L'Avènement de l'Astre Noir - Les Flammes Eternelles

4 - L'Oasis

Kymberlin - Terres Australes

"Cette soirée pourrait être bien plus amusante que prévu..."

Des lueurs comme des flashs martèlent l'esprit de Mark. Tout se mélange :
"Raconte comment tu as connu Keira Archanger déjà ?"
"Écoute, Russell, je vais pas me battre avec toi..."
"Tu délires ! Pourquoi je toucherais cette météorite !"

Dans la tête de Mark, les flashs s'accélèrent. Soudain, tout devient blanc, le sol s'ouvre sous ses pieds. Il tombe dans un gouffre sans fin.

Mark se réveilla en hurlant. Il avait l'impression d'étouffer. Les images chaotiques de son cauchemar étaient tellement réelles qu'il pensait les avoir vécues. Et pourtant, il luttait désespérément contre cette sensation oppressante.

  – Mark ! Tu es réveillé ! Est-ce que ça va ?!

Ces paroles sortirent le garçon de sa torpeur. Il ouvrit les yeux. Aussitôt, la lumière l'éblouit. Il ne put que distinguer la silhouette de Keira qui accourait dans sa direction au milieu d'un flou aveuglant de lumière diffuse.

  – C'est rien, dit Keira en lui serrant la main. On est tous passés par là... Tout va bien, tu es en sécurité.

Mark avait suffisamment retrouvé ses esprits pour reconnaître Keira Archanger ; mais en dépit du soulagement qu'il ressentait à voir la jeune femme, ce n'est pas sa présence qui focalisa son attention. Dès qu'il eut repris le minimum de lucidité, c'est l'environnement autour d'eux qui le désarçonna.

Ils étaient dans un endroit totalement inconnu. Un sorte de case en bambou, circulaire. Les parois n'étaient pas opaques, au contraire elles laissaient passer une lumière intense, bien que grise et diffuse. Et cet éclairage mettait encore davantage en évidence le caractère étranger du lieu : à commencer par le sol, minéral, très froid, ou encore les rares pièces de mobilier de la case, taillées dans une sorte de pierre feuilletée de la même couleur que le sol glacé.

Sans parler de leurs vêtements, constitués de peaux grossières, rapiécées, tissées entre elles par des fils épais. Sans distinction de genre, Keira et lui portaient tous deux la même tunique constituée de deux pièces rudimentaires.

Le garçon, incrédule, voulut se lever, comme pour s'assurer qu'il était encore dans son cauchemar. Keira l'aida par prudence. Elle fut bien inspirée, car les jambes du garçon étaient encore faibles. Il chancela et la jeune femme dut l'aider à s'asseoir sur sa natte pour lui permettre de se reprendre.

  – Keira... ? gémit-il avec détresse. Qu'est-ce que...
  – Ce n'est rien, c'est normal. Tu n'aurais pas dû te lever si vite.
  – Non, je veux dire... où est-ce que... ?

Mais Mark ne laissa pas à la jeune femme le temps de répondre à cette question. Des images, quoique fragmentaires, lui revenaient.

  – Attends... Je me souviens... dit-il.

Il éprouva des difficultés à parler en évoquant ces souvenirs incomplets, sa poitrine se serrait.

  – L'avalanche... ces espèces de... créatures, ces monstres ! Nous avons... j'ai cru que j'étais mort !
  – Je sais, répondit Keira d'une voix enrouée par l'émotion. Ce qu'on a vécu est juste... impossible. On a tous cru mourir. On aurait dû mourir.

  – Noa, Karim, Tristan ?! s'inquiéta brusquement Mark.
  – Tes amis vont bien, rassure-toi.

Mark se sentait un peu mieux. Pour autant, ses bribes de souvenirs continuaient à affluer, encore qu'il ne sût pas vraiment s'ils étaient - si seulement ils pouvaient être - réels.