Chapitre 42

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Le monde était sans dessus-dessous.

Tout était à l'envers, tout explosait, tout éclatait. Le monde que nous avions connu venait de céder et tout un tas de bouleversements entraient par cette petite faille. C'était l'implosion. Nous étions arrivés au bout d'un couloir où le mur avait cédé place à un trou béant. De notre perchoir, une quantité monstrueuse d'éléments nous sautaient aux yeux. Des soldats à dos de griffon virevoltaient en lâchant des flèches sur leurs ennemis et il était difficile de reconnaître qui était le soldat de qui. Plus loin, la guerre se jouait au sol. Il nous était impossible de savoir qui prenait le dessus sur qui d'où nous étions.

-Attention !

Je me jetai à terre au dernier moment, sentant un courant d'aire me frôler le bras gauche. On nous prenait en chasse. Le Prince me tendit sa main pour me tirer à l'abris du mur. Je rampais à ses côtés et jetai un coup d'il à l'extérieur, ils s'approchaient.

-Tu n'as pas un tour de magie qui pourrait nous faire disparaître ?

Le Prince me saisit la main avant de fermer les yeux. Ses sourcils se froncèrent sous la concentration. Le sol trembla sous nos pieds, ma main devint moite dans la sienne. L'instant d'après, un pan du parquet se brisa et nous chutâmes à l'étage d'en dessous. La poussière qui entra dans mes poumons me fit avoir une quinte de toux sèche. Je relevai les yeux plus haut, une flèche était plantée à l'endroit où se trouvait nos têtes quelques instants plus tôt. Aaron se releva et me prit par la main en m'intimant de courir. Je ne voyais rien devant moi et j'étais obligée de faire pleinement confiance à la tension de son bras sur le mien. Il semblait avancer comme s'il connaissait le chemin par cur.
D'un coup, il s'arrêta et se retourna vers moi. Une lueur soucieuse valsait dans son regard ce qui fit monter la panique au creux de mon estomac.

-Qu'est ce qu'il y a ? Ma voix était toujours rauque.

-Nous devrions peut être parler avant d'aller plus loin.

J'arrachai ma main a sa poigne et fis un pas en arrière. Je n'étais pas sûre de vouloir entendre la suite. Il me prit le visage entre ses mains calleuses et reprit la parole :

- Laisse-moi parler avant de m'interrompre. Je n'ai jamais su agir correctement envers toi. Tu es si compliquée !

Il s'était reculé pour passer une main dans ses mèches désordonnées.

- Au moins c'est franc, on ne peut pas dire que ce soit rassurant.

Il leva sa main en l'air pour me dire de le laisser finir. Il semblait chercher ses mots et sa décontenance était particulièrement étonnante.

-Je ne t'ai pas remarquée immédiatement. Tu te fondais dans la masse, tu ne te faisais jamais remarquer plus qu'une autre. Tu étais d'une banalité déconcertante. Puis, ma mère a commencé à accorder plus d'attention à toi. Naturellement, j'en ai fait de même. Et tout a changé. Je te trouvais en train de rôder dans les couloirs avec un garrache ! Un garrache ! Toutes les autres n'auraient jamais osé s'afficher à côté d'eux. J'ai assisté à chacun des rendez-vous avec ma mère et tu étais celle qui détonnait à chaque fois. J'ai compris à cet instant que tu voulais seulement paraître banale mais tu n'avais rien de tel. A partir de ce moment, il m'était impossible de penser à autre chose qu'à toi.

Il s'arrêta, reprenant son souffle. Il me perçait de ses magnifiques yeux couleur de jade.

- Ma mère a essayé de t'évincer et je ne sais même pas si tu t'en es rendu compte. Et puis une quantité impressionnante de catastrophes provenaient toujours autour de toi ! Tu les attirais les unes après les autres. Malgré ta volonté de disparaître tu étais en plein dans mon champs de vision. A chaque fois, j'essayais de te sortir de tes histoires discrètement. Tu finissais toujours par te remettre dans le pétrin ! Tout était si compliqué.

Le Royaume de NeldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant