Le Royaume de Nelda

Chapitre 31

J'attendis que toutes les respirations s'arrêtent dans le dortoir pour me relever et sortir mon sac de sous ma couette où il était collé à ma jambe. Je ne me rendais pas encore très bien compte de ce que j'étais en train de faire ou du moins ce que j'allais faire. J'allais prendre la fuite. Ce mot me paraissait surfaits, pourtant, c'était exactement cela, rien d'autre. Et j'allais fuir qui plus était avec l'aide d'un homme que je ne connaissais pas si bien que cela. Le Prince m'avait exposé son plan dans les moindres détails comme si tout était prévu dans sa tête depuis déjà longtemps. Il avait tout planifié.

Je descendis du lit pour avancer doucement dans la pénombre, la capuche de ma cape rabaissée au maximum sur mon visage. Je jetai un dernier regard en arrière vers la couchette d'Iris et je ravalais mes larmes. Je m'étais beaucoup attachée à la blonde qui m'avait accompagné durant cette période difficile. Il était difficile de se dire que cela serait certainement la dernière fois que l'on se verrait. Je tournais la tête pour ne pas changer d'avis alors que j'étais si prête de changer de vie. Cela était peu dire, j'allais abandonner tout ce que je connaissais déjà pour me rendre dans un endroit dont je ne connaissais pas l'existence quelques jours plus tôt.

Aaron m'avait affirmé que les exilés s'étaient en fait réfugié dans les Terres du Milieu qu'on nous comptaient depuis le plus tendre âge de l'Education comme des Terres arides où il ne fallait surtout pas se risquer. Pourtant, je savais maintenant que des gens y vivaient, et à en croire les paroles du prince, c'étaient tous ceux qui n'étaient pas acceptés ici, souvent à cause de leurs pouvoirs, qui y finissaient leurs vies. Je n'arrivais pas à croire que j'allais fuir là-bas avec ces étrangers qui étaient peut-être pour certains des meurtriers. Mais le jeune homme avait raison sur un point : ils étaient le plus proches de ce que je pourrais avoir d'une famille et d'êtres semblables à moi.

Je franchis le miroir trouble et me cachait immédiatement dans un angle du couloir en me collant au mur lorsqu'un groupe de trois soldats effectua une ronde quelques mètres devant moi. La surveillance avait été renforcée. Et si quelqu'un se doutait de ce que j'étais en train de faire à l'instant même ? Et si le Prince ne faisait finalement que me piéger ? M'étant de côté mes questionnements je commençai à avancer. Je réussi à remonter jusqu'au premier étage hors des sous-sols où se trouvait notre dortoir. Je jetai des regards incessants à l'heure, certaine que je n'arriverai pas au rendez-vous dans les bons temps.

Je m'avançai d'un pas dans un couloir, hors d'haleine, lorsqu'une main brutale me plaqua contre le mur écrasant ma poitrine et mon visage contre la tapisserie d'époque.

-Les mains plaquées contre le mur ! Qui êtes-vous ?

Je crus lâcher un sanglot en reconnaissant la voix de celui qui me maintenait fermement contre le mur. Mon frère avait une poigne que je ne connaissais pas de la sorte, du moins qu'il n'avait jamais utilisé contre moi. Je grimaçai et parviens tout juste à lui révéler mon identité tellement ma joue était serrée contre le mur. Il me retourna aussi vite qu'il m'avait plaquée contre le mur et me scruta en remontant la capuche sur ma tête. Il m'étudia sous tous les aspects pour être bien-sûr que je disais la vérité. Finalement il baissa son arme qu'il braquait jusqu'alors sur ma poitrine et me sermonna :

-Tu es folle ? Si ça avait un autre que moi, on t'aurait abattu sans hésiter.

-Je dois fuir.

-Tu n'iras nulle part, retourne dans ton dortoir.

Je fronçai les sourcils mais n'eut rien le temps de dire.

-Tu parles à qui Gondor ? demanda quelqu'un en arrière que je n'avais pas encore remarquée.

Mon frère se tourna et répondit que c'était une demoiselle qui s'était perdue et qu'il s'en occupait. Et il fit exactement ce qu'il avait dit. Sa main s'abattit sur ma pommette droite et je perdis connaissance presque immédiatement.