Chapitre 36

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-Mesdemoiselles !

L'enchantement prit fin lorsque les rayons d'un soleil éclatant vinrent éclabousser nos visages. J'ouvris doucement une paupière en retirant le bras de Livia qui tombait sur ma jambe. Une des garraches que j'avais vu hier nous fusillait du regard alors que mon amie brune s'étirait tranquillement.

-Si la Reine apprend ça, vous êtes finies ! cria-t-elle d'une voix nasillarde.

-Elle n'aura qu'à pas l'apprendre, murmura Livia qui sortait tout juste du sommeil.

Elle se redressa doucement avant de rattrouper sa robe, qu'elle revêtait toujours, et de descendre du lit. Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire et souri à la garrache avant de me faire un petit salut et de quitter la pièce. Je ne savais plus vraiment comment nous étions venu nous coucher, ni combien d'heure exactement nous avions dormie mais les premiers effets de fatigue s'emparèrent de moi.

-N'avez-vous pas honte ? Et ces filles sont candidates pour devenir Reine, s'est à s'en faire peur ! Et dire qu'à mon temps...

Elle continua son discours un bon moment tandis que je me laissais happer de nouveau dans le sommeil. Elle ne me laissa pas m'en tirer ainsi et me secoua pour me faire ouvrir les yeux.

-Debout ! Une longue journée nous attend.

-Ah bon ? grommelais-je.

-Nous devons vous faire une nouvelle robe pour une ballade à cheval en compagnie de la Reine et du Prince cet après-midi. Il va nous falloir du temps pour arranger cette mine. Vous auriez pu faire ça à un autre moment ! Quelle idée de...

Je lui coupais la parole peu désireuse d'entendre une énième remontrance :

-On commence quand ?

-Maintenant.

Les autres garraches qui étaient là la veille firent leur entrée dans la pièce et elles me pressèrent pour que je me lave sans réellement attendre mon consentement. Je pris une douche rapide et elles m'assirent ensuite sur une chaise pour s'occuper de mes cheveux. Une d'elles tenait une assiette de fruits à la main et me la porta. Je piochai quelques grets un kimbouir pendant que les autres tiraillaient mes mèches encore humides. Elles m'enfilèrent ensuite une robe d'un rouge éclatant qui laissait une bonne partie de mes jambes découvertes. Elle était plus longue derrière et légère. Mon dos était largement découvert et une tresse coiffé-décoiffé trônait dans mes cheveux. Quelques feuilles rouges soulignaient la beauté de la coiffure et j'avais l'impression de sortir d'un rêve.

Je restais encore quelques instants dans la pièce à attendre que le moment soit le bon. Cette chambre m'était à la fois étrangère et chaleureuse. Je l'avais découvert plus tôt dans la journée d'hier lors de ma première préparation. La décoration était sophistiquée mais dans des tons simples, impersonnelle mais adéquate. Après tout, je n'étais pas ici chez moi. La suite, puisque je ne pouvais le nier il en s'agissait bien d'une, était composée d'une chambre spacieuse avec nombre de plaid au tissus délicats et coussins moelleux. Il y avait une coiffeuse avec un miroir outrageusement éclairée mais rien n'était comparable à la salle de bain. Cette dernière étincelait d'un coin à l'autre. Une baignoire si grande qu'elle aurait pu accueillir plusieurs dizaines de Candidates régnait dans un des angles. Une cascade s'échappait par le mur pour couler jusqu'à moi lorsque je me prélassais à l'intérieure. C'était un luxe savoureux et indécent.

Je remerciai les jeunes garraches qui avaient l'air plutôt fière du résultat et hésitai quelques secondes avant de sortir de ma chambre. Cette tenue était assez provoquante mais c'était tout à fait l'idée qui régnait en moi depuis la veille au soir. Je sortis puis descendis les grands escaliers principaux. Ma robe trainait sur les marches derrière alors qu'elle laissait mes jambes apparentes devant. Le Prince se tenait en bas des marches en pleine conversation avec la blonde du repas qui voulait faire plus de voyages pour l'Education.

Le Royaume de NeldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant