Vallée de Carnégie
Au-delà de l'Observatoire, à plus de trois mille mètres d'altitude, au coeur des Alpes, culminaient les plus hauts sommets du Cirque de Carnégie.
Un glacier aux neiges éternelles s'étendait dans cette zone montagneuse : il allait depuis l'observatoire jusqu'aux deux sommets du Cirque, le Pic de Morgon et l'Aiguille Blanche, pour continuer au-delà, de l'autre côté de la vallée.
Situé précisément entre le Pic de Morgon et l'Aiguille Blanche, le Col de la Cordée permettait de franchir le glacier, de redescendre sur la vallée voisine ; pour cela, encore fallait-il parcourir ses étendues glaciales, hérissées de pointes et de crevasses.
Au milieu de l'étendue aride du glacier, se dressait une crête rocheuse constituant une étape nécessaire vers le Col de la Cordée, car ouvrant sur le seul chemin praticable. A cet endroit, un refuge de montagnards avait été construit. Il ne servait le plus souvent qu'aux têtes brûlées et aux amateurs confirmés d'alpinisme, mais pendant des années, les grimpeurs de la région avaient toujours veillé à ce qu'il demeure en bon état, sachant qu'il avait de nombreuses fois au cours de son existence sauvé la vie d'imprudents.
Et ce soir-là, sous une lune assombrie par une tache noire qui donnait l'impression de la dévorer de l'intérieur, le chalet brillait de tous ses feux, illuminé par de nombreuses flammes.
Ce n'étaient pourtant pas des grimpeurs qui l'occupaient, mais plusieurs dizaines d'étrangers, vêtus de capes épaisses et armés de longs bâtons métalliques.
Tous affichaient le même signe sur le front : une sorte d'étoile à sept branches, des branches courbées, en partie enroulées sur elles-mêmes, formant un Vortex.
Ces individus étaient en réalité des Moines Palatins... Et s'ils se trouvaient en cet endroit précis, cette nuit là, si loin de chez eux, ce n'était pas par hasard : ils honoraient un rendez-vous contracté de longue date.
Plus de dix moines montaient la garde à courte distance du refuge, armés de leurs longs bâtons et s'éclairant au moyen de torches enflammées. D'autres se tenaient plus loin, répartis autour de la crête, éclairés par les mêmes torches. Le reste d'entre eux gardait la porte du refuge lui-même.
A l'intérieur, se trouvait le guide spirituel et le supérieur hiérarchique à la fois de cette cohorte, qui attendait dans la frustre mais robuste construction de pierre et de bois. Ce personnage se nommait Vandemer, et détenait le titre d'Apostol parmi les siens.
L'Apostol se leva à l'entrée dans le refuge de trois de ses lieutenants. Il portait une cape Ambre par dessus sa fourrure, tandis que ses lieutenants affichaient des capes Pourpres. Ces derniers répondaient quant à eux au grade de Templar, ce qui signifiait qu'ils avaient chacun une escouade de guerriers sous leurs ordres.
Entouré par les Templars aux capes Pourpres, un autre individu pénétra en même temps dans la pièce principale du refuge. Celui-là n'avait rien en commun avec eux. Il était grand, plus grand que les moines, avait des cheveux blancs en dépit de sa jeunesse, et la peau excessivement claire, ainsi que des yeux d'un bleu pâle qui laissait percevoir le rouge de ses vaisseaux sanguins.
Les Moines lui avaient donné une de leurs fourrures, si bien qu'il entra vêtu un peu comme eux, à cette différence qu'il ne possédait pas leur bâton et qu'il arborait en revanche une sorte de singe au regard malsain sur son épaule.
Le nouvel arrivant, celui aux caractéristiques d'albinos donc, s'avança jusqu'à l'Apostol. Il tendit la main pour se présenter et déclara :
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L'Avènement de l'Astre Noir - Les Flammes Eternelles
FantasyDepuis six millénaires, le monde de Kymberlin connaît une ère de paix et de prospérité que l'on croyait pouvoir durer à tout jamais. Mais lorsque l'Astre Noir vient recouvrir Shaggan, en faisant trembler les fondations même de l'Équilibre, les crain...