13 - Conciliabule

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Le retour de la troupe avait été accueilli avec grande joie dans le dôme. Les Güunars s'étaient empressés de couvrir leurs pairs de soins divers. Les terriens de leur côté éprouvaient une satisfaction plus grande encore de retrouver la chaleur et l'hospitalité de cet oasis qui faisait mine de paradis dans le désert polaire.

Le temps de se débarrasser de leur barda, Noa, Tristan et Karim s'étaient réunis avec Mark et Keira dans leur case.

Noa avait étendu ses longues jambes ainsi que ses pieds dans une cuvette naturelle du sol, dans laquelle on avait versé de l'eau chaude. Des volutes de vapeur en montaient, tandis que la jeune femme savourait la chaleur de ce bain de pied sans penser à autre chose.

Tristan prenait également soin de lui, mais d'une autre manière : sa peau de nordique avait souffert à cause du froid. Il s'enduisait le visage d'un baume artisanal fourni par les Güunars, qui n'était pas sans lui attirer les remarques caustiques de ses camarades.

  – Si tu te voyais, mon pauvre ! lui lança Noa. Il te manque plus que les rondelles de concombre !
  – Tu peux parler, avec tes grands pieds enfumés !
  – On va encore parler de mes grands pieds ? riposta Noa en exhibant ses longues jambes dénudées à la peau noire. Tu fais une fixation, mon pauvre. Pourtant ils sont loin de menacer ton 46 fillette !

Seul Karim semblait relativement préservé physiquement, lui qui pourtant était le plus sédentaire de tous dans ses habitudes terriennes. Ni ses livres ni ses ordinateurs ne semblaient lui manquer, il était totalement accaparé tant par l'exotisme que les enjeux plus dramatiques de leur invraisemblable situation. Il compensait la fatigue physique par une volonté et une motivation de tout instant.

Les deux vigiles Archanger, en revanche, n'étaient pas présents dans la case : ils avaient tenu à rester à l'extérieur, dans un poste avancé des Güunars situé à quelques heures du dôme, avec d'autres membres de la communauté chargés de surveiller d'éventuels mouvements malveillants dans la plaine.


Karim s'installa finalement dans l'une des structures en bambous qui leur servait de siège, en formant un triangle avec Mark et Keira au centre de la case. Il entreprit de leur faire l'exposé de leur périple.

  – On a mis plus longtemps que prévu, dit-il, c'est notre faute, on tenait pas le rythme des Güunars. Il a déjà fallu gagner les montagnes au sud, ce qui n'était pas simple, et une fois là bas c'est devenu vraiment dur.
  – C'est rien de le dire ! glissa Noa.

  – Les Güunars nous ont amené dans un passage, une sorte de gorge, à l'endroit où ils prétendent nous avoir trouvés, poursuivit Karim. Seulement, la piste s'arrêtait là : impossible de savoir comment on avait pu échouer à cet endroit, et tout autour, c'était bien trop escarpé pour nous. Un groupe est allé plus loin. Mais quand ils sont revenus, ils sont restés très vagues. Apparemment, ils n'ont pas trouvé de voie vers chez nous, et plus inquiétant, pas la moindre trace de notre passage.

  – Aucune piste ? l'interrogea Mark avec inquiétude.
  – Rien d'étonnant à ça, intervint Noa. T'imagine pas ce que c'est là-bas. L'enfer total. Nos traces ont probablement été effacées par le vent ou la neige.
  – Ou les Güunars se sont trompés de lieu, dit Tristan. Ces montagnes sont escarpées et toutes similaires. C'est facile de se perdre.

  – Il aurait fallu chercher bien plus loin, dit Karim, presque sur un ton de reproche. Mais ils ont voulu faire demi-tour.
  – Parce qu'on allait finir congelés ! se défendit Noa.
  – Qu'est-ce que ça veut dire alors ? s'inquiéta Mark. Qu'on peut pas rentrer ?

L'Avènement de l'Astre Noir - Les Flammes EternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant