Le chant des oiseaux. Le bruissement des feuilles dans les arbres verdoyants. La fraîcheur de la brise. Il ne manquerait plus que les anges pour se croire au paradis. Un paradis dans lequel le sang coulera bientôt.
C'est bien pour cette raison que la ville s'appelle Scarlet Hollow, non ?
Écarlate, la couleur de la mort, du danger, de la passion.
Le cœur battant, j'admire la porte qui me fait face. Elle semble ouvrir sur un tout nouveau monde. Mon nouvel univers pour ces prochains jours. Un nouveau décor pour une nouvelle comédie.
— Alors, c'est dans ce taudis qu'on va habiter ? s'exclame-t-il.
Il, alias mon mari pour les prochaines semaines.
Je suis pourtant sûre qu'il n'a jamais côtoyé meilleur logement que celui dont nous venons de pousser la porte. Une maison chic de banlieue, peu ou proue similaire à celles qui peuplent la rue.
Et dire que j'ai dû supporter cet homme tout au long du trajet ! Excepté que dans la voiture, il la ramenait moins.
Le pire, c'est qu'il continue :
— On dirait des meubles tout droit sortis d'un catalogue.
Ce n'est pas « on dirait ». Je mettrais ma main au feu que les publicitaires prennent les photos de leurs nouveaux articles de décoration dans des maisons comme celle-ci, aux murs beiges, aux grandes baies vitrées et à l'odeur de neuf. Elle semble tellement... parfaite. Je hais ce genre de demeures impersonnelles, froides et vides, qui brillent par leur bar dans la cuisine qui ne servira jamais, hormis lors de soirées entre amis, amis que je n'ai pas ; ou encore, parées d'un immense jardin qu'il est difficile d'entretenir alors que la moindre abeille m'effraie et que le moindre bout de terre dans mes ongles me rend folle. Mais bon, il servira probablement pour les enfants que, là aussi, je n'ai et n'aurai pas...
En somme, ce n'est clairement pas la maison que j'aurais choisie. Mais bon, je n'avais pas mon mot à dire.
Pendant que je m'aventure dans le salon, où trônent un canapé d'angle ainsi qu'une télévision bien trop large, indispensables pour survivre, l'idiot qui m'accompagne passe ses mains dans chaque recoin de ce nouvel espace avec une fascination perverse.
Pourquoi certains hommes éprouvent-ils le besoin de mettre leurs doigts partout ?
À peine ai-je posé un œil sur l'escalier qui mène à l'étage que cet abruti se tourne vers moi.
— Tu n'as pas décroché un mot depuis notre rencontre. Tu es muette, ou c'est simplement que je t'impressionne ?
Je lève les yeux au ciel, sans répondre. Le jour où il m'impressionnera n'est pas encore arrivé... Pour l'instant, c'est juste son arrogance qui me laisse pantoise.
Dans mon dos, la porte se referme. Je fais volte-face pour croiser le regard des deux personnes qui ont partagé le trajet avec nous, celles-là mêmes qui sont à l'origine de notre présence ici.
— Bienvenue à Scarlet Hollow, M. et Mme. Spike ! s'exclame Paul.
C'est la première fois que je le vois sans son costume et sa cravate. Il a visiblement pris son rôle très au sérieux. Qu'est-ce que je dis ? Paul est toujours sérieux. En tant que soi-disant ami venu nous aider pour le déménagement, il porte un simple tee-shirt et un jean. J'ai une préférence pour son look habituel de premier de la classe. Le style décontracté ne lui va pas du tout.
Cependant, il est déjà mieux habillé que l'autre à côté de moi. Avec son blouson en cuir vert foncé et ses lunettes de soleil, il a fière allure... Pourvu que je ne sois pas obligée de me balader avec lui dans le quartier !
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Mr. & Mrs. Spike (Tome I)
RomanceAmanda et Erik ne se connaissaient pas avant d'emménager ensemble dans la ville paisible de Scarlet Hollow. Mais ils ont désormais un but commun : tuer Scott Benson, leur voisin. Si Erik excelle dans l'art d'assassiner efficacement, proprement et di...