19 - A l'Origine

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Terres Australes
An 5999 de l'Équilibre

Dans le ciel des Terres Australes, Shaggan dardait les plaines blanches de rayons orangés, en dépit de sa faible inclinaison à l'horizon.

Au beau milieu de ce désert de glace, se dressait une petite fortification, dont les parois épaisses s'étoilaient en dents de scie vers l'extérieur, alternant des parties minérales et des segments de glace condensée.

Il s'agissait d'une colonie minière de Landers, appartenant à la tribu des Mahhoris de Quaterlance, connus tant pour leur sens des affaires que leur instinct d'exploration. La colonie comptait seulement quelques familles, une centaine individus environ.

Au centre de la fortification, un derrick de quinze mètres de haut avait été érigé, à l'intérieur duquel s'élevait une flamme bleue intense, au point qu'il était difficile de la fixer du regard plus de quelques secondes. Le derrick lui-même était de construction minérale, et son sommet soutenait un rocher suspendu, que la flamme bleue chauffait jusqu'à le faire rougir et le morceler de fissures.

Entre les parois fortifiées et le derrick, dans l'espace limité qui leur servait de refuge, les Landers œuvraient à des activités majoritairement domestiques ou minières. Des igloos les abritaient, un réseau de canalisations permettait de distribuer les extractions gazeuses souterraines dans ces habitats sommaires pour leur fournir l'énergie nécessaire.

La majeure partie de l'espace était occupé par une serre, chauffée par cette source de chaleur, à l'intérieur de laquelle s'élevaient des massifs de plantes léguminères. Seule la précieuse combinaison végétale et minérale des plantes leur permettait de croître dans des contrées aussi froides et stériles que les terres du grand sud.


Au dehors, sur la muraille crénelée de la fortification, deux Landers montaient la garde, armés de lances et vêtus de fourrures.

Soudain, l'un d'eux lança un cri d'alerte. Les Landers de la colonie se tournèrent aussitôt dans sa direction : il pointait l'horizon du doigt.

Au loin, seule au milieu de la plaine glacée, une silhouette approchait.

On accueillit l'étranger en accord avec les lois de l'hospitalité Mahhori : tant qu'il ne présentait pas de danger, un toit et un repas lui étaient offerts, pour une nuit.

L'étranger était différent des Mahhoris. Ce n'était pas un Lander, il avait une peau bleue pâle, tannée par la rudesse du climat, mais aisément reconnaissable pour appartenir aux On-thaïnis. En outre, il n'était pas impressionnant physiquement. A l'instar de ses pairs il était plutôt petit, certes résistant, mais ce n'était ni un guerrier ni un mineur comme les Mahhoris. Sans compter qu'il paraissait un peu desséché, caractéristique commune aux grands voyageurs.

Seul trait remarquable entre tous : un pendentif ancien pendait à son cou.


L'étranger mangea gloutonnement tout ce que les Mahhoris lui apportèrent, à l'intérieur d'une cave étroite, située dans les fondations de la muraille. Puis, lorsqu'il eut terminé, une femme Lander l'invita à le suivre.

Il se rendit dans l'igloo le plus spacieux de la petite cité, celui du chef des Mahhoris. Là attendait un solide Lander, d'une cinquantaine d'année, à la peau racornie par le froid et des années d'aventures. Assis au milieu de la pièce, sur un banc de pierre, ce dernier invita l'étranger à prendre place sur le banc lui faisant face. Ce que ce fit le voyageur.

Les coutumes interdisaient aux étrangers de prendre la parole tant qu'elle ne leur avait pas été donnée, et cet étranger là semblait le savoir. Aussi ce fut le chef du village qui parla :

L'Avènement de l'Astre Noir - Les Flammes EternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant