Chapitre 13

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Je jetai fréquemment des regards vers la table royal en étant certaine qu'à tout instant le Prince se pencherait vers sa mère, lui parlerait à l'oreille et que cette dernière se lèverait ensuite avec un doigt accusateur pointé sur moi et crierait "Menteuse !". Je n'arrêtais plus de mordre ma lèvre inférieur et tentais comme je le pouvais de ne pas paraître trop tendue. Jusqu'à maintenant ni Iris ni nos deux autres amies n'avaient remarqué l'état de tension dans lequel j'étais.

Depuis la vieille au soir lorsque je m'étais glissée sous mes draps en rejouant en boucle ma rencontre avec le Prince dans ma tête, je ne cessai de me dire que le Prince ne garderait pas sa langue dans sa poche. Il savait. Mais que savait-il ? J'étais sûre que la Reine allait être au courant à un moment donné. Après tout pourquoi en serait-il autrement ? Le Prince n'avait aucune raison de garder cela secret, même si, selon ses mots ; mon cas l'intéressait. J'avais détesté ses paroles, surtout le therme qui me désignait. J'avais l'impression d'être un simple objet parmi tant d'autres et que mon fonctionnement n'était pas totalement semblable à la norme. Mais au final je n'étais pas si surprise que cela par le comportement de cet homme, il était le digne fils de sa mère; arrogant, hautain et sans sentiment.

Pourtant, la reine ne pointa pas de doigt accusateur ce matin là ni ceux d'après. Le Prince avait décidé de ne rien dire. Il était toujours aussi distant avec les autres Elues qu'avec moi. C'était presque comme si notre rencontre n'avait jamais eu lieue et j'en venais même à me demander si je n'avais tout simplement pas rêvé.

Nous étions maintenant marta, jour de Jeu Céleste. Je ne savais pas vraiment pourquoi il tenait tant à nous perfectionner dans cette pratique mais ils nous demandaient en permanence des efforts rigoureux. Cela ne me dérangeait pas plus que ça, j'appréciai de plus en plus voler sur le dos d'Autumn et il exécutait maintenant mes ordres silencieux avant même que je ne les ai pensés. Nous avions disputés plusieurs matchs depuis le premier et nous en avions remportés certains. Sieur Dragondo passait son temps à prendre des notes sur notre manière de jouer et il changeait parfois des joueuses d'équipes. Je ne me contentais plus maintenant de jouer moyennement, j'avais pris goût à ce sport et je faisais partie des meilleures. Ce qui n'était pas toujours le cas pour les autres matières. En Elégance et manières par exemple où j'étais devenue la cible favorite de Dame Mirenda, l'Invisible aux traits clairs.

-Jeune Gondor, je vous en prie ! Faîtes des efforts, épargnez-moi la vue de ce carnage !

Nous étions passé au Moriban, une danse en couple. Les Garraches avaient été réquisitionnés pour nous servir de cavalier et j'étais tellement occupé à chercher qui m'avait fait faux bon la dernière fois que je n'avais rien écouté les explications.

Les sourcils de Dame Mirenda s'étaient haussés si haut sur son front que c'en était comique.

-Votre tenue ! N'avez vous donc rien écoutée ? Le dos droit, le menton relevé, le ventre rentrée et les mains gracieuses ! Ayez au moins la décence de ne pas confondre votre droite et votre gauche.

Toute occupée à chercher parmi les cavaliers que j'étais, j'avais tourné à l'opposé des autres filles et avais désordonné ma ligne de couples.

-Stop ! Ca suffit, ça suffit !

Je n'avais jamais vu l'Invisible aussi énervée, elle n'avait certainement jamais vu une élue si peu douée.

-Changez-vous et allez à votre prochain cours.

Les couples s'écartèrent et je me fondis parmi les autres filles en espérant que Dame Mirenda ne me fasse pas de remontrance supplémentaire. Une fois changée, j'avançai rapidement vers la sortie.

-Non, pas vous. Restez ici.

J'étais tentée de feindre n'avoir pas entendue mais cela ne ferait qu'aggraver les choses. Dame Mirenda m'attendait au milieu de la pièce, les bras croisés sur sa poitrine et ses yeux encore plus froids que d'habitude si c'était possible.

Le Royaume de NeldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant