. Quant à mes agresseurs, leurs étreintes sur mes membres ne se desserrèrent pas et ils ne parlaient pas ce qui ne me permettait pas non plus de les identifier. Je sentis alors une pression sous ma mâchoire et ce fut le noir le plus total.

-Tu crois qu'elles sont comme nous ?

-Alors nous sommes beaucoup ? Combien d'autres parcourent ces terres ?

Des voix résonnaient dans ma tête qui pesait lourd contre ma poitrine. J'entrouvris un il et le refermai aussitôt en remarquant trois personnes assises autour d'un feu. J'étais assises à même le sol et bâillonnée, mes jambes étaient pliées dans une position douloureuse et inconfortable, je sentais des fourmis remonter dans mes pieds repliés sous moi. Mes bras étaient attachés derrière mon dos et la tension dan mes épaules me fit penser que nous étions ici depuis quelques temps.

-Il faudra attendre qu'elles se réveillent pour pouvoir leur demander.

-Tu ne vas pas recommencer avec ça !

Les voix étaient des voix de femmes, jeunes, comme nous. Une des filles semblaient reprocher à l'autre quelque chose.

-Je dis juste que si tu ne les avaient pas assommées aussi violement, elles se seraient réveillée bien plus tôt et on n'aurait pas eu à les trimbaler en perdant autant de temps.

-Et que voudrais tu faire de toute façon ? Tu connais quelque chose par ici peut-être ?

Ce dernier argument sembla arrêter le débat car l'autre fille ne répondit pas. Ma tête était penchée contre ma poitrine et mon cou me tirait douloureusement. Je luttais contre l'envie de me redresser.

-Plus besoin d'attendre, elles se réveillent.

Je sentie alors du mouvement devant moi et me mordis la lèvre inférieure. J'étais démasquée.

-Laquelle ?

-Celle qui nous a donné du fil à retordre.

Je sentie une main me pousser la tête à l'arrière, en me prenant par les cheveux et je réprimais un petit cri de douleur.

-Bon retour parmi nous, jolie brune.

Mon interlocutrice avait les cheveux coupés assez courts, des mèches lui retombaient devant les yeux et d'une main assurée elle se passa la main dedans pour dégager son visage. Ses cheveux étaient flamboyants à la lumière des flammes et ses yeux brillaient d'une curiosité dévorantes et d'une méfiance qu'elle ne cherchait pas à cacher. Les deux autres filles étaient plus en retrait. L'une était un peu relevée pour essayer d'apercevoir mon visage, l'autre ne semblait prêter aucune attention à notre échange à première vue mais je voyais à sa position un peu tournée dans notre direction que ce n'était qu'une impression et qu'elle écoutait attentivement ce que l'on disait.