3 - Le Domaine

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Depuis la cabine du téléphérique, l'on disposait d'une vue imprenable sur la vallée de Carnégie. Des lignes étoilées partaient du centre et montaient sur les flancs de la vallée, arborant une multitude de couleurs clignotantes. Les lumières de la ville se mariaient avec harmonie aux décorations festives, illuminant les fêtes de fin d'année.

Néanmoins, aux yeux des passagers, le spectacle ne se déroulait pas dans la vallée. Il siégeait dans les hauteurs, à deux mille six cent mètres d'altitude, où les lueurs du vaste complexe Archanger commençaient à percer malgré un léger voile de neige.

De grandes constructions se dessinaient là-haut, au sommet de la montagne, notamment un immense édifice de verre et de béton suspendu aux falaises par des arches de métal, à la fois moderne et monumental, éclairé par de puissants projecteurs.


Au dehors, la température avait progressivement décru depuis la tombée de la nuit, en passant sous la barre négative, c'est pourquoi la neige ne parvenait à tomber que sous la forme d'une poudre givrée, constituée de cristaux très fins, emportés par de régulières rafales de vent.

A l'intérieur de la cabine, les passagers ne ressentaient pas le froid. Il s'agissait de nacelles réservées à l'usage de la famille Archanger, chauffées, sécurisées, et dotées d'un confort certes rudimentaire mais bien supérieur aux nacelles empruntées par les skieurs. Pour l'occasion, le plancher et les parois avaient même été couverts de velours rouge.

La cabine comptait cinq passagers en plus du vigile qui veillait au bien être des invités, muni d'un émetteur récepteur avec lequel il communiquait sur le bon déroulement des trajets. Il y avait le fils aîné du maître du domaine, Julian Archanger, accompagné du quatuor composé de Mark, Tristan, Karim et Noa.

Depuis qu'ils étaient montés à bord, il ne s'était pas écoulé plus de quelques minutes, mais cela avait suffi à Julian Archanger pour s'attirer les bonnes grâces de toute la bande. Même Noa, la plus réticente au début, semblait amadouée, changeant diamétralement d'attitude envers l'aîné des enfants Archanger.

  – C'est totalement délirant ! s'exclama-t-elle en désignant le luxueux complexe résidentiel, à la fois impressionnée mais également pour faire la conversation. Et tout ça appartient à votre père ?!

Julian répondit sans prétention, à l'image de l'attitude qu'il affichait depuis qu'il les avait rencontrés dans l'embarcadère.

  – Seulement le « complexe », en réalité... dit-il de sa voix grave et posée. L'Observatoire, en haut, sur le glacier, est la propriété de l'université. On dit souvent que mon père l'a construit, mais il a juste participé au financement.

Soudain, Julian s'interrompit en portant la main à sa propre joue, en indiquant par mimétisme à Noa de l'imiter.

  – Pardon, s'expliqua-t-il, vous avez... un cil, sur la pommette. Là...

Il avança la main vers elle, puis la retira, se refusant à l'effleurer. Noa un peu surprise réagit en émettant un petit rire. Elle s'épousseta elle-même la joue, d'un geste furtif, non dénué de trouble. Sa peau foncée avait légèrement rosi.

  – Ici ?
  – Non, juste... plus haut. Vous savez ce qu'on dit ? Vous devez d'abord faire un vœu.

Mais Noa avait trop rapidement chassé le cil responsable de son émoi pour cela.

  – Trop tard... dit Julian.
  – C'est pas grave. De toute façon, les vœux, ça ne se réalise pas... !
  – Vous croyez ?

Tristan interrompit ce petit jeu entre les deux jeunes gens en accablant une nouvelle fois Julian Archanger de ses remarques.

L'Avènement de l'Astre Noir - Les Flammes EternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant