CHAPITRE 4: Brooklyn

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Madame Rumlow!

La vache! Il en jette ce nom.

Ça fait à peine 15 jours que je lui est dit Oui que me voila déjà marier. Il a fait les papiers à une de ses vitesses, comme s'il avait eu peur que je me rétracte. Il m'a même acheté une petite robe blanche pour l'occasion. Elle m'arrivait au genou, un style assez vintage.

Je rigolais toute seule le matin de mon mariage en me regardant dans la glace. Habillé comme ça, je ressemblais à Mami Do dans les années 40.

C'était un petit mariage à la hâte chez le juge de paix. J'aurais aimé un joli mariage traditionnel, mais bon, Broke m'a dit qu'on n'avait pas le temps. Pourquoi on n'a pas le temps? Aucune idée. Peut-être que son agenda de mission est surchargé et que c'est maintenant ou jamais.

Monsieur Pierce nous a donnés une semaine de congés pour l'occasion. Comme cela, nous avons pu aller voir mes parents pour leur annoncer la nouvelle et qu'il rencontre leur nouveau gendre.

Ils ne sont pas très contents que je me sois marié à la hâte, mais se sont abstenus de tout commentaires devant Broke. Par contre ils m'ont pris à part chacun leur tour. Papa m'a conseillé de faire attention à moi car Broke lui paraissait être un homme malhonnête. Quant à maman, elle m'a carrément dit qu'elle n'avait aucune confiance en lui.

De toute façon ils n'ont jamais aimé mes petits copains quand j'étais chez eux, Broke ne fait clairement pas exception à la règle.

( Journal de Victoria. Extraits)

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John et Betty lui avaient conseillé de rester avec eux. Après tout, la proposition du gouvernement n'était en aucun cas une obligation. Mais Vicky n'avait jamais aimé vivre aux crochets des autres. L'assistante sociale avait surement raison, peut-être était-ce une opportunité de tout recommencé à zéro?

La douche froide arriva dés qu'elle eut posé les pieds dans le Centre d'aide aux disparus de Brooklyn. Ici le travailleur social était beaucoup moins compatissant que celle de la Nouvelle Orléans. Il se contenta de prendre le papier que tenait Victoria dans les mains et de lui donner un tout nouveau papier à remettre au futur employeur de celle-ci, dont l'adresse se trouvait au bas de la page. Puis il hurla un: -"SUIVANT!" par-dessus l'épaule de la jeune femme, sans lui adresser un sourire ou une salutation.

Les nouveaux employeurs de Victoria tenaient un bar minable dans un des quartiers populeux de New York. Elle fut reçue en entretien par l'un des deux. Il ressemblait à une sorte de Byker ventripotent d'une cinquantaine d'années qui portait encore fièrement la coupe mulet comme un porte-étendard en l'honneur du mauvais goût. La rencontre entre les deux s'était avérée mouvementées.

Victoria avait bien remarqué que l'homme la regardait de haut en bas pendant tout l'entretien. Il lui montra ensuite rapidement la pièce où elle allait travailler. Il s'agissait d'un bureau minuscule situé au fond du Bar, ayant pour seule aération une toute petite fenêtre donnant directement sur la rue. Elle vit tout de suite une montagne de paperasse étalée un peu partout dans des cartons et dans la pièce elle-même. Elle se dit de suite qu'elle aurait fort à faire avant de dresser une comptabilité digne de ce nom.

Au moment de partir, Vicky demanda:

-" Le travailleur social du Centre d'aide aux victimes de l'Eclipse m'a dit que c'était vous qui deviez me donner les clés de mon nouveau logement."

A ses mots, le regard de l'homme devint vite lubrique. -" C'est exact ma jolie. Mais d'abord il faudra être gentille avec moi." En disant ses mots, il s'était avancé vers elle et commençait déjà à lui malaxer un de ses seins.

La réaction de Vicky ne se fit pas attendre. Elle saisit un des verres qui trainait sur le comptoir et le brisa sur la tête de l'homme. Elle se souvint que pendant leurs fréquentations, Broke avait eu l'idée de lui donner quelques cours de base de self-défense. Victoria s'en servit pour faire une clé de bras au pervers avant de coller sa tête contre le comptoir.

-" Ecoute-moi bien Ducon, c'est pas que ça m'enchante, mais j'ai pas le choix que de travailler dans ton taudis. Alors maintenant tu me files mes clés, et si tu reposes les mains sur moi, je ferais en sortes de te coller tout le fisc des Etats-Unis au cul, et tu déposeras le bilan avant même d'avoir pu cligner des yeux."

-" Ok ok. Désolé." dit l'homme en lui tendant rapidement un trousseau des clés.

Victoria le relâcha, ce qui eut pour effet de faire tousser l'homme, qui essayait de reprendre un peu son souffle dans l'air vicié de son bar. Victoria entendit soudain un gros rire derrière elle. Elle se retourna et vit un Afro-Américain grisonnant dans la soixantaine qui s'avançait le dos vouté.

-" Bien fait pour toi, Jay. Ça t'apprendra à embêter les jeunes filles." puis se retournant vers Victoria. -" Moi je suis Jackson. Je suis son associé. Veuillez l'excuser, Jay est un crétin, mais il vous fichera la paix vous inquiétez pas."

Il prit directement les clés des mains de son associé et les donna à Victoria. Puis il l'accompagna jusqu'à son appartement, qui se trouvait à 50 mètres à peine du bar.

-" Voilà, c'est au dernier étage. Je ne vous accompagne pas, comme vous le voyez, mes jambes ont du mal à me porter depuis un petit moment. Mais mettez-vous à l'aise."

-" Merci beaucoup." finit par dire Vicky.

-"Oh c'est peu de chose." dit le vieil homme débonnaire. -" Comme je vous ai dit, Jay est un crétin qui sait pas se retenir. Mais il a été un des premiers dans le quartier à se porter volontaire pour venir en aide aux victimes de l'Eclipse. Et puis, votre aide va nous être précieuse au bar. Je ne suis pas très doué pour la paperasse, et Jay c'est encore pire. Si on peut s'aider mutuellement."

-"Je ferais de mon mieux." dit Victoria en ébauchant un sourire.

Le vieil homme fit demi-tour et retourna au bar. Victoria, quant à elle, n'avait qu'une petite valise, la totalité de ses biens. Elle monta jusqu'au dernier étage et tourna la clé dans la porte.

L'appartement était un meublé uniquement composé d'une grande pièce où se trouvait une kitchenette, une table, deux fauteuils avec une vieille télévision. Près de la fenêtre se trouvait un lit deux places qui mangeait pratiquement le quart de la pièce. Une minuscule salle de bain composée d'une douche, d'un lavabo et de toilette jouxtait la pièce.

L'endroit était très poussiéreux et très sombre. Victoria découvrit que le manque de lumière était dû aux fenêtres qui n'avaient pas dû être nettoyées depuis plusieurs années.

Elle finit par s'assoir sur le lit en soupirant, complètement démoralisé par la tournure qu'avait prise sa vie.

-" Quel vie de merde!" finit-elle par murmurer.

LE PROJET 404Où les histoires vivent. Découvrez maintenant