CHAPITRE 3: Parmi les vivants

442 19 7
                                    


        -" Il m'a embrassé!!!!
C'est notre deuxième rendez-vous et il m'a déjà embrassé. Et c'est pas le mieux: il m'a dit que ça fait longtemps qu'il m'avait remarqué et qu'il était fou amoureux de moi.
Ça fait drôle, c'est si rapide. En même temps ça fait un petit moment qu'il m'a tapé dans l'oeil à moi aussi. Il m'a dit qu'il voulait qu'on soit un couple.
J'ai accepté !!!
Il y a des moments où il ne faut pas réfléchir et il faut foncer. "

( Journal de Victoria. Extraits)

************************************************************************

Le Sherif O'Donnell avait passé deux bonnes heures à expliquer à Victoria ce qui s'était passé ses cinq dernières années, tout en regardant les informations qui leur révélaient, en direct, que Victoria était loin d'être un cas à part.

Ils apprirent ainsi la mort de Tony Stark, ainsi que celle de Natasha Romanoff. Il s'était sacrifiés pour sauver l'humanité.

-" C'est triste." dit le Sherif. -" Ils sont mort en héros."

-" Pour moi, c'est un juste retour des choses." dit sèchement Victoria.

-" Aouch. T'es dur." répondit O'Donnell en grimaçant . -" Enfin ma grande, c'est ton point de vue. Loin de moi l'idée de chercher à débattre avec ma cousine que je viens de retrouver après 5 longues années."

Victoria lui en fut presque reconnaissante intérieurement. Il s'était passé cinq ans, mais pour elle, cela n'avait été qu'un bref instant. Et elle avait la sensation que ce qu'elle avait recommencé tout doucement à construire s'était déjà effondré.

-" Bon John, tout ça ne me dis pas ce qu'il faut que je fasse pour récupérer ma maison." dit-elle.

Le Sherif s'enfonça dans sa chaise. Pour lui aussi, c'était un casse-tête.

-" Pour ce coup-là ma grande, on est face à un vrai problème. Techniquement, tu as été déclaré morte il y a 5 ans, comme 4 milliards d'humains sur terre. Officiellement, tu n'as plus aucune propriété. Ta maison appartient à Jerry Jones à présent et, tête de mule comme il est, il ne te la redonnera pas comme ça."

Deborah soupira longuement.

-" John, t'es en train de me dire qu'à part les vêtements que j'ai sur le dos, j'ai tout perdu. Qu'est-ce que je vais faire?"

O'Donnell la regarda, compatissant: -" Hey ma grande. Aux infos, ils ont dit que les gouvernements étaient en train de chercher des solutions pour venir en aide à ceux qui sont de retour. Il va falloir que tu t'armes de patience. En attendant, tu vas venir à la maison. Tu es quand même la fille de mon cousin Mickael, je ne vais pas te laisser comme ça. Avec Betty, on se fera un plaisir de t'accueillir quelques jours à la maison le temps de te retourner, et de voir ce que le gouvernement va mettre en place."

Voilà tout ce qui lui restait à faire, attendre. Elle détestait déjà cette perspective.

************************************************************************

A part Victoria, le Sherif O'Donnell n'avait perdu personne de proche pendant ce que les journalistes avaient appelés "l'Eclipse". Lui et son épouse Betty accueillir Victoria comme si elle était leur propre fille. Ils lui trouvèrent des vêtements de rechange et l'aidèrent à ne pas trop sombrer dans la déprime d'avoir tout perdu.

En à peine 15 jours les gouvernements mondiaux avaient mis en place des centres d'aides pour ceux qui étaient de retour.

Victoria s'y rendit aussitôt. John et Betty étaient adorables, mais elle détestait être une charge pour eux. John O'Donnell avait réussi à récupérer la vieille Dodger des parents de Vicky avant que le nouveau propriétaire ne mette la main sur tous les biens de la famille. Celle-ci put ainsi se rendre au centre d'aide qui se trouvait à la Nouvelle Orléans.

Il y avait un monde fou dans le bâtiment. Des personnes aussi perdues que Victoria qui, du jour au lendemain, s'étaient retrouvés dépossédés de tous leurs biens. Il fallut donc, encore une fois, attendre avec un ticket de passage dans les mains.

L'assistante sociale qui la reçût était entre deux âges, et semblait débordée par la foule qui ne désemplissait pas du centre du matin au soir. Une paire de lunettes posée sur le bout de son nez, elle prit l'identité de Vicky ainsi que toutes les informations nécessaires pour le recensement.

-"Effectivement, madame O'Donnell. Vous faites bien partis des victimes officielles de l'Eclipse dans notre base de données."

- " Bonne nouvelle." conclut Victoria. -" Bon, quand est-ce que je récupère ma maison?"

La travailleuse sociale, posa ses lunettes sur les bureaux et parla calmement de manière à ce que Vicky puisse comprendre toutes les démarches.

-" A l'heure actuelle, nous devons faire face à un problème de taille, madame O'Donnell. Nous avons d'un côté les personnes qui sont revenus, et de l'autre celles qui ne sont jamais partis, qui ont repris le travail des disparus, les maisons et ont construit leur vie. Ce sont leurs biens à présent, et les déposséder est aussi inhumain que de vous laisser sur le côté."

Victoria était désespérée face à cette réponse: -" Ecoutez ma maison était mon gagne-pain. Je cultivais un verger et en vendais les fruits. Du peu que j'ai vu avant de me faire canarder par le nouveau propriétaire, c'est qu'il n'a pris soin de rien."

L'assistance avait entendu ce genre de supplication un nombre incalculable de fois depuis l'ouverture des locaux, et systématiquement, un sentiment d'impuissance l'envahissait face aux désespoirs des personnes.

-" Sachez madame O'Donnell que je n'ai aucun pouvoir pour vous faire récupérer vos biens. Je suis aussi démunis que vous. La seule solution que je peux vous proposer est une délocalisation."

Elle fit à nouveau quelques recherches sur son ordinateur, demanda à Victoria ses diplômes. La rouquine lui expliqua en détails ses études, se contentant de dire que par la suite, elle avait travaillé quelques années pour un organisme d'état. Elle se garda bien de dire que cet organisme était le SHIELD au temps où Hydra avait la main mise sur elle. heureusement pour Victoria, l'assistance sociale en face d'elle était tellement surchargée de travail qu'elle ne chercha pas à rentrer dans les détails. Après une légère attente, son imprimante cracha un papier administratif, que la travailleuse sociale donna à la jeune femme.

-" Voilà. En fonction de votre situation familiale et de votre expérience, vous êtes à présent délocalisé à New York. Vous devrez vous y rendre et vous présenter au Centre d'aide aux victimes de l'Eclipse qui se trouve à Brooklyn. L'adresse est indiquée sur le papier. Une fois là-bas, on vous attribuera un travail et un logement."

-" Mais je ne veux pas quitter la Louisiane." murmura Victoria au bord des larmes.

-" Je suis sincèrement navré, madame O'Donnell. C'est tout ce que je peux faire pour vous." Puis dit d'un ton, croyant la convaincre. -" En général, nous évitons de déplacer les familles. Mais vous, vous êtes seules. A part un cousin, vous n'avez personne ici. Beaucoup de personnes rêveraient d'être à votre place et de recommencer une nouvelle vie."

Vicky prit le papier la mort dans l'âme et quitta le centre. Un sentiment profond d'abandon l'envahissait à nouveau.

Elle avait perdu le job de sa vie, l'homme qu'elle aimait, la maison familiale, à présent on voulait la déplacer comme du bétail vers un lieu qu'elle ne connaissait que sur les dires de sa grand-mère, qui était née et avait grandi à Brooklyn.

-" Pff, pourquoi je suis là?." dit-elle tout haut une fois dans sa voiture. Elle en voulait aux Avengers de l'avoir fait revenir. Sa vie n'était qu'une suite de misères depuis tellement d'années.

Le centre évitait de déplacer les familles, mais elle aussi à une époque, elle avait une famille. Un mari certes, mais avant des parents, et aussi des grands-parents vivant tous sous le même toit. Cette époque était une époque heureuse.

A présent elle était seule, et bien seule.

LE PROJET 404Où les histoires vivent. Découvrez maintenant